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Ukraine : l'ex-Première ministre Ioulia Timochenko candidate à la présidentielle

L'ex-Première ministre Ioulia Timochenko, icône des révolutions ukrainiennes de 2004 et 2014, a annoncé mardi sa candidature à l'élection présidentielle du 31 mars, dont elle est la favorite face au président sortant Petro Porochenko selon les derniers sondages.

Devant des centaines de ses soutiens réunis à Kiev, Mme Timochenko, 58 ans, s'est engagée sans surprise dans la course à la présidence lors d'un meeting de son parti Batkivchtchina (Patrie).

"Aujourd'hui nous entrons dans une nouvelle époque de succès, de bonheur et de prospérité [...] Nous commençons la véritable marche en avant de l'Ukraine, vers sa grandeur", a-t-elle lancé, reconnaissant avoir par le passé "fait des erreurs".

"Peut-être que j'ai parfois tort, mais j'ai tort sincèrement", a déclaré celle qui était devenue l'icône de la Révolution orange de 2004, à la suite de laquelle elle avait été nommée Premier ministre.

Dans une ambiance joyeuse, certains de ses partisans portaient mardi le drapeau bleu et jaune de l'Ukraine et d'autres brandissaient des pancartes sur lesquelles était inscrit "Crois en l'Ukraine !", accompagné du cœur rouge symbolisant le parti.

L'ancien président pro-occidental de la Géorgie Mikheïl Saakachvili, impliqué dans la politique ukrainienne avant de se brouiller avec Petro Porochenko, a apporté son soutien à la candidate dans une vidéo diffusée lors du meeting.

"Elle est une combattante infatigable pour l'Ukraine et les intérêts des Ukrainiens", a-t-il dit.

Des messages de soutien filmés ont été diffusés lors du meeting, dont celui de l'écrivain brésilien Paulo Coelho ou encore du premier président de l'Ukraine indépendante, Leonid Kravtchouk, qui a loué "une personnalité forte et puissante".

- Adhésion "urgente" à l'Otan -

Déclarée officiellement candidate par son parti, elle a appelé lors d'un discours d'une heure trente au vote par "référendum" d'une "nouvelle constitution qui éliminerait le système oligarchique, la corruption et le non-respect de la loi".

Mme Timochenko a également demandé une adhésion "urgente" à l'OTAN, présentant l'Alliance atlantique et l'Union européenne comme une "priorité". Elle a également salué la création récente d'une nouvelle Eglise ukrainienne indépendante de Moscou.

"Mes adversaires entretiennent artificiellement l'opinion qu'une femme ne peut pas être commandant en chef", a-t-elle ajouté. "Je pense qu'ils ont oublié (...) Olga de Kiev", a-t-elle poursuivi en mentionnant cette figure de l'histoire médiévale ukrainienne.

Ioulia Timochenko, une ancienne femme d'affaires, est une personnalité aussi charismatique que controversée en Ukraine.

Première ministre en 2005, puis de 2007 et 2010 sous la présidence du pro-occidental Viktor Iouchtchenko, elle a ensuite passé trois ans en prison de 2011 à 2014, sous la présidence du pro-russe Viktor Ianoukovitch, sur des accusations dénoncées comme politiques par ses soutiens et plusieurs pays occidentaux. Elle a été libérée à la faveur du soulèvement pro-européen du Maïdan en 2014.

- en tête des sondages -

Selon les plus récents sondages, M. Porochenko, qui n'a pas encore officiellement annoncé sa candidature, est devancé par Ioulia Timochenko, déjà candidate en 2010 et 2014. Elle bénéficie de 16% des intentions de vote des électeurs, contre 14% pour M. Porochenko.

La campagne électorale a officiellement ouvert le 31 décembre en Ukraine. Lundi, un premier candidat, le comédien Volodymyr Zelensky, a déposé officiellement sa candidature. Le premier tour aura lieu le 31 mars et un second sera organisé deux semaines plus tard si aucun candidat ne remporte plus de 50% des suffrages.

Vainqueur de l'élection de mai 2014 organisée dans le sillage d'un soulèvement pro-européen qui avait renversé le gouvernement de Viktor Ianoukovitch, M. Porochenko, 53 ans, avait promis d'ambitieuses réformes.

Près de cinq ans plus tard, sa popularité est en berne alors que ses critiques lui reprochent d'avoir fait très peu dans la lutte contre la corruption. Ils soulignent aussi que l'économie de cette ancienne république soviétique de 45 millions d'habitants reste très fragile.

Le mouvement du Maïdan avait été suivi par l'annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par Moscou, accusé ensuite de soutenir des séparatistes pro-russes dans le sud-est du pays. Ce conflit militaire, qui a fait plus de 10.000 morts, a fortement éprouvé l'économie ukrainienne, poussant M. Porochenko à demander l'aide du FMI.

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