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Ultime jour des législatives en Russie, les consignes de vote de l'opposition supprimées

(Belga) Les Russes se rendaient dimanche aux urnes pour l'ultime jour des législatives, scrutin duquel le mouvement de l'opposant Alexeï Navalny a été écarté et ses consignes de vote supprimées par des géants du numérique sous la pression des autorités.

Le scrutin devrait être remporté par le parti au pouvoir, Russie Unie - malgré son impopularité - après des mois de répression qui ont durement affaibli les détracteurs du président Vladimir Poutine. Militant anticorruption et bête noire du Kremlin, Alexeï Navalny, 45 ans, a été emprisonné en janvier pour une affaire de fraude qu'il juge politique. Ses organisations ont, elles, été interdites pour "extrémisme" avant les élections et beaucoup de ses cadres ont dû fuir le pays. "Ce ne sont pas vraiment des élections, les gens n'ont quasiment pas le choix", a regretté auprès de l'AFP Vladimir Zakharov, homme d'affaires de 43 ans venu voter samedi à Saint-Pétersbourg. En amont du scrutin, les autorités russes ont également exercé une pression d'une force inédite contre les entreprises numériques diffusant les contenus de l'opposition.  Elles ont fait plier Google et Apple, qui ont accepté de supprimer certains de ces contenus par crainte d'arrestations de leurs employés en Russie, selon des sources proches interrogées par l'AFP. Le vote, tenu sur trois jours, de vendredi à dimanche, vise à renouveler les 450 mandats de députés de la Douma, la chambre basse du Parlement actuellement dominée par Russie Unie. Des élections locales et régionales ont également lieu. Quelque 108 millions de Russes sont appelés aux urnes jusqu'à 20h00 locales (19h00 en Belgique) dimanche, les premières estimations étant attendues en fin de soirée. A 09h00 (heure belge) dimanche, la participation aux législatives atteignait 35,69% selon la Commission électorale. Selon une liste de l'ONG spécialisée Golos, plus de 3.500 possibles irrégularités ont été reportées depuis le début du vote, dont des bourrages d'urnes et des pressions pour aller voter. Kirill Sergeiénko, un électeur 43 ans, a dit à l'AFP être venu voter spécialement dimanche à Saint-Pétersbourg, en espérant qu'il y ait "moins de possibilités de fraudes" au dernier jour du scrutin.  Presque aucun candidat anti-Poutine n'ayant été autorisé à se présenter aux législatives, les partisans de M. Navalny avaient mis sur pied une stratégie dite du "vote intelligent" destinée à soutenir le candidat - souvent communiste - le mieux placé pour gêner celui du pouvoir. L'opposant, détenu dans une colonie pénitentiaire à une centaine de kilomètres de la capitale russe, a une nouvelle fois enjoint ses soutiens à voter en suivant ses consignes.  "Aujourd'hui, votre voix a vraiment de l'importance", a-t-il écrit dans un message publié dimanche sur les réseaux sociaux. "Votez et persuadez d'autres de le faire. Ne soyez pas paresseux, s'il vous plaît." Par le passé, cette tactique avait rencontré un certain succès, notamment à Moscou, et les autorités se sont attelées cette fois à bloquer tout accès à ces consignes, mettant sous pression les géants d'internet. Google et Apple ont ainsi accepté vendredi de supprimer de leur boutique l'application mobile du "vote intelligent" d'Alexeï Navalny. Ses partisans ont reconnu une "victoire énorme" du Kremlin et accusé les deux firmes américaines de "céder au chantage". Google a également suspendu l'accès à d'autres contenus comportant ces consignes électorales: deux vidéos publiées sur Youtube - dont Google est propriétaire - et deux listes publiées sur Google Docs, son service de traitement de texte.  L'équipe de M. Navalny a réagi en publiant une nouvelle vidéo similaire sur Youtube et des copies des listes sur Google Docs. Sur Twitter, elle donne également des instructions pour télécharger un réseau privé virtuel (VPN) pour éviter les blocages. La messagerie Telegram, très populaire en Russie, a aussi supprimé les consignes de vote de sa plate-forme. L'essentiel de l'opposition ayant été bannie du scrutin, Russie Unie devrait néanmoins s'imposer, faute de concurrence réelle et malgré une cote de popularité à moins de 30%, selon le centre de sondage étatique VTsIOM.  Les autres partis représentés à la Douma - communistes, nationalistes et centristes - sont dans l'ensemble dans la ligne du président Poutine, qui reste lui populaire. (Belga)

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