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Theresa May, le Brexit pour pénitence

Ballottée de crise en crise depuis son arrivée au pouvoir au lendemain du référendum sur le Brexit, la Première ministre britannique Theresa May s'accroche à la barre, certaine qu'il est de son devoir de sortir son pays de l'Union européenne comme l'ont décidé les électeurs.

Mercredi soir, elle a survécu de justesse à une motion de censure déposée par l'opposition travailliste.

La veille, les députés lui ont infligé la claque la plus magistrale jamais essuyée par un dirigeant britannique en rejetant par 432 voix (contre 202) l'accord de Brexit qu'elle avait conclu avec Bruxelles au prix de longues et douloureuses négociations.

Pire, 118 députés de son Parti conservateur ont voté contre le texte, moins d'un mois après une conspiration pour tenter de l'écarter de la tête du parti.

Le site Politico souligne que n'importe quel autre Premier ministre aurait démissionné après une telle défaite. Mais pas Mme May. "A l'abri de son entêtement, de son sens du devoir, de règles parlementaires strictes, et de la crainte de son parti d'élections générales, elle ne bougera pas".

- Raideur mécanique -

Cette ténacité lui a permis de gravir les échelons et d'occuper pendant six ans, de 2010 à 2016, le poste difficile de ministre de l'Intérieur dans lequel elle s'est illustrée par sa gestion ferme des questions migratoires, et lui vaut une certaine admiration.

"Certains ne mesurent pas la force que cette femme a en elle", dit d'elle son ministre des Affaires étrangères, Jeremy Hunt. "Sous-estimer Theresa May est l'une des plus grandes erreurs que l'on puisse faire".

Même Boris Johnson, son adversaire acharné et ex-chef de la diplomatie, qui lorgne sa place, reconnaît sa "résilience" et sa ténacité.

Mais quid des résultats, s'interrogent les médias britanniques, qui constatent que plus de deux ans après le vote du Brexit et à quelques semaines de la sortie prévue, le 29 mars, il n'y a toujours pas de plan.

"Je n'ai aucun doute qu'elle a essayé de son mieux et s'est donnée à fond. Mais elle a échoué, et je crains que ce soit de sa faute, à elle seule", lui a reproché le numéro deux des travaillistes, Tom Watson, peu avant le vote de confiance mercredi soir.

L'arrivée au pouvoir en juillet 2016 de Mme May avait pourtant rassuré les Britanniques, sortis meurtris d'une campagne référendaire fratricide. Qui mieux qu'une fille de pasteur, à la réputation de bosseuse et de sérieux, pour les mener à travers l'une des plus délicates période de leur histoire récente?

Elle qui s'était prononcée du bout des lèvres pour le maintien dans l'UE, épouse immédiatement le résultat du référendum et affirme: "Désormais nous sommes tous des Brexiters".

Le hic, c'est que le référendum n'a rien résolu et qu'elle ne parvient pas à unifier son parti, toujours profondément divisé entre pro et anti-UE. Elle commet aussi une erreur politique majeure en convoquant des élections anticipées en juin 2017 qui lui font perdre sa majorité absolue, lui compliquant ainsi considérablement la tâche.

"Elle a surestimé la cohésion au sein de son parti", estime Iain Begg, chercheur à la London School of Economics, qui pointe aussi sa "naïveté" pour avoir cru que négocier le Brexit serait facile.

La députée de Maidenhead (sud de l'Angleterre), mariée et sans enfant, souffre aussi d'une image de froideur un peu mécanique qui lui vaut d'être régulièrement caricaturée en robot. Sa seule touche de fantaisie: d'énormes colliers assortis à ses tenues et des escarpins à motif léopard.

Attaquée pour s'être comportée en chef de parti, en ne tendant pas la main pour construire une alliance transpartisane sur le Brexit, elle affirme désormais vouloir parler à tous les députés pour tenter d'éviter une sortie sans accord ou, pire à ses yeux, pas de sortie du tout.

"Nous avons le devoir de respecter (la) décision démocratique" des Britanniques en quittant l'UE, a-t-elle plaidé.

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