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14 juillet apaisé en vue, un an après la brouille entre Macron et l'armée

Un an après la crise ouverte entre Emmanuel Macron et son chef d'état-major sur des questions budgétaires, qui avait provoqué le départ de ce dernier, l'orage est passé même si la méfiance reste: les armées défileront ce 14 juillet fortes de la promesse de moyens accrus.

"Je suis votre chef", avait froidement martelé, le 13 juillet 2017, le président nouvellement élu devant un parterre de hauts gradés dans les jardins du ministère des Armées, après les critiques émises par le général Pierre de Villiers sur les économies de 850 millions d'euros imposées à la défense.

Le lendemain de ce violent recadrage, le chef d'état-major assistait, visage fermé, au traditionnel défilé militaire donné pour la fête nationale aux côtés du président. Quelques jours plus tard, il quittait son bureau sous les applaudissements nourris de ses subordonnés, choqués par l'humiliation publique infligée à leur chef.

"Ce qui reste (de cet épisode) à mon sens dans les armées aujourd'hui, c'est cette agression verbale du président de la République sur le chef d'état-major", jugeait dimanche sur France Culture Jean-Louis Georgelin, lui-même chef d'état-major de 2006 à 2010.

- Crédits en hausse -

Un an plus tard, la relation entre Emmanuel Macron et ses armées semble s'être détendue. Le Parlement a approuvé en juin la Loi de programmation militaire 2019-2025, qui prévoit près de 300 milliards d’euros de crédits cumulés pour atteindre 2% du produit intérieur brut (PIB) d'ici sept ans.

Le budget de la défense doit bénéficier d'une hausse de 1,7 milliard d'euros par an jusqu'en 2022, avant des "marches" de 3 milliards par an à partir de 2023.

Le plus gros de la hausse budgétaire se trouve ainsi repoussé après le quinquennat en cours, soulignent avec scepticisme nombre de parlementaires et de militaires, qui promettent d'être très vigilants quant à la stricte exécution de la LPM.

"Le coup de rabot, c'est fini", assure de son côté la ministre des Armées Florence Parly, en vantant "des moyens en croissance exceptionnelle" après des années de sous-financement des armées, épuisées par de lourds engagements au Sahel (opération Barkhane), au Levant (Chammal) et dans l'Hexagone (Sentinelle).

"C'est la première Loi de programmation militaire en croissance depuis la fin de la Guerre froide. Et ce n'est pas une petite mais une forte hausse, puisque sur sept ans, c'est plus de 30% de progression des moyens qui ont été votés", a-t-elle fait valoir mercredi à l'AFP, en marge de la répétition générale du défilé sur les Champs-Elysées.

L'exécutif a également lancé un plan d'amélioration de la condition militaire avec des mesures en faveur des familles, un point sensible pour le moral des troupes.

- Rencontre public/armée -

Dans ce climat plus serein, l'édition 2018 du défilé du 14 juillet rendra un hommage particulier aux forces mobilisées pour secourir les habitants des Antilles, frappées l'an dernier par l'ouragan Irma.

Après le président américain Donald Trump l'an dernier, le Premier ministre singapourien Hsien Loong et le ministre des Affaires étrangères japonais Taro Kono seront les invités d'honneur du chef de l'Etat, alors que la France a entrepris de renforcer ses liens militaires en Asie-Pacifique.

Avant le défilé à pied, 64 avions perceront le ciel parisien, dont les Alphajet de la prestigieuse Patrouille de France avec à leur bord trois blessés de guerre.

L'astronaute Thomas Pesquet volera au-dessus du public à bord d'un Rafale, pendant que défilera sur le bitume l'une des quatre premières femmes à servir à bord d'un sous-marin nucléaire français. Cette exigeante filière était jusqu'ici le dernier bastion non mixte de la Marine.

Dans l'après-midi, sur l'esplanade des Invalides, le public pourra rencontrer les militaires défilants et voir de près leurs hélicoptères et blindés, ou encore tester leur endurance au fil d'un parcours du combattant... gonflable. Les volontaires pourront également donner leur sang, au profit du centre de transfusion des armées.

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