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Sophie Toscan du Plantier: un procès du meurtrier présumé se rapproche

L'hypothèse d'un procès se rapproche pour le Britannique Ian Bailey, soupçonné du meurtre de Sophie Toscan du Plantier en Irlande en 1996 : la justice française a confirmé le renvoi aux assises du journaliste, que Dublin a jusqu'à présent refusé d'extrader.

La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Paris a estimé jeudi qu'il y avait "suffisamment d'éléments à charge" pour juger le suspect, ont indiqué à l'AFP les avocats de la famille de la victime, précisant ne pas avoir pu encore prendre connaissance de l'arrêt de la cour.

Ian Bailey "étudie la possibilité" de se pourvoir en cassation, a déclaré de son côté son conseil, Me Dominique Tricaud.

Le journaliste de 60 ans, qui a toujours contesté être l'auteur du crime, avait été renvoyé le 27 juillet 2016 devant la cour d'assises de Paris pour le meurtre de l'épouse du producteur de cinéma et ancien patron de Gaumont, Daniel Toscan du Plantier, décédé en 2003. Il avait fait appel.

"C'est un soulagement pour les proches de Sophie Toscan du Plantier, même s'ils savent que le procès n'est pas pour tout de suite et qu'il se fera vraisemblablement en l'absence du suspect", a réagi l'un des avocats de la famille, Laurent Pettiti.

La justice irlandaise a en effet jusqu'à présent refusé la remise de M. Bailey aux autorités françaises - qui ont délivré deux mandats d'arrêt à son encontre en 2010 et 2016 - invoquant l'absence de réciprocité entre les deux pays en matière d'extradition.

"Notre combat judiciaire est encore très long", a relevé l'oncle de la jeune femme, Jean-Pierre Gazeau. "Il faut un premier procès, une condamnation, son extradition pour que nous ayons enfin un second procès en sa présence. Tout cela prendra des mois voire des années", a-t-il souligné.

Sophie Toscan du Plantier avait été retrouvée morte au matin du 23 décembre 1996 en contrebas de sa maison isolée de Schull, un village de la côte sud-ouest de l'Irlande où elle était venue passer quelques jours avant Noël. La jeune femme de 39 ans avait été frappée à la tête à coups de parpaing.

- "Pas une république bananière" -

Ian Bailey, journaliste pigiste résidant à quelques kilomètres de là, avait rapidement fait figure de suspect. Interpellé à plusieurs reprises par la police irlandaise, il n'a toutefois jamais été inculpé en Irlande.

"L'Irlande n'est pas une République bannière dont les décisions ne doivent pas être prises en compte", a réagi Me Tricaud. "Les enquêteurs irlandais, qui ont consacré des moyens colossaux à cette affaire, ont estimé qu'il n'y avait pas assez d'éléments pour le renvoyer devant une juridiction de jugement", a-t-il ajouté, soulignant qu'"aucune preuve scientifique" ne rattache son client à la scène de crime.

L'état du corps de Sophie Toscan du Plantier, resté dehors recouvert d'une simple bâche pendant 36 heures avant l'arrivée du médecin légiste, n'avait en effet pas permis de relever un éventuel ADN étranger.

Mais pour le parquet général, "bien qu'aucune preuve matérielle ne puisse être avancée (...), le faisceau d'indices entourant Ian Bailey constitue des charges suffisantes", justifiant son renvoi aux assises. Dans ses réquisitions de mai 2017, le ministère public mettait en avant plusieurs faits troublants : le journaliste portait des égratignures au visage et aux mains, avait évoqué dans ses articles des éléments de l'enquête, notamment sur l'arme du crime, censés être connus uniquement du meurtrier et des policiers, et assuré ne pas connaître la victime alors que plusieurs éléments ont démontré le contraire.

"A plusieurs reprises et devant des personnes distinctes, Ian Bailey a reconnu le crime ou tenu des propos s'analysant comme la reconnaissance indirecte de celui-ci", affirmait le ministère public.

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