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65.000 ou 16.000? Débat sur le nombre de jeunes en attente sur Parcoursup

65.000 ou seulement 16.000? Le nombre exact de candidats en attente d'une place dans l'enseignement supérieur fait débat, alimentant les interrogations sur la plateforme Parcoursup à l'approche de la rentrée.

Combien de jeunes sans affectation?

Selon les chiffres du ministère actualisés quotidiennement, 65.223 des 812.000 jeunes initialement inscrits sur Parcoursup n'ont pas encore d'affectation dans l'enseignement supérieur pour la rentrée.

Le ministère considère que seuls 16.106 d'entre eux recherchaient encore activement une place tandis que les 49.117 restants seraient "inactifs".

Depuis le 23 juillet, Parcoursup a introduit ce distinguo entre les candidats.

Les "inactifs", précise Jérôme Teillard, chef du projet Parcoursup au ministère de l'Enseignement supérieur, sont ceux qui n'ont pas répondu aux sollicitations les invitant à s'inscrire en phase complémentaire (faire dix nouveaux voeux pour des places encore disponibles) ou à avoir recours à un accompagnement personnalisé en saisissant la commission académique d'accès à l'enseignement supérieur (CEAS).

Cette dernière étudie les cas des élèves, leur fait de nouvelles propositions et peut leur allouer des aides à la mobilité. Il ne s'agit pas de revenir sur les réponses faites lors de la première phase de Parcoursup (refus ou liste d'attente), sauf dans des cas très particuliers (handicap, sportifs de haut niveau, etc).

Les candidats "inactifs" ont reçu "plusieurs messages, et depuis le 7 juillet, au lendemain des résultats du bac, ne se sont pas manifestés", assure M. Teillard.

En s'appuyant sur cette distinction, la ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal n'évoque dans les médias que le chiffre de 17.000 candidats "actifs" lorsqu'elle est interrogée sur Parcoursup.

Pour les détracteurs de la plateforme, cette différenciation minimise toutefois le nombre de candidats "recalés" et fait peser sur leurs épaules la responsabilité de leur situation.

Quel est le suivi des candidats en attente ?

"Tous les jeunes en attente ont été contactés", martèle Jérôme Teillard. "Ils sont tous reçu un message du rectorat" via la messagerie de Parcoursup.

Selon lui, les "inactifs" regroupent des jeunes acceptés dans des formations hors Parcoursup, comme les écoles d'infirmiers ou les différents Sciences-Po, ou qui ont d'autres projets (service civique, études à l'étranger...) mais qui ne sont pas retirés de la plateforme et ne figurent donc pas parmi les 156.849 jeunes qui l'ont officiellement quittée.

Mais, selon l'étudiant-ingénieur Guillaume Ouattara, blogueur du Monde qui a fait une analyse de plusieurs algorithmes de Parcoursup, certains candidats "ne sont pas au courant qu'ils doivent contacter le rectorat ou n'ont pas trouvé de formation satisfaisante sur la procédure complémentaire".

Parmi eux, Nathan Serny, 19 ans, bachelier en 2016. Le lycéen contacté par l'AFP dit avoir essuyé six refus et être en attente de réponse pour trois formations en BTS. Il affirme n'avoir reçu aucun courriel de relance de Parcoursup. C'est lui, de sa propre initiative qui aurait contacté le rectorat, d'abord par courriel, sans obtenir de réponse, puis par téléphone.

"Ils m'ont mis en contact avec une conseillère qui m'a dit qu'elle ne pouvait pas faire grand chose pour moi. Mon profil de bac pro +système électronique numérique+ ne correspond pas aux formations qu'on me propose. Quant aux formations privées proposées, je n'ai pas les moyens". Nathan s'est mis en quête d'un emploi.

Y a-t-il plus de jeunes en attente que l'année dernière ?

"C'est la première année qu'on comptabilise les inactifs en tant que tels", indique-t-on au ministère.

Jimmy Losfeld, président de la Fage, premier syndicat étudiant (pro-réforme), estime que, lors des précédentes années, il y avait toujours "entre 50.000 et 60.000 étudiants qui disparaissaient" du système.

Fin juillet 2017, un peu plus de 65.000 jeunes inscrits sur l'ancienne plateforme d'admission post-bac, la très décriée APB, étaient ainsi sans affectation à l'université.

"On reste dans les mêmes ordres de grandeur. Des jeunes qui sont encore sans place en août, ça arrive depuis des années. La ministre a pris un engagement, elle doit le respecter : faire en sorte que ces jeunes ne soient pas sur le carreau et leur trouver une place", assure-t-il.

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