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Tournoi: Farrell-Ford, paire d'as pour l'Angleterre

La double lame: expérimentée avec succès par le sélectionneur Eddie Jones dès son arrivée, l'association des deux ouvreurs de formation George Ford et Owen Farrell offre au XV d'Angleterre une variété d'options dont devra se méfier la France, samedi dans le Tournoi.

Une telle paire pourrait raviver à Jacques Brunel le cauchemar de Sydney 2003: alors adjoint de Bernard Laporte, l'actuel sélectionneur français avait vu le tandem anglais formé de Jonny Wilkinson et Mike Catt, deux N.10, faire déjouer les Bleus sous le déluge en demi-finale de la Coupe du monde (7-24).

Jones a remis au goût du jour cette vieille habitude anglo-saxonne d'associer deux demis d'ouverture de formation.

A l'ouverture, Ford, forcément, en raison de son gabarit modeste (1,78 m pour 84 kilos) et de sa friabilité défensive.

Et parce que, dans son style classique, le joueur de Leicester "apporte beaucoup de fluidité au jeu" selon Brunel, rejoint par son demi de mêlée Maxime Machenaud: "Ford est dans un registre plus distributeur. Il prend peu d'initiatives."

Meilleur défenseur et plus costaud (1,88 m pour 92 kg), Farrell est lui aligné au poste de premier centre. "Il ferraille plus" souligne Philippe Saint-André, ancien sélectionneur des Bleus aujourd'hui consultant pour RMC Sport.

Le joueur des Saracens "est plus perforateur, davantage capable d'avoir une action décisive. Ils sont complémentaires", embraye Brunel.

Jones a voulu en avoir le coeur net dès son arrivée fin 2015 plutôt que de placer sur le banc l'un des deux prodiges -- premier match de championnat pour Ford à 17 ans, 18 pour Farrell. Alors que son prédécesseur, Stuart Lancaster, n'avait tenté ce mariage qu'à deux reprises, dans des rencontres de second plan.

- La créativité comme nécessité -

L'Australien ne les a plus séparés: Ford (24 ans, 43 sél.) et Farrell (26 ans, 56 sél.), tous deux fils d'anciens treizistes devenus entraîneurs à XV (Mike Ford et Andy Farrell), ont été alignés ensemble à 20 reprises depuis son arrivée. Jones n'a brisé sa paire qu'une seule fois: lors du premier test de juin 2016 en Australie (39-28).

Et s'il a semé le doute dans la semaine en évoquant l'hypothèse de se passer de son duo samedi -- "je n'exclus rien, personne n'est indispensable" -- il a sacrifié le centre Jonathan Joseph pour faire de la place à la puissance de Ben Te'o, et non Ford.

Un mois en arrière, l'Australien justifiait l'association de ses deux ouvreurs ainsi: "Nous n'avons pas beaucoup de joueurs qui peuvent +casser des murs de briques+ avec la balle donc nous devons être créatifs."

"George et Owen se comprennent parfaitement, voient le jeu mieux que personne. Ils sont déterminants dans notre jeu, parce qu'il est basé sur le talent collectif", avait-il ajouté.

Et pour leur adversaire, c'est un calvaire: "(Cela offre à l'Angleterre) plus d'opportunités, plus de choix. Ils sont capables de tout faire tous les deux donc pour le 13 (adverse) ou le fond du terrain (arrière et ailiers), c'est plus difficile à lire", explique l'ouvreur français François Trinh-Duc.

L'imprévisibilité vient aussi de leurs pieds, comme ont pu le constater les Gallois lors de la 2e journée du Tournoi (12-6). "Ils te testent. Un coup, un petit jeu au pied par-dessus, un coup une chandelle, un coup en diagonale, souligne ainsi Julien Bonnaire, entraîneur adjoint des Bleus. Il faut être en éveil à chaque fois, s'attendre à tout." Les Français sont prévenus.

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