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"La mayonnaise va prendre!": à Lille, les militants PS veulent croire en Hidalgo

Réunis par centaines à Lille, terre de gauche, pour assister au premier meeting de leur candidate à la présidentielle Anne Hidalgo, les militants socialistes veulent croire, malgré les mauvais sondages, que rien n'est encore joué.

"Une campagne, c'est comme une grève: au départ, on est trois. Mais quand la mayonnaise prend, tout le monde finit dehors en criant !", plaisante Guy Fages, 67 ans.

Le militant, silhouette imposante, veste en cuir, fait la queue comme quelques centaines d'autres pour entrer dans le Grand Palais de Lille.

Il vient voir Anne Hidalgo, candidate socialiste en difficulté, qui a choisi le Nord et la ville de sa mentor, Martine Aubry, pour relancer une campagne qui patine: à peine 4 à 7% d'intentions de vote, derrière l'écologiste Yannick Jadot et l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon.

Les soutiens de tous âges sont arrivés par grappes dès la matinée. Ici d'Alsace, là de Vendée ou d'Ile-de-France. Certains marchent depuis la gare, d'autres descendent du bus, sourire aux lèvres, sous le soleil frais de Lille.

Lorsque la maire de Paris monte sur scène -- au son d'un morceau spécialement créé à partir du titre "Contact" de Daft Punk -- la salle est comble. Le public se lève, acclame, applaudit, agite drapeaux français et du parti. Comme dans tout bon meeting.

Rose à la main, elle les salue et évoque rapidement leur région: une "terre de gauche" et "de conquêtes".

- "Grignoté par le RN" -

Le nombre d'adhésions au PS a pourtant fondu ces dernières années dans le Nord et le Pas-de-Calais, touchés comme ailleurs en France par la décomposition d'un parti historique.

"C'est toujours le cas quand le parti n'est pas au pouvoir", relativise Guy Fages. Mais "avec la campagne électorale, les réunions publiques, ça remontera".

A ses côtés, son amie Lionelle Bachelet --"100% socialiste depuis 1971 !"-- se dit "super convaincue" par la maire de Paris, qu'elle juge "franche, réaliste".

"Chez nous, dans le bassin minier grignoté petit à petit par le Rassemblement national, on rencontre surtout des personnes qui ne votent pas, qui ne se sentent plus concernées. On va tout faire pour les ramener avec nous", assure cette militante énergique de Liévin (Pas-de-Calais), âgée de 68 ans.

Elle a déjà converti ses enfants et petits-enfants: ils ont adhéré.

Pour convaincre, la maire de Paris doit insister sur le "pouvoir d'achat", tranche Yoan Hadadi, 35 ans, venu spécialement de Moselle.

Son espoir: voir le PS renouer avec un électorat populaire qui déserte ses rangs. "La moitié de la population gagne moins de 1.700 euros. C'est un sujet majeur", développe-t-il.

Anne Hidalgo, qui a promis dans son discours d'augmenter les salaires, notamment ceux des "premiers de corvée", ne l'a pas déçu.

- "Ville de bobos" -

Dans la matinée, le trentenaire a tracté sur un marché lillois, où il a noté "une adhésion plus forte qu'avec la candidature de Benoît Hamon en 2017".

"C'est le jour et la nuit. Les gens la connaissent, ils prennent les tracts", jure-t-il. Malgré un handicap, réel ou supposé: son mandat de maire de la capitale qui la couperait des réalités d'une majorité de Français.

"Paris n’est pas uniquement une ville de bobos: il y a aussi une vraie question sociale", répond Adrien, trentenaire militant à Paris.

"Sur le terrain, on rappelle que Paris est un modèle en Europe, l'une des capitales qui encadre le mieux sa dette, qui a une vraie politique de logements sociaux, qu'Anne Hidalgo connaît bien le monde du travail, qu'elle a grandi dans une cité ouvrière..." énumère-t-il.

C'est une "vraie candidate de gauche", capable de "rassembler son camp", insiste-t-il.

D'autres sont plus circonspects, ou "plus réalistes", comme l'euphémise Philomène Juillet, 45 ans, une Parisienne venue avec une amie. "Il n’y a pas que la victoire dans une présidentielle. Il y a aussi les idées qu’on peut porter."

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