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À Paris, un grand débat de 12 heures, en forme de marathon

"Vous avez deux minutes" : les Parisiens, longtemps spectateurs des manifestations des "gilets jaunes" dans leur ville, entendent pour autant faire entendre leurs doléances, à l'instar du millier de participants réunis vendredi à l'Hôtel de Ville pour un débat marathon de douze heures.

"Très positivement surpris" par une discussion "constructive", Florian, à sa sortie, est satisfait des deux premières heures de discussions. "On n'a pas entendu une seule fois le slogan +Macron démission+ que scandent les +gilets jaunes+", relève ce fonctionnaire de 29 ans, auprès de l'AFP.

Installés sous des lustres imposants, dans l'hémicycle où siègent d'habitude les élus de la capitale, ils abordent "la justice sociale et fiscale, le souhait de préserver et renforcer les services publics à Paris, la lutte contre la pauvreté, les violences sexuelles ou policières, et la transition écologique", égrène-t-il.

Même son de cloche pour Christine, 73 ans, qui se dit "agréablement surprise par la parole structurée des uns et des autres, que personne tente d'imposer ses idées".

De midi à minuit, près de 1.000 Parisiens, essentiellement des personnes âgées, se succèdent toutes les deux heures pour décliner leurs doléances et partager leurs analyses.

"Cahier de doléances", 12 heures de débat à l'Hôtel de Ville, formation de 600 volontaires chargés d'organiser dans leurs quartiers des débats, ou bus itinérant : les initiatives se multiplient jusqu'en mars à Paris, dans le cadre du débat national lancé par Emmanuel Macron pour répondre à la crise des "gilets jaunes".

Mais Christine n'a pour autant "pas confiance en la restitution qui sera faite", comme 62% de Français qui se disent persuadés que l'exécutif ne prendra pas en compte les doléances exprimées sur le papier, en ligne ou lors de débats, selon un récent sondage OpinionWay pour LCI-Le Figaro-RTL.

- "Une volonté de prendre place" -

"Ils parlent énormément de fiscalité", relève l'adjointe chargée de la démocratie locale à la maire de Paris, Pauline Véron, qui supervise le débat. "Certains ont le sentiment d'avoir été niés, méprisés", rapporte l'élue, "marquée par certains témoignages emplis d'émotion".

Si peu de Parisiens font partie des +gilets jaunes+, un nombre croissant d'entre eux prennent place dans le débat, selon plusieurs élus de la capitale.

"Jusque fin 2018, on a eu le sentiment que Paris était le théâtre des grandes manifestations, et que les Parisiens étaient spectateurs", estime François Dagnaud, maire du XIXe arrondissement de Paris.

Or, "il y a une volonté de participer au débat, prendre place", selon le socialiste. Il en veut pour preuve la participation croissante des habitants de son arrondissement, qui se succèdent pour venir écrire sur le cahier de doléances mis à disposition depuis le 20 décembre.

Dans ces messages, "il est beaucoup question des retraités, du pouvoir d'achat", détaille à l'AFP le maire. Or, toutes les thématiques peuvent être abordées, à l'exception de celles touchant aux droits humains (mariage, IVG, peine de mort)", a précisé la mairie, dans la droite ligne des préconisations de l'exécutif.

"J'ai manifesté (avec les gilets jaunes) et au bout de la troisième manifestation, j'ai arrêté", explique à l'AFP une jeune étudiante, sous couvert d'anonymat."Je n'y crois plus", lâche cette jeune femme, qui est venue "parler logement". "C'est un sujet d'actualité ... les prix des logements sur Paris ont explosé, l'habitat n'est pas à la portée de tous. Avec nos petites bourses, on n'y arrive plus."

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