Accueil Actu

Tournoi: le sélectionneur de l'Italie Conor O'Shea a "tellement envie de gagner!"

"J'ai tellement envie de gagner": Engagé dans un processus à long terme de refondation du rugby italien, son sélectionneur Conor O'Shea assure vendredi que son équipe progresse.

Mais avant de débuter son deuxième Tournoi des six nations à la tête des Azzurri dimanche contre l'Angleterre, le technicien irlandais reconnaît dans un entretien avec l'AFP que la victoire lui manque.

QUESTION: Pour Sergio Parisse, mieux vaut cinq matches où l'Italie est toujours là à la 80e minute, quitte à les perdre tous, qu'une victoire. Vous êtes d'accord?

REPONSE: "Absolument. Et c'est vraiment dur, parce que nous sommes des compétiteurs et qu'on veut gagner chaque match. Mais je ne peux pas dire qu'on va faire le Grand Chelem ou gagner les Six Nations. Si ces équipes jouent à leur meilleur niveau et nous aussi, on perd. Pour le moment. Ce qu'on peut contrôler, ce sont nos performances, faire en sorte d'être à notre meilleur niveau. Et on verra. Parce que le sport est ainsi et que ça se joue à 15 contre 15. Et qu'on a une bonne équipe."

Q: Où en êtes-vous de la reconstruction du rugby italien ?

R: "On fait des changements nécessaires. Je me fiche du court-terme. Je suis jugé sur les résultats, c'est la vie. Mais on doit faire ce qui est bon pour le rugby italien. Je veux pouvoir m'asseoir dans dix ans avec Sergio, à Rome, regarder un match d'une Italie compétitive chaque semaine au plus haut niveau et lui dire +on a fait partie de ça+. On est là pour le rugby italien, pas pour nous. Il faut donner aux joueurs les mêmes structures, les mêmes soutiens que dans beaucoup d'autres pays. J'étais en Irlande quand l'Irlande ne faisait pas ce qu'il fallait. Ensuite ils ont mis un système en place et les résultats sont arrivés. On veut pouvoir identifier un bon jeune, le surveiller et faire le nécessaire pour qu'il devienne le meilleur possible. Il y a du talent, ici."

Q: Comprenez-vous que la place de l'Italie dans le Tournoi soit régulièrement contestée?

R: "C'est la vie. On a gagné le droit d'être ici. J'ai joué dans des équipes irlandaises battues par l'Italie. On a battu toutes les équipes du Tournoi sauf l'Angleterre. Les autres voient que ce qu'on fait est juste. J'ai tellement envie de gagner! Pour nos supporters, parce que je suis un vrai compétiteur. Mais je suis réaliste. Je sais qu'à chaque Tournoi, quelqu'un qui ne saura pas quoi dire va sortir quelque chose pour faire parler dans les journaux. OK, pas de problème."

Q: Malgré les défaites, vous assurez être sur la bonne voie. D'où vient cette confiance?

R: "On regarde les fondamentaux, nos progrès. Les pourcentages en conquête, les plaquages réussis, la possession, les fautes commises. On devient une équipe normale, mais on peut être meilleurs. On ne se fait pas assez de passes, on ne marque pas assez. On y travaille parce qu'aujourd'hui, les fondations sont là. Et c'est le moment de se poser des questions. Est-ce qu'on prend un peu plus de risques? Est-ce que sur un ballon gagné, on choisit la sécurité en rejouant devant ou est-ce qu'on ouvre le jeu? Et plus on progresse, plus on a de concurrence. L'autre jour, Sergio m'a dit +la vache, tu vas avoir des choix à faire...+. Pour l'instant, on mène un combat inégal, pour l'instant on est plus faibles. Mais on se bat."

Q: Combien de temps cela peut-il prendre?

R: "Si c'est quelqu'un d'autre qui bénéficie de ce qu'on fait, je m'en fous, vraiment. On fait ça pour le rugby italien. J'espère que dans ce Tournoi, les anciens comme Sergio, Ale (Zanni) ou Leo (Ghiraldini) auront quelques moments mémorables. Mais je veux aussi que les gens voient de quoi sont capables des jeunes comme Licata, Minozzi ou Giammarioli. Et qu'ils se disent +wow, maintenant c'est différent+."

Q: Est-ce que vous imaginez ce que sera cette équipe sans Parisse?

R: "Oui. Tout le temps. Je n'ai jamais croisé quelqu'un comme ça dans ma vie, comme joueur de rugby et comme homme. Il est fantastique. Et c'est pour ça que j'espère qu'on prendra cette bière dans 10 ans à Rome, parce que c'est un privilège de le connaître."

Propos recueillis par Emmeline MOORE et Stanislas TOUCHOT

À lire aussi

Sélectionné pour vous