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Silvio Berlusconi, l'éternel revenant, perd la main à droite

Silvio Berlusconi, éternel revenant de la politique dont l'histoire des 25 dernières années se confond avec celle de l'Italie, a perdu dimanche pour la première fois le leadership de la droite.

Certes la coalition de centre droit est arrivée en tête avec quelque 37% des voix, mais avec seulement 13,5% des suffrages, son parti Forza Italia (FI, centre droit) est désormais derrière La Ligue (extrême droite) de Matteo Salvini, formation eurosceptique et anti-immigration. Et l'ex-Cavaliere n'est plus maître du jeu.

"Nous avons été pénalisés parce que je n'ai pas pu me présenter en personne", a déclaré dimanche à ses collaborateurs le vieux magnat des médias, selon des propos rapportés par la presse.

"C'est le mot fin sur l'époque de Silvio Berlusconi", écrit lundi le quotidien La Repubblica, qui l'avait cependant déjà enterré plusieurs fois à tort.

Celui qui s'était présenté à Bruxelles comme le seul rempart contre les populistes et les forces anti-euro, aura donc perdu son pari.

En dépit des scandales, de gaffes devenues légendaires et des procès à répétition, l'ancien chef du gouvernement avait pourtant réussi un flamboyant retour sur le devant de la scène politique à 81 ans, malgré une opération à coeur ouvert l'an dernier.

Certes, le sourire du "caïman", l'un de ses nombreux surnoms, s'est quelque peu figé et les opérations de lifting ont laissé des traces sur un visage au maquillage "épais comme le parquet", selon un éditorialiste de La Repubblica.

- Irrésistible ascension -

Age oblige, il avait renoncé aux réunions de campagne et aux bains de foules, assurant qu'il touchait plus de monde en multipliant les interventions sur les radios, télévisions et journaux, dont bon nombre lui appartiennent.

Fils d'un employé de banque milanais, né le 29 septembre 1936, Silvio Berlusconi a commencé à travailler comme animateur sur des bateaux de croisière, où il chantait et racontait des histoires drôles.

Armé d'une licence de droit, il s'est lancé dans les affaires, entamant une irrésistible ascension qui soulève des interrogations quant à l'origine de sa fortune, sur laquelle il est toujours resté flou.

Mais c'est surtout dans le secteur de la télévision que s'est exprimé le génie créatif de ce grand communicant qui a saupoudré ses programmes de femmes dénudées pour plaire au grand public.

La holding de la famille Berlusconi, Fininvest, compte trois chaînes de télévision, des journaux, les éditions Mondadori et bien d'autres participations.

Fan de football, Silvio Berlusconi a également présidé pendant 31 ans l'AC Milan, qui a remporté cinq fois la Ligue des champions sous son ère, avant de la vendre en avril 2017 à des investisseurs chinois.

- 'Bunga-bunga' -

En 1994, affirmant redouter une prise de pouvoir de la gauche, il s'est lancé en politique et a créé FI, appuyé par son empire médiatique. Après une campagne-éclair, un modèle de marketing politique, il est devenu chef du gouvernement puis a été lâché par ses alliés au bout de sept mois.

Il est revenu en 2001 pour cinq ans, un record depuis l'après-guerre. Battu d'un cheveu en 2006, il a pris sa revanche deux ans plus tard, s'installant aux commandes pour la troisième fois. Mais en novembre 2011, il a dû céder sous les huées les rênes d'une Italie en proie à une grave crise financière.

Toujours sans héritier politique, il a ressurgi sur la scène politique en raflant un tiers des voix aux législatives de février 2013, contraignant la gauche à une alliance compliquée avec celui qu'elle a pourtant toujours considéré comme son ennemi historique.

Mais quelques mois plus tard, la longue litanie de ses déboires judiciaires a abouti à une première condamnation définitive, pour fraude fiscale: un an de prison --effectué sous forme de travaux d'intérêt général dans une maison pour personnes âgées-- et six ans d'inéligibilité.

Son goût assumé pour les jolies femmes, y compris des call-girls, a explosé avec le "Rubygate" et ses soirées "bunga-bunga". Il a été acquitté de prostitution de mineure mais reste en procès pour subornation de témoin dans cette affaire.

Père de cinq enfants issus de deux mariages et plusieurs fois grand-père, en couple depuis 2011 avec une femme de près de 50 ans plus jeune que lui, Silvio Berlusconi suscite chez ses compatriotes l'adulation inconditionnelle ou la haine viscérale.

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