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Silvio Berlusconi, l'éternel revenant de la politique italienne

Silvio Berlusconi, dont l'histoire des 25 dernières années se confond avec celle de l'Italie, est un éternel revenant qui, à 81 ans, retrouve le devant de la scène après avoir pourtant été enterré politiquement un nombre incalculable de fois.

"Berlusconi a 12 ou 13 vies", a récemment reconnu Matteo Renzi, le chef du Parti démocrate (PD, gauche).

Certes, le sourire du "caïman", l'un de ses nombreux surnoms, s'est quelque peu figé et les opérations de lifting ont laissé des traces sur un visage au maquillage "épais comme le parquet", selon un éditorialiste de La Repubblica.

Qu'importe ! "Je suis comme le bon vin, en vieillissant je m'améliore et maintenant je suis parfait", a-t-il twitté. Et interrogé sur son éventuel successeur, il a assuré: "Ce n'est pas facile de trouver un génie, mais comme je vivrai jusqu'à 120 ans, je le trouverai".

L'âge oblige, il a renoncé aux réunions de campagne et aux bains de foules, assurant qu'il touchait plus de monde en multipliant les interventions sur les radios, télévisions et journaux, dont bon nombre lui appartiennent.

Ce qui n'empêchera pas ce fin politique, privé de plateaux télévisé pour cause de "silence électoral" obligatoire à partir de vendredi soir, d'aller se promener mine de rien samedi sur le front de mer à Naples, alors que la bataille est encore incertaine dans le Sud.

Fils d'un employé de banque milanais, né le 29 septembre 1936, Silvio Berlusconi a commencé à travailler comme animateur sur des bateaux de croisière, où il chantait et racontait des histoires drôles.

- Irrésistible ascension -

Armé d'une licence de droit, il s'est lancé dans les affaires, entamant une irrésistible ascension qui soulève des interrogations quant à l'origine de sa fortune, sur laquelle il est toujours resté flou.

Mais c'est surtout dans le secteur de la télévision que s'est exprimé le génie créatif de ce grand communicant, qui a choisi dans les années 1980 de saupoudrer ses programmes de femmes dénudées pour plaire au grand public.

La holding de la famille Berlusconi, Fininvest, compte trois chaînes de télévision, des journaux, les éditions Mondadori et bien d'autres participations.

Fan de football, Silvio Berlusconi a également présidé pendant 31 ans l'AC Milan, qui a remporté cinq fois la Ligue des champions sous son ère, avant de la vendre en avril 2017 à des investisseurs chinois.

En 1994, affirmant redouter une prise de pouvoir de la gauche, il s'est lancé en politique et créé son parti Forza Italia, appuyé par son empire médiatique. Après une campagne-éclair, un modèle de marketing politique, il est devenu chef du gouvernement, mais a été laché par ses alliés au bout de sept mois.

Il est revenu en 2001 pour cinq ans, un record depuis l'après-guerre. Battu d'un cheveu en 2006, il a pris sa revanche deux ans plus tard, s'installant aux commandes pour la troisième fois. Mais en novembre 2011, il a dû céder à l'économiste Mario Monti, sous les huées, les rênes d'une Italie en proie à une grave crise financière.

- 'Bunga-bunga' -

Toujours sans hériter politique, il a ressurgi sur la scène politique en raflant un tiers des voix aux législatives de février 2013, contraignant la gauche à une alliance compliquée avec celui qu'elle a pourtant toujours considéré comme son ennemi historique.

Mais quelques mois plus tard, la longue litanie de ses déboires judiciaires a abouti à une première condamnation définitive, pour fraude fiscale: un an de prison --effectué sous forme de travaux d'intérêt général dans une maison pour personnes âgées-- et six ans d'inéligibilité.

Son goût assumé pour les jolies femmes, y compris des call-girls, a explosé avec le "Rubygate" et ses soirées "bunga-bunga". Il a été acquitté de prostitution de mineure mais reste en procès pour subornation de témoin dans cette affaire.

Père de cinq enfants issus de deux mariages et plusieurs fois grand-père, en couple depuis 2011 avec une femme de près de 50 ans plus jeune que lui, Silvio Berlusconi suscite chez ses compatriotes l'adulation inconditionnelle ou la haine viscérale.

Hyperactif, victime d'un malaise en 2006, il s'était fait implanter un stimulateur cardiaque, mais en juin 2016, il a dû subir une opération à coeur ouvert.

Qu'importe, l'"immortel" reste à la tête de ses troupes. Et à défaut de retrouver le pouvoir en cas de victoire, il se délecte à l'avance d'un rôle de chef d'orchestre en coulisses.

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