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"Anticasseurs" : De Courson, fils de résistant brandit le spectre de Vichy

En comparant la loi "anticasseurs" au régime de Vichy, le député Charles Amédée du Buisson de Courson, 66 ans, aristocrate et fils de résistant, a marqué les débats de l'Assemblée, se posant en gardien des libertés publiques.

"Où en sommes-nous mes chers collègues, c'est la dérive complète ! On se croit revenu sous le régime de Vichy", lançait mercredi 30 janvier l'élu de la Marne, lors de l'examen de la mesure clé sur les interdictions administratives de manifester, suscitant de vives protestations dans la majorité.

"Mais oui, je dis bien le régime de Vichy. Réveillez-vous, parce que le jour ou vous aurez un gouvernement différent (...) avec une droite extrême au pouvoir, vous verrez mes chers collègues", a-t-il insisté.

"Il y a des moments où il faut taper fort pour réveiller les consciences", a justifié par la suite sur TMC ce centriste en rupture de ban, qui siège depuis octobre au groupe "Libertés et territoires".

Et de rappeler, les larmes aux yeux, son héritage familial: "Mon père a été proscrit, poursuivi par la police de Vichy, qualifié de terroriste alors qu'il était un patriote. Quand vous commencez à toucher aux libertés publiques, il faut faire bien attention".

Le député a reçu, dans Le Monde, le soutien appuyé de l'avocat François Sureau, un proche d'Emmanuel Macron : "Dans cette assemblée de suce-pied, la liberté a pris le visage de ce vieil enfant têtu qui parlait d'honneur, un visage d'un autre temps, d'une autre France peut-être."

-Moine soldat-

Ce n'est pas la première fois que le député, connu pour sa liberté de parole, évoque ainsi ses racines familiales pour défendre ses valeurs républicaines.

En 2016, alors qu'il s'opposait à la déchéance de la nationalité proposée par François Hollande, il avait évoqué avec émotion la mémoire de son grand-père maternel, Léonel de Moustier, "député de la Nation, mort à Neuengamme (camp de concentration nazi proche de Hambourg, ndlr), qui, parce qu'il était contre le sabordage de la République, n'avait pas voté les pleins pouvoirs à Pétain".

Pro-européen, catholique convaincu, assumant des positions sociétales conservatrices, l'aristocrate à lunettes, toujours tiré à quatre épingles, a été souvent comparé à un "moine soldat" pour sa combativité, sa rectitude et son intégrité.

En première ligne en 2008 contre l'arbitrage de l'affaire Tapie, il avait obtenu en 2012 le prix de l'éthique de l'association Anticor pour son action en faveur de la justification des frais professionnels des députés, avant de présider la commission d'enquête parlementaire sur l'affaire Cahuzac.

Major de sa promotion à l'ESSEC, énarque, ancien de la Cour des comptes et de la Direction du budget, Charles de Courson est également respecté à l'Assemblée pour son expertise en finances publiques.

En octobre dernier, après l'examen de sa 20e loi de finances, il confiait à l'AFP son absence de lassitude : "Comme je suis un vieux célibataire, je me fais pas engueuler en rentrant".

Pilier de la commission des Finances, connu pour traquer sans relâche les dépenses inutiles, il sait aussi manier les formules chocs, comme lorsqu'il avait comparé en 2017 une demande budgétaire de LR à une prise de cocaïne qui fait se sentir mieux "une fois" mais mène ensuite à "la déprime".

"Je suis un libéral mais aussi un vieux républicain", a récemment expliqué le député après s'être opposé à un amendement LREM qu'il jugeait trop favorable "aux très hauts salaires".

"Je connais le monde de l'argent, j'en suis issu, j'en connais les limites", avait un jour confié cet électron libre en appelant à "ne pas succomber aux pressions, y compris celles de vos amis qui veulent vous faire faire des choses contraires à vos convictions et à vos consciences".

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