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Les Belges vont-ils vraiment devoir mettre la main à la poche pour la dette grecque?

Ce jeudi matin dans le Bel RTL Eco, Bruno Wattennbergh est revenu sur la dette grecque et le poids qu’elle pourrait avoir sur les ménages belges.

Près de 9 milliards d’€, ce serait l’exposition belge à la dette grecque... Un chiffre qui suscite pas mal de discussions et de polémiques?

Oui ce qui mérite donc quelques précisions! D’abord, il y a une divergence sur les chiffres. Si on cumule les prêts directs, les prêts aux mécanismes de soutien et les garanties au Fonds européen de solidarité financière, les chiffres de l’engagement belge sur la dette grecque oscillent entre 7 et 9,5 milliards d’€ selon les versions. Notre participation représente à peu près 3,5% des 195 milliards prêtés à la Grèce. Un argent que nous avons été obligés d’emprunter au moins en partie.


Est-ce que cet argent pourrait être perdu?

Théoriquement oui. Mais en pratique, il y a très peu de chances qu’il puisse y avoir un défaut total de la Grèce. Ce qui risque d’arriver, ce qui va arriver, c’est d’abord un allongement de la durée de remboursement de la dette grecque. Ensuite, il y aura un "haircut", une ristourne sur la dette, une remise de dette et oui, plus que probablement une partie de cette dette ne sera jamais remboursée. Le contribuable belge mettra donc indirectement la main à la poche, mais ce sera le prix à payer pour préserver une Zone Euro qui nous apporte énormément d’avantages sociaux et économiques.


Quelles sont les critiques exprimées par les défenseurs de la Grèce lorsque l’on met ces chiffres en avant?

Et bien ils expliquent que ces montants se trouvent déjà incorporés dans notre dette publique. Que de toute façon nous ne remboursons jamais notre dette, nous contentant de la renouveler lorsqu’elle arrive à terme. Ce n’est pas faux. Mais c’est irrecevable comme argument du laisser-faire. D’abord cette dette supplémentaire nous coûte des intérêts et nous met à la merci d’une hausse de ceux-ci. Ensuite, nous sommes déjà lourdement endettés et sous pression des autorités européennes pour réduire notre dette. Pour ce faire, nous devons dégager des excédents budgétaires, donc aussi nous serrer la ceinture. Bref, ce supplément de dette aggrave encore notre propre situation.


Autre argument des défenseurs de la Grèce, l’argent européen n’irait pas directement dans la poche des Grecs?

Selon les altermondialistes, de 2010 à 2013, 77 % des prêts auraient servi à recapitaliser les banques privées grecques ou à rembourser les créanciers de l’État grec, pour l’essentiel des banques européennes et américaines. Et ils ont plus que probablement raison.


Dernier argument, la dette grecque rachetée par l’Europe est en partie celle qui était détenue par les banques européennes?

Effectivement. L’Europe a sauvé ses banques qui avaient acheté beaucoup de dette grecque ces dernières années. Mais ces rachats massifs arrangeaient tout le monde en préservant épargnants et actionnaires des banques notamment européennes. En outre, le monde de la finance a déjà pris ses pertes puisque la dette privée grecque a déjà été rabotée.

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