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Accusé de viols, Georges Tron clame son innocence même s'il n'est pas "un saint"

Pour ses premières explications devant la cour d'assises qui le juge depuis trois semaines, l'ancien secrétaire d'Etat Georges Tron a admis lundi ne pas être "un saint" mais a clamé son innocence face à deux ex-employées de sa mairie de Draveil qui l'accusent de viols.

Ces deux femmes, Virginie Ettel et Éva Loubrieu, accusent M. Tron et son ancienne adjointe à la Culture Brigitte Gruel de leur avoir imposé des attouchements et des pénétrations digitales entre 2007 et 2010 lors de relations à trois.

"Je n'ai jamais eu la moindre relation sexuelle avec Mme Gruel. Je n'ai jamais eu dans ma vie sexuelle des scènes à trois, à quatre", déclare Georges Tron, dos droit, voix forte, col de chemise ouvert sous sa veste sombre.

Entendue elle aussi lundi pour la première fois sur le fond, Brigitte Gruel a elle aussi nié toute relation intime avec son co-accusé et les deux plaignantes. Cette affaire avait contraint Georges Tron à démissionner de son poste de secrétaire d'État à la Fonction publique en mai 2011.

Face aux accusés, le président de la cour d'assises, Philippe Coirre, met en garde : plusieurs témoins ont rapporté qu'il y avait un "climat sexualisé" à la mairie "qui pourrait rendre plausibles les scènes décrites" par les plaignantes.

Le maire (LR) de Draveil depuis 1995 reconnaît uniquement un "flirt" avec une ex-attachée parlementaire et une relation extraconjugale - toujours en cours - avec son adjointe à l'Urbanisme Sylvie Doncarli.

"Je n'ai jamais essayé de passer pour un saint. Cette affaire m'a conduit à voir toute ma vie personnelle étalée sur la place publique. Je ne me flatte pas d'avoir trahi la confiance de mon épouse".

Son audition doit se poursuivre mardi.

- Dossier contre les plaignantes -

A tour de rôle, le président de la cour d'assises, l'avocat d'Eva Loubrieu, Loïc Guérin, et l'avocat général ont rappelé à Mme Gruel qu'elle peut se désolidariser du maire.

"Il n'est jamais trop tard pour revenir sur certaines déclarations, avouer des choses", glisse Me Guérin.

L'avocat général lui demande de le regarder dans les yeux, disant avoir vu chez elle "des larmes de culpabilité, de culpabilité morale" lorsqu'une plaignante avait décrit une agression alléguée.

"Je pleurais pas sur Virginie (Ettel), je pleurais sur ma famille", tranche Brigitte Gruel.

Les accusés déplorent le retentissement de l'affaire pour eux et leurs proches. Georges Tron dit avoir traversé "des moments de profond découragement" après sa démission du gouvernement Fillon, mais décidé "très rapidement" de se battre.

Le président l'interroge sur une démarche de septembre 2011, pouvant être interprétée, souligne-t-il, comme un signe d'"affolement".

Dans un courrier, Georges Tron demandait au secrétaire d'Etat au Commerce extérieur Pierre Lellouche d'accélérer un remboursement de TVA pour une société. Or cela correspondait à la demande d'un intermédiaire qui avait voulu monnayer un enregistrement pirate d'Eva Loubrieu.

Pour la défense, cet enregistrement accrédite la thèse d'un complot politique. On y entend la plaignante dire : "J'ai toute la machine du FN aussi derrière".

Georges Tron affirme avoir écrit à Pierre Lellouche à la demande de son avocat de l'époque "sans connaître la finalité".

Et pourquoi constituer, après leurs départs de la mairie et avant leurs plaintes, un dossier contre les accusatrices ?

"Ces pièces pourraient donner le sentiment que vous aviez quelque chose à craindre et anticipé une espèce de contre-feu", remarque le président.

"Je n'avais rien à me reprocher", rétorque Brigitte Gruel, disant avoir simplement conservé le dossier à la demande du maire. "Je suis un bon petit soldat".

Georges Tron explique qu'il avait eu vent, peu après son arrivée au ministère au printemps 2010, que Virginie Ettel "répandait des calomnies".

"J'ai demandé à mon chef de cabinet au ministère de regarder tout cela de près", justifie-t-il. "Quand les calomnies sont répandues, on voit bien l'effet que ça peut avoir... Et l'effet que ça a eu."

Le procès, qui s'est ouvert le 23 octobre devant les assises de Seine-Saint-Denis, est entré dans sa quatrième et dernière semaine. Le verdict est attendu jeudi.

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