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Abus sexuels: il y a un "trouble profond" au sein de l'Eglise, selon le président des évêques de France

Un "trouble profond" s'est emparé de beaucoup au sein de l'Eglise, a affirmé mardi le président de la Conférence des évêques de France (CEF), qui assure aux victimes d'agressions sexuelles qu'"un pas a été franchi".

"Il n’est pas étonnant qu'un trouble profond se soit emparé de beaucoup : évêques, prêtres, personnes victimes, religieux, religieuses, fidèles, laïcs, observateurs de la vie en société", a déclaré Mgr Georges Pontier, lors de l'ouverture de l'assemblée plénière de printemps de la CEF réunie à huis clos à Lourdes, selon un discours retransmis sur KTO TV.

Il a cité les différents rebondissements concernant le cardinal Barbarin, qui n'est pas présent à Lourdes: sa récente condamnation à six mois de prison avec sursis pour non-dénonciation d'agressions sexuelles, l'appel formé par ses avocats, la décision du Pape François d'attendre "la fin du processus judiciaire" pour statuer sur sa demande de démission, "les réactions vives de certaines victimes d'abus"...

"Tout cela marque nos Eglises diocésaines", a-t-il admis, ajoutant à ce tableau la diffusion récent d'un reportage sur Arte montrant "l'horreur vécue par des religieuses agressées par des prêtres diocésains ou religieux".

Aux victimes, Mgr Pontier a assuré "qu'un pas a été franchi". "Nous avons pleine conscience de notre responsabilité par rapport aux enfants et aux jeunes que l'Eglise accueille, ainsi qu’à l'égard des personnes déjà victimes. Nous ne reviendrons pas en arrière", a-t-il dit.

En novembre, la précédente assemblée avait voté le principe de la création d'une commission chargée de faire la lumière sur les abus sexuels dans l'Eglise.

Le sujet de la pédocriminalité sera abordé lors de cette session plénière, mais il n'y a pas d'annonce à attendre, a déjà prévenu la CEF. Un point doit simplement être fait sur quatre chantiers lancés en novembre: la prévention, la parole des victimes, les mesures à prendre contre les agresseurs et l'indemnisation des victimes.

"Sur ces deux derniers points, on ne sera pas encore tout à fait prêts" pour prendre des décisions, a affirmé Mgr Pontier à Vatican News. Une éventuelle réparation financière est l'une des mesures les plus attendues par les associations de victimes, qui butent souvent sur la prescription des faits.

Dans son discours d'ouverture, Mgr Pontier a par ailleurs fait le constat d'une société "traversée par des remous profonds, voire violents : les liens organiques de solidarité et de fraternité sont à la peine". Dans ce contexte, il a appelé à ce que les décisions à venir en matière de bioéthique n'ajoutent pas "à ces remous".

L'assemblée plénière, qui rassemble environ 120 évêques jusqu'à vendredi, doit procéder à l'élection d'un nouveau président, le mandat de Mgr Pontier arrivant à échéance au 1er juillet.

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