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Accusations de viol: un politique sud-coréen influent démissionne

Un homme politique influent en Corée du Sud a démissionné mardi de son poste de gouverneur et annoncé son retrait de la vie politique après avoir été accusé par une collaboratrice de multiples viols, une spectaculaire tombée en disgrâce dans la déferlante #MeToo.

Ahn Hee-jung était arrivé deuxième l'année dernière dans la course à l'investiture du Parti démocratique pour la présidentielle, derrière le futur vainqueur Moon Jae-in, et était considéré par certains comme son successeur possible.

C'est la personnalité la plus importante de Corée du Sud à être emportée par le mouvement contre les abus sexuels qui traverse la Corée du Sud comme le reste du monde.

Kim Ji-eun, devenue collaboratrice de M. Ahn pour les affaires civiles après avoir été son assistante personnelle, l'a accusé de l'avoir violée quatre fois depuis son embauche en juin.

Le pire, a-t-elle raconté à la télévision JTBC, c'est quand il l'avait convoquée dans son bureau le 25 février pour s'excuser de lui avoir fait du mal. Il avait alors évoqué le mouvement #MeToo.

"Et puis il m'a violée à nouveau", a-t-elle déclaré en retenant ses larmes. Elle l'a également accusé d'avoir agressé sexuellement d'autres femmes.

"Il me disait toujours de ne pas exprimer mes opinions, et de vivre dans son ombre. Je ne pouvais pas lui dire non car je savais combien il était puissant".

- en tête -

Après cette interview, le Parti démocratique au pouvoir a expulsé M. Ahn avec effet immédiat. Quelques heures plus tard, il annonçait qu'il démissionnait de son poste de gouverneur de la province de Chungcheong Sud et qu'il se retirait de la vie publique.

"Je présente mes excuses à tout le monde, et spécialement à Mlle Kim Ji-eun", a-t-il dit sur Facebook. "Je lui demande de me pardonner mes agissements stupides, tout était de ma faute".

Il s'agit d'une dégringolade spectaculaire pour M. Ahn. Il bénéficiait jusqu'alors d'une énorme cote de popularité auprès de la jeunesse de gauche grâce à son image d'honnêteté et un physique avenant qui lui a valu le surnom d'"EXO de Chungcheong Sud", en référence à un boys band de la K-pop.

M. Ahn, qui fait figure de "jeune" sur la scène politique vieillissante de Corée du Sud, a aussi été comparé à l'ancien président américain Barack Obama.

Un gouvernorat est considéré comme un bon tremplin pour une candidature présidentielle en Corée du Sud alors que les conservateurs ne se sont toujours pas remis du vaste scandale de corruption qui a défait l'ancienne présidente Park Geun-hye.

Juste avant les accusations de Mme Kim, M. Ahn était monté au créneau pour défendre publiquement la campagne #MeToo.

- 'peur' -

Cette affaire a déclenché la fureur des réseaux sociaux. "Choc, colère. Aucun mot ne peut décrire ce que nous ressentons tous aujourd'hui", disait un internaute.

Selon les médias, un ancien partisan de M. Ahn a été arrêté pour avoir lancé une batte de baseball contre son domicile lundi soir et cassé une vitre.

Le mois dernier, le président Moon a apporté son soutien à la campagne anti-harcèlement, réclamant des mesures pour lutter contre les abus et punir les auteurs.

Plusieurs Sud-Coréennes ont fait les gros titres ces derniers temps en accusant des personnalités d'agressions sexuelles. Mais bon nombre de victimes ont peur de témoigner à cause du risque de stigmatisation et de harcèlement en ligne.

Mme Kim a expliqué qu'elle avait choisi de parler car elle craignait pour sa sécurité personnelle. "J'ai peur de tous les changements qui pourraient arriver dans ma vie après ces révélations mais j'ai encore plus peur du gouverneur Ahn Hee-jung".

La police sud-coréenne a annoncé avoir contacté les avocats de Mme Ahn ainsi que l'ouverture d'une enquête préliminaire. Elle a aussi déclaré qu'elle assurerait sa sécurité personnelle.

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