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A dix jours des municipales, La République en marche en pleines turbulences

Campagnes compliquées, entre-deux tours incertains et, déjà, remise en cause du leadership: à quelques jours des municipales, le mouvement présidentiel entre dans une zone de turbulences et l'après-scrutin s'annonce douloureux.

Si l'objectif, modeste, de passer de 2.000 conseillers municipaux à 10.000 au soir du deuxième tour, le 22 mars, est toujours jugé atteignable, c'est la gestion de l'entre-deux tours qui inquiète désormais l'état-major de LREM, lorsqu'il s'agira de choisir entre maintiens de liste, retraits ou fusions, selon des possibilités d'alliances variées.

A Paris, l'idée poussée par certains cadres du parti d'un front anti-Hidalgo qui passerait par une alliance avec Rachida Dati (LR) a fait pousser des cris d'orfraie. "Moi, jamais on ne me fera voter Dati. Et si c'est ça, je pars", prévient un député marcheur issu du PS.

D'éventuels rapprochements entre marcheurs et écologistes, prônés par d'aucuns dans certaines villes, y compris la capitale, provoquent les mêmes réticences et divisions. "Les écolos? Mais on voit que ce sont des Insoumis déguisés, on n'a rien à voir avec ces gens-là", tacle une figure de la macronie, issue de LR.

Dès lors, "le risque, c'est que ça pète", prophétise un responsable, qui admet que le mouvement présidentiel s'apprête à vivre "peut-être la crise la plus grave de son existence", à l'occasion de ces municipales.

A la tête de La République en marche, les rapports entre le numéro un, Stanislas Guerini, et son adjoint, Pierre Person, se sont d'ailleurs considérablement refroidis, notamment après qu'une tentative de rapprochement entre Cédric Villani et Agnès Buzyn - ardemment défendue par M. Person - eut échoué.

En creux, certains veulent voir dans cette défaite annoncée l'occasion pour l'aile gauche du parti, qui a déjà profité du recours au 49.3 pour hausser le ton, de porter sa voix - et s'en prendre, par ricochet, à son promoteur, Édouard Philippe.

- "Plein la gueule" -

"Des gens qui sortent tout d'un coup pour faire de la politique politicienne? Ils ne jouent pas seulement contre leur camp, ils jouent contre le président de la République", s'offusque un ministre. "Ils se croient encore à l'Unef", renchérit un proche de la direction de LREM, en référence au syndicat étudiant dont sont issus ces francs-tireurs à qui l'on prête des volontés de prise du parti.

Visée? La "bande de Poitiers", ces anciens Jeunes avec Macron devenus députés - Pierre Person, Sacha Houlié, Guillaume Chiche, Aurélien Taché -, ou eurodéputé, en l'occurrence Stéphane Séjourné, autrefois conseiller à l'Elysée.

"On sait que ça va tanguer à la suite des municipales. Stanislas Guerini va en prendre plein la gueule. Mais il a été élu en 2018 pour trois ans et il ira jusqu'au bout", prévient l'un de ses proches, qui rappelle qu'Emmanuel Macron a apporté un soutien appuyé au numéro un de LREM lorsqu'il a reçu les députés de la majorité à l'Élysée le mois dernier.

Autre cible de critiques toujours plus acerbes, la Commission nationale d'investiture du parti, jugée incapable d'empêcher les dissidences et responsable de la Bérézina annoncée. "Je le vis bien", sourit la co-présidente de la CNI, Marie Guévenoux, qui dit savoir "qu'on s'expose, en cas de défaite, à en être tenu pour responsable".

Un ministre résume la guérilla à venir: "Les députés diront que les municipales, ce sera la faute du Premier ministre car il est trop à droite; la faute de Gilles Le Gendre - patron des députés LREM - car il n'a pas d'autorité; et la faute de Guerini car il dirige mal le parti".

En petit comité, un député lui donne raison: "J'espère qu'ils savent faire de la politique. Parce que quand on va solder les comptes, on ne sera pas tendre".

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