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Slovaquie : le ministre de l'Intérieur démissionne après le meurtre d'un journaliste

Le ministre slovaque de l'Intérieur a annoncé lundi sa démission, réclamée dans le contexte de l'assassinat du journaliste Jan Kuciak, espérant par son geste aider le gouvernement de coalition de Robert Fico à survivre.

"Je démissionne du poste de ministre de l'Intérieur et du poste de vice-Premier ministre", a déclaré Robert Kalinak au cours d'une conférence de presse.

"Je crois que par ce geste je contribuerai à la stabilisation de la situation en Slovaquie", a-t-il ajouté.

Son départ était demandé tant par l'opposition et à l'occasion d'importantes manifestations de rue que par un parti membre de la coalition au pouvoir, Most-Hid (centre droit), qui en avait fait la condition du maintien de sa participation au gouvernement.

- Décision du Most-Hid -

La direction de Most-Hid devait se réunir lundi après-midi pour décider si la démission du ministre lui permettait de continuer à faire partie de la coalition.

"Si un autre ministre désigné par le parti (de tendance social-démocrate du Premier ministre Fico) Smer-SD prend l'Intérieur, cela risque de ne pas suffire aux yeux de Most-Hid pour garantir une enquête impartiale sur le double meurtre" de Jan Kuciak et de sa fiancée, a à cet égard dit à l'AFP l'analyste Pavol Babos.

M. Kalinak, lui-même un membre influent du Smer-SD, a souligné qu'il terminerait ses activités en cours avant d'officiellement quitter ses fonctions, sans donner de date précise.

Jan Kuciak, tué par balle en février, avait enquêté sur la corruption et des liens présumés entre des hommes politiques slovaques et des hommes d'affaires italiens soupçonnés d'être liés à la mafia calabraise, la 'Ndrangheta.

"Mon principal objectif est d'éclaircir" les circonstances de ce double meurtre, "Nous devons savoir pourquoi et qui" a fait cela, a encore dit lundi M. Kalinak.

Vendredi soir, plusieurs dizaines de milliers de personnes avaient manifesté dans toute la Slovaquie pour protester contre la corruption et réclamer la démission du Premier ministre Robert Fico et celle de son ministre de l'Intérieur.

A Bratislava, 40.000 personnes se sont rassemblées, selon le quotidien SME, ce qui constituerait le plus grand rassemblement populaire dans ce pays depuis la Révolution de velours qui a scellé la chute du communisme en Tchécoslovaquie en 1989.

La crise a tendu les relations entre Robert Fico et le président de la République Andrej Kiska, après que ce dernier eut appelé, le 4 mars, à un remaniement du gouvernement où à des élections anticipées.

Le Premier ministre a alors reproché au chef de l'Etat une rencontre privée, en septembre dernier, avec le milliardaire américain George Soros et affirmé que le discours de M. Kiska "n'avait pas été écrit en Slovaquie".

Le chef du gouvernement a ensuite été accusé à son tour par sa propre ministre de la Justice, une responsable de Most-Hid, de "faire appel aux plus bas instincts des gens avec des théories de complot".

M. Kiska s'est entretenu lundi matin tant avec les dirigeants de Most-Hid qu'avec ceux du Parti National Slovaque (droite nationaliste), troisième membre de la coalition hétéroclite au pouvoir depuis les élections législatives de 2016.

juh/via/sw/bds

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