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Zuzana Caputova, première femme à la tête de la Slovaquie

La première femme à conquérir la présidence slovaque, l'avocate libérale et écologiste Zuzana Caputova, est novice en politique, mais oratrice hors pair.

Cette activiste anti-corruption de 45 ans était relativement loin dans les sondages à quelques semaines des élections, avant de voir sa cote de popularité monter en flèche et de remporter le premier tour le 16 mars.

Une fois son succès confirmé samedi soir, y compris par son concurrent Maros Sefcovic, elle a appelé ses compatriotes à l'unité.

"Cherchons ce qui nous unit, plaçons la coopération au dessus des intérêts personnels", a-t-elle dit devant la presse.

"Pour moi, cette élection a prouvé que l'on peut gagner sans attaquer ses adversaires et je crois que cette tendance se confirmera lors des élections au Parlement européen et des législatives slovaques l'année prochaine", a souligné la nouvelle présidente slovaque, avant de suggérer que, contrairement aux idées reçues, "la politesse en politique n'est pas une manifestation de faiblesse, mais de force".

Bénéficiant du désenchantement des électeurs vis-à-vis de la coalition au pouvoir, Caputova a obtenu 58% des voix samedi soir, face à Sefcovic, commissaire européen et diplomate de carrière soutenu par le parti au pouvoir.

"Les gens appellent au changement", déclarait-elle, interrogée par l'AFP un an après l'assassinat d'un journaliste d'investigation enquêtant sur la corruption de haut niveau, qui avait plongé le pays dans une crise politique majeure.

Comme des dizaines de milliers d'autres Slovaques, Mme Caputova était descendue dans la rue pour protester contre l'assassinat du journaliste Jan Kuciak et de sa fiancée Martina Kusnirova à leur domicile en février 2018.

Le journaliste était alors sur le point de publier son enquête sur les liens présumés entre des hommes politiques slovaques et la mafia italienne ainsi que sur des fraudes autour des fonds agricoles européens.

Mme Caputova, qui s'est engagée à lutter pour une Justice plus efficace et indépendante, était un des vice-présidents du parti Slovaquie progressiste, non représenté au parlement, avant de déposer sa carte de membre.

"Aux yeux des électeurs, elle répond aux problèmes actuels", indique à l'AFP l'analyste Grigorij Meseznikov.


"Ame pure"

Mme Caputova a été soutenue par le président libéral sortant Andrej Kiska, le frère de Jan Kuciak, et par nombre de célébrités, comme le chanteur rock Palo Habera qui voit en elle "une âme pure".

Elle est favorable à l'avortement et aux droits élargis pour les couples homosexuels, estimant qu'un enfant vivra "mieux avec deux êtres amoureux de même sexe" que dans un orphelinat.

Mme Caputova reconnaît manquer d'expérience dans le domaine de la défense et de la sécurité. "Je devrai compter sur mes conseillers pour aborder ces sujets", déclare-t-elle.

"La ponctualité n'est pas mon point fort" non plus, ajoute la juriste.


Contre une décharge publique

Zuzana Caputova est née dans la capitale slovaque, le 21 juin 1973, mais a passé les premières années de sa vie dans la ville voisine de Pezinok.

Après des études de droit à l'université Comenius à Bratislava, elle a rejoint Via Iuris, une organisation slovaque de défense des droits.

Elle y a mené avec succès une campagne pour bloquer l'installation d'une grande décharge publique à Pezinok, d'une surface comparable à 12 terrains de football.

En 2013, la Cour suprême slovaque a donné raison aux habitants de Pezinok, en annulant le permis de construire de la décharge.

L'affaire a poussé la Cour de justice de l'Union européenne à établir des règles de consultations ouvertes dans le cas des projets d'urbanisme qui peuvent affecter l'environnement. "L'histoire d'une petite ville slovaque a eu un impact international important", s'est félicitée ensuite Mme Caputova.

En 2016, ses efforts sont récompensés par le très prestigieux prix Goldman pour l'environnement, une sorte de Nobel vert pour les défenseurs de l'environnement.

Membre de l'organisation Environmental Law Alliance Worldwide, elle aime aussi le dessin, le basket-ball, la randonnée et la natation.

A l'aise en anglais, elle regrette d'avoir oublié son russe, qu'elle aimerait rafraîchir.

Elle est divorcée, mère de deux filles adolescentes. Son compagnon est musicien et photographe.

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