Accueil Actu

Six nations: ouvrir les yeux ou stagner pour le XV d'Angleterre

En finir avec l'obéissance aveugle. Défaite en Ecosse (25-13) faute d'avoir su s'adapter, l'Angleterre d'Eddie Jones, qui affronte samedi la France dans le Tournoi des six nations, doit apprendre à être souple et alerte mentalement pour progresser.

A Edimbourg, les Ecossais ont porté quelques lames inattendues dans les plaies anglaises: le XV de la Rose, perdu dans ses rucks et hagard au milieu du terrain, ne s'en est pas remis. Incapable de réagir.

Ce premier revers en dix ans contre l'"Auld Enemy" a permis au rugby anglais de faire un constat: il doit jeter ses oeillères.

"L'Angleterre a besoin de joueurs capables de voir quand les choses ne vont plus, mais aussi d'effectuer les changements en conséquence", a jugé le légendaire entraîneur des Lions britanniques et irlandais Ian McGeechan, qui s'était emporté contre le jeu au pied sans variété des Anglais contre l'Ecosse.

La "phase une" du règne de l'Australien a certes été un succès avec 24 victoires en 26 matches et deux victoires finales dans le Tournoi des six nations, mais la "phase deux" se fait attendre.

Jones a redonné confiance à un groupe dévasté après la sortie piteuse de "sa" Coupe du monde 2015 - élimination en phase de poules - et fixé des standards de performance incroyablement élevés tout en demandant à ses joueurs de s'endurcir mentalement. Le choix du "bad boy" Dylan Hartley comme capitaine avait été le symbole de cette période.

"Apprendre à corriger (les problèmes) sur l'instant est la prochaine étape", a confié Jones la semaine dernière. "Cela va avec la progression de l'équipe, et à moins de prendre ce genre de leçons, on n'apprend pas", a-t-il constaté, assurant que son groupe avait "beaucoup appris".

La tâche de Jones pour réussir cette "phase deux" est colossale selon la presse britannique: c'est tout une culture rugbystique à changer. Mais c'est à ce prix-là que l'Angleterre redeviendra championne du monde en 2019.

"Il n'y a encore pas de réponse à l'incapacité congénitale des Anglais à s'adapter à des circonstances imprévues", a fustigé le Telegraph mercredi. "L'une des caractéristiques de cette équipe d'Angleterre est son incapacité à changer sous la pression de ce qu'elle pense qu'elle devrait faire."

- Changer de capitaine ? -

"Il a fallu huit ans à la Nouvelle-Zélande pour apprendre à s'adapter sur le terrain", a argué Eddie Jones, prenant comme souvent les All Blacks, doubles champions du monde en titre (2011, 2015), comme exemple.

"Nous essayons de le faire en quatre, donc c'est un peu plus difficile pour nous. La seule façon d'accélérer le processus est de ne pas dormir. C'est le seul moyen. Ce n'est pas facile. On travaille jour et nuit pour arranger ça. On y arrivera, mais on connaîtra encore ce genre de situation", a concédé le malin technicien.

Pour une partie de la presse anglaise, le secret réside peut-être dans un changement de capitaine. Le fidèle lieutenant Hartley est incertain contre la France: n'est-ce pas l'occasion de voir les plus tactiques Owen Farrell ou George Ford faire un pas en avant ?

"Il n'y a plus aucune nécessité de laisser le brassard à Dylan Hartley", juge le Telegraph. "Jones a gagné la bataille de la force mentale. C'est de conscience tactique dont l'Angleterre a besoin", estime le quotidien.

En attendant, de la pluie est prévue samedi au Stade de France. Et ça, l'Angleterre sait s'y adapter.

À lire aussi

Sélectionné pour vous