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Ukraine : toujours impossible de se fier à Poutine, dit le réalisateur libéré Sentsov

L'Ukraine ne doit pas faire confiance à la Russie même après l'échange de prisonniers conclu samedi, perçu comme un signe de potentielle détente entre les deux voisins, a prévenu mardi le cinéaste ukrainien Oleg Sentsov, l'un des détenus libérés.

"En ce qui concerne les souhaits de paix de la Russie, le loup a beau revêtir la peau de l'agneau, ses dents de loup ne disparaîtront pas. N'y croyez pas", a déclaré à la presse M. Sentsov, relâché samedi avec 34 autres Ukrainiens. "Le problème n'est pas que Poutine a attaqué l'Ukraine, mais que la plupart des Russes le soutiennent", a-t-il estimé.

Les relations entre Kiev et Moscou traversent une crise sans précédent depuis l'annexion par la Russie en 2014 de la péninsule ukrainienne de Crimée, suivie du déclenchement d'une guerre avec des séparatistes prorusses dans l'est de l'Ukraine qui a fait environ 13.000 morts.

L'Ukraine et les pays occidentaux accusent la Russie de soutenir militairement ces rebelles, tandis que la Russie a dit espérer la "normalisation" de ses rapports avec Kiev après l'élection en avril à la présidence ukrainienne de l'ex-comédien Volodymyr Zelensky.

Pour M. Sentsov, devenu pendant ses cinq années d'emprisonnement un symbole pour Kiev dans sa résistance face au Kremlin, "cela ne signifie pas que la Russie est prête à relâcher l'Ukraine, rendre la Crimée et le Donbass", la région de l'est séparatiste.

Vladimir "Poutine ne rendra pas la Crimée, il lui est plus simple de rendre le Kremlin que la Crimée", a martelé le cinéaste de 43 ans, paraissant calme et confiant, au cours de sa première conférence de presse suivant sa libération.

L'Ukraine ne pourra rétablir son contrôle sur cette péninsule qu'après "le changement de régime inévitable en Russie", a-t-il estimé.

Originaire de Crimée, M. Sentsov a été arrêté chez lui après avoir protesté contre cette annexion. Il a été condamné à 20 ans de camp en Russie pour la préparation d'"attaques terroristes". Cette affaire avait provoqué une mobilisation internationale.

M. Sentsov a promis mardi de "faire tout son possible" pour la libération des autres Ukrainiens détenus. Le cinéaste avait observé l'année dernière une grève de la faim de 145 jours en prison pour exiger une telle mesure.

Interrogé sur son quotidien en prison, ce père de deux enfants a raconté avoir "beaucoup lu", "travaillé" et échangé des lettres avec ceux qui le soutenaient. Il a dit avoir emporté avec lui "22 kilos de papiers" : toutes les lettres de ses soutiens, des livres et des cahiers avec ses notes.

M. Sentsov a avoué avoir été "absolument calme" jusqu'au moment où il a pris sa fille "dans ses bras" à l'aéroport de Kiev où les ex-prisonniers sont arrivés. "C'était un des rares jours pour lesquels ça vaut la peine de vivre", a confié le cinéaste.

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