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"Tueur de la gare de Perpignan": l'enfer vécu par Lolita, l'amour de sa vie

Jacques Rançon affirmait que c'était l'amour de sa vie. Lolita a raconté au contraire le calvaire qu'elle a vécu auprès du "tueur de la gare de Perpignan", jeudi au quatrième jour de son procès devant la cour d'assises des Pyrénées-Orientales.

Cet ancien cariste-magasinier, qui aura 58 ans vendredi, est jugé pour avoir violé, tué et mutilé deux femmes en 1997 et 1998. Il lui est aussi reproché d'avoir tenté de violer une autre femme et d'en avoir laissé une quatrième pour morte.

Lolita l'a connu à 16 ans, il en avait 45. En 2005, elle vivait en foyer après une plainte contre son père pour attouchements. Et leur histoire a commencé parce que Rançon l'avait protégée de son ex-petit copain qui la frappait.

Ils s'étaient pacsés, tout se passait bien mais tout a changé lorsqu'elle est tombée enceinte.

"Il a montré son vrai visage. Il me donnait des coups de poing, de pied. Il m'insultait. Il me rabaissait (...) Il a voulu que j'ai des relations sexuelles avec son fils (homosexuel, NDLR). Il voulait le remettre dans le droit chemin. J'ai refusé", a-t-elle expliqué.

"Sa violence a décuplé après la naissance de notre fille", a-t-elle encore affirmé, précisant que si elle avait "le malheur de se plaindre" à des proches, de ne pas "sourire", il s'en prenait à elle.

Lolita a fini par "prendre son courage à deux mains" en 2012. Elle l'a quitté et a déposé plainte parce qu'il avait "tenté de l'étrangler".

- De l'amour à la haine -

"Je l'ai aimé et mon amour s'est transformé en haine", a reconnu Lolita, qui a eu deux enfants avec lui.

"Il m'a poursuivie avec un couteau. J'ai couru aussi vite que j'ai pu et je me suis cachée", a-t-elle ajouté en larmes, soulignant qu'il avait continué à "la harceler" et "à la menacer de mort", "à l'épier", à lui "faire du chantage sur les enfants" après la rupture.

"J'ai pu être tranquille après la 2e plainte", a-t-elle précisé, accusant aussi Rançon d'attouchements sur leur fille.

L'accusé originaire de Picardie a été condamné pour ces menaces de morts et violences à deux reprises: à un an de prison, dont six mois avec sursis, et une seconde fois, à un an ferme.

Pour Me Étienne Nicolau, ce témoignage est la preuve que Rançon ne changera jamais. Et de rappeler que mercredi, Carole, une de ses premières compagnes avait déjà raconté une histoire similaire.

"C'est un ramassis de mensonges", a affirmé Rançon, comme la veille. "Je ne n'ai plus rien à dire. Ça ne sert à rien", a-t-il poursuivi, veste grise et chemise claire après avoir reçu de nouveaux vêtements de l'administration pénitentiaire.

"Tu oses ? (...) Et les bleus que j'ai eus (...) Pauvre merde, va!", a rugi Lolita.

Aux yeux de Rançon, c'est un peu à cause de Lolita qu'il est dans le box des accusés. L'empreinte génétique prise à l'occasion de cette condamnation a été l'un des éléments permettant son identification comme le "tueur de la gare".

"Même si j'ai été violentée, il ne fera plus de mal à personne, c'est tant mieux", a estimé Lolita.

Auparavant, Sylvia a raconté à la Cour comment Rançon l'avait amenée plusieurs fois sur le terrain vague, où a été découverte l'une des victimes, atrocement mutilées.

"Nous sommes allés une dizaine de fois sur ce terrain vague (...), pour discuter, parfois pour nous faire des bisous", a témoigné cette femme qui a vécu avec l'accusé en 1998, au cours de sa "période d'intensité criminelle", selon la formule du président de la Cour, Régis Cayrol.

C'est sur ce terrain que le cadavre de Moktaria Chaïb, tuée le 20 décembre 1997, avait été découvert atrocement mutilé.

"C'était un endroit qui avait de l'importance pour lui. Il se sentait plus calme là-bas", a ajouté cette quinquagénaire belge qui a stoppé sa relation quand l'accusé a été interpellé à sa stupéfaction pour une affaire d'agression sexuelle en août 1998.

"Je ne suis jamais retourné là-bas. Elle confond d'endroit", a démenti Rançon. "Êtes-vous sûr ? Elle a parfaitement reconnu les lieux", a rétorqué M. Cayrol.

Le verdict est attendu le 26 mars.

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