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Ukraine: Moscou continue à bombarder dans l'Est, Finlande et Suède aux portes de l'Otan

Les pays de l'Otan continueront à aider militairement l'Ukraine, toujours sous la pression des bombardements russes, a assuré Berlin dimanche, alors que la Finlande a annoncé sa candidature à l'Alliance atlantique en saluant un "jour historique".

Les forces russes s'efforcent pendant ce temps de progresser dans la région stratégique du Donbass, dans l'est de l'Ukraine, en partie contrôlée par des séparatistes prorusses depuis 2014 et dont Moscou a fait son objectif principal depuis le retrait de ses troupes des environs de Kiev fin mars.

Mais elles sont à la peine face à la résistance acharnée des forces ukrainiennes. Ces dernières, qui contre-attaquent dans la région de Kharkiv (nord), sont proches d’atteindre la frontière avec la Russie, a affirmé à la télévision ukrainienne le conseiller du ministère de l’Intérieur ukrainien, Vadim Denissenko.

A l'issue d'une réunion des chefs de la diplomatie des pays de l'Otan à Berlin, la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a affirmé que les pays de l'Alliance, individuellement, ne relâcheraient pas leurs efforts "en particulier en matière d'assistance militaire" à l'Ukraine.

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba, qui a rencontré son homologue américain Antony Blinken samedi à Berlin, s'est félicité du "précédent" créé par la décision de l'Allemagne de fournir de premières armes lourdes à Kiev, dans une vidéo postée dimanche sur son compte Facebook.

"Le jour où je suis arrivé à Berlin, il y avait une formation pour des soldats ukrainiens à l'utilisation d'artillerie automotrice allemande de 155 mm", a déclaré M. Kouleba. "Bientôt, ces Howitzer automoteurs frapperont l'ennemi. Un précédent a été créé. L'obstacle psychologique (à la fourniture d'armes lourdes à l'Ukraine) a été surmonté".

Après des décennies à l'écart des alliances militaires, la Finlande avait annoncé quelques heures plus tôt qu'elle allait demander officiellement à adhérer à l'Otan, avant une réunion décisive en Suède voisine en vue d'une probable demande simultanée des deux pays, conséquence directe de l'invasion russe de l'Ukraine lancée le 24 février.

"C'est un jour historique. Une nouvelle ère s'ouvre", a affirmé le président finlandais Sauli Niinistö, dont le pays partage une frontière de 1.300 kilomètres avec la Russie. Il avait appelé samedi Vladimir Poutine pour l'informer de cette décision, que le président russe a qualifiée d'"erreur".

Moscou avait auparavant menacé de représailles "militaro-techniques", sans préciser lesquelles, et, dans la nuit de vendredi à samedi, avait arrêté de fournie de d'électricité à la Finlande - environ 10% de la consommation du pays nordique.

En Suède, la direction du parti social-démocrate au pouvoir a approuvé dimanche soir une candidature à l'Otan - un revirement historique pour cette formation. La Première ministre Magdalena Andersson a ensuite estimé qu'une candidature commune avec la Finlande était "le mieux pour la Suède" et sa sécurité.

Ces candidatures sont la preuve "qu'une agression ne paie pas", a jugé le secrétaire général de l'Alliance atlantique Jens Stoltenberg, en assurant que l'Otan est prête à renforcer les "garanties de sécurité" pour ces deux pays.

Il s'est aussi dit "confiant" dans la possibilité pour les pays de l'Alliance de trouver un compromis avec la Turquie, qui avait manifesté son hostilité à l'adhésion de la Suède et de la Finlande.

- "Perdu de son élan" -

Sur le terrain, quatre missiles russes ont détruit des installations militaires dans l'ouest de l'Ukraine, dans le district de Yavoriv tout proche de la frontière polonaise, sans faire de victimes, a annoncé dimanche le gouverneur de la région de Lviv, Maxim Kozytski, sur Telegram.

Les forces ukrainiennes ont également détruit deux missiles de croisière au-dessus de la région de Lviv, largement épargnée depuis le début de l'invasion russe, a ajouté le gouverneur.

Moscou a par ailleurs annoncé que des missiles russes de "haute précision" avaient visé dans la nuit deux points de commandement ukrainiens et quatre dépôts de munitions d’artillerie près de Zaporijjia, Paraskovievka, Konstantinovka et Novomikhaïlovka dans la région de Donetsk (est).

L’aviation russe a elle détruit deux lance-missiles et un système radar dans la région de Soumy, dans le nord-est. Et les systèmes de défense anti-aérienne russes ont détruit 15 drones ukrainiens, toujours selon Moscou.

Mais si Moscou égrenne ses succès, les services de renseignement militaire britanniques estimaient dimanche que l'offensive russe dans l'est de l'Ukraine avait "perdu de son élan".

Selon eux, la Russie a subi d'énormes pertes et risque fort de s'enliser dans sa tentative de conquête de l'est du pays.

Les troupes de Moscou n'ont pas réussi à réaliser des gains territoriaux substantiels, mettant leur plan de bataille "considérablement en retard", selon ces sources.

"La Russie a maintenant probablement subi des pertes d'un tiers de la force de combat terrestre qu'elle a engagée en février", ont-elles ajouté. "Dans les conditions actuelles", elles jugent "peu probable" que la Russie n'"accélère considérablement son rythme de progression" au cours du prochain mois.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a toutefois souligné que la "situation dans le Donbass" restait "très difficile", car "les troupes russes tentent d'y obtenir au moins une victoire".

Saluant la victoire de l'Ukraine samedi soir au concours Eurovision de la chanson, il a espéré que celle "dans la bataille contre l'ennemi n'est pas loin", promettant d'organiser "un jour" l'Eurovision dans une Marioupol "libre, pacifique et reconstruite", en référence à la ville martyre du sud-est de l'Ukraine où les derniers combattants ukrainiens sont retranchés dans l'aciérie d'Azovstal.

"On se prépare à de grandes offensives à Severodonetsk, et autour de l'axe Lyssytchansk-Bakhmout", a affirmé Serguiï Gaïdaï, gouverneur ukrainien de la région de Lougansk, qui forme avec celle de Donetsk le bassin minier du Donbass, décrivant une situation humanitaire de plus en plus critique.

Deux civils ont été tués dans la nuit par des bombardements à Severodonetsk, mais leurs corps n'ont été découverts qu'à la mi-journée à cause des violents combats, selon M. Gaïdaï.

"La région de Lougansk est constamment sous un feu chaotique (...) il n'y a absolument ni gaz, ni eau, ni électricité", avait-il décrit samedi soir.

Les Russes tentent notamment depuis trois semaines, sans succès, de franchir la rivière Severskyi Donets, au niveau du village de Bilogorivka.

- "Azov était là" -

Dans ce village quasi désert, une équipe de l'AFP a vu les routes jonchées d'équipements militaires abandonnés. Il ne restait que trois angles couverts de suie d'une école bombardée il y a une semaine, une frappe que Kiev présente comme l'un des plus graves crimes commis par les forces russes depuis le début de leur invasion de l'Ukraine, avec 60 civils tués.

A Vilkhivka, un autre village libéré près de Kharkiv, la deuxième ville d'Ukraine proche de la frontière russe, les stigmates de la violence des combats qui ont vu les Ukrainiens repousser les Russes en direction de leur frontière et reprendre des villages occupés depuis le début de l'invasion sont partout.

Selon les habitants, la bataille pour la reprise du village a eu lieu fin mars, mais l'armée ukrainienne interdisait l'accès à la zone jusqu'à il y a quelques jours.

Symboliquement, l'inscription "Azov était là", avec le symbole du régiment ukrainien ressemblant à la croix gammée nazie, a été apposé sur un des chars, à côté du "Z" qui y avait été peint par les troupes russes.

Des dizaines de maisons de ce village d'environ 2.000 habitants ont été éventrées par des obus, des explosions ou des incendies. Les rues sont jonchées de débris, douilles de balles et autres restes de munitions.

Kiev affirme que ses troupes ont tué près de 20.000 militaires russes. Le 25 mars, Moscou avait déclaré que ses forces avaient tué au moins 14.000 militaires ukrainiens. Mais les deux chiffres sont largement soupçonnés d'être gonflés et n'ont pas pu être vérifiés par l'AFP ou des observateurs indépendants.

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