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Affaire Fiona: Cécile Bourgeon de retour mais sans dissiper le brouillard

Avec la fin du boycott du procès par la mère de Fiona, les accusés ont repris mardi leur affrontement tandis que de nouveaux témoignages ont abordé des hypothèses inédites devant les assises de la Haute-Loire.

En début de matinée, Cécile Bourgeon a fait son retour dans le box des accusés après avoir refusé de comparaître, à la suite d'une histoire d'apéritif.

Elle avait en effet refusé vendredi et lundi d'être extraite du dépôt du tribunal, après avoir été informée que le président de la cour d'assises de Haute-Loire, Étienne Fradin, avait pris deux jours plus tôt un verre avec certains avocats de l'affaire, dans un hôtel du Puy-en-Velay.

Une "rencontre inopportune" pour la défense de Cécile Bourgeon qui a formulé une nouvelle demande de renvoi, refusée lundi par la cour.

Mardi, les débats ont tenté d'éclaircir les faits avec l'audition d'enquêteurs et d'experts légiste et toxicologue.

Interrogée sur la présence d'un hématome sur la tempe gauche de Fiona, camouflé par un bandeau quelques jours avant sa mort comme l'ont montré des images de vidéosurveillance d'un cinéma, elle a expliqué - pour la première fois - que la fillette avait été victime de "deux coups" au même endroit.

Tel un disque rayé, son ex-compagnon Berkane Makhlouf a réitéré qu'il n'avait jamais "levé la main sur Fiona", lui demandant une nouvelle fois d'arrêter son "cinéma".

Et de susciter une première passe d'armes depuis le début du procès entre les anciens partenaires. "Et la fois où je suis rentrée à la maison, tu m'as dit : +C'est pas moi, elle s'est tapée contre un mur. Ca aussi, c'est faux, peut-être ? " lui rétorque ad hominem Cécile Bourgeon, en le fixant d'un regard noir.

"Arrête un peu. Je ne me victimise pas, je parle de Fiona là. Arrête de sniffer ton traitement. C'est intenable. Là, je t'entends parler, tu t'en mets plein le nez", poursuit Cécile Bourgeon, les yeux dans les yeux.

- Corps calciné ? -

Très remontée, elle s'est aussi emportée contre un conseil du père de la fillette, Me Jean-François Canis, sur le banc des parties civiles, et qui avait défendu un homme condamné en appel à 12 ans de réclusion en février dernier pour l'avoir violée.

"Quand je vous vois, je vois mon violeur. Vous n'êtes pas là pour Fiona, vous êtes là pour vous venger", lui lance-t-elle.

Mais sur les faits eux-mêmes, l'audience n'a pas encore permis de dissiper le mystère entourant les circonstances de la mort. Tout juste la mère de la fillette a semblé exclure à demi-mots que l'ingurgitation de produits stupéfiants ait pu causer la mort de Fiona. "J'ai des doutes", dit-elle à Me Marie Grimaud, écartant alors cette hypothèse et privilégiant un décès consécutif à des coups.

En première instance, en 2016 à Riom (Puy-de-Dôme), la thèse de l'accident mise en avant par la défense avait été longuement discutée par les parties, sans être définitivement écartée.

Cécile Bourgeon avait été condamnée à cinq ans de prison pour avoir fait croire à un enlèvement de la fillette, mais elle avait été acquittée des faits criminels. Son ex-compagnon Berkane Makhlouf avait, lui, écopé de 20 ans de réclusion pour avoir porté des coups mortels à Fiona, que le couple dit avoir enterrée près de Clermont-Ferrand.

Mardi, les accusés ont également fait face à une nouvelle hypothèse portée par la même avocate, selon laquelle la fillette aurait été "violée" par un membre de la famille, et "brûlée", raisons pour laquelle on ne retrouverait pas son petit cadavre.

Cette hypothèse s'appuie sur les propos d'un "indic" de la prison de Lyon Corbas, où est incarcérée Cécile Bourgeon, à des enquêteurs venus témoigner pour la première fois à la barre.

"Honnêtement, là je suis choquée. C'est totalement tordu. Je suis sidérée, c'est le délire total", réagit Cécile Bourgeon face à ces assertions qui auraient pu servir d'électrochoc. Et Berkane Makhlouf de lancer: "Là, on s'écarte vraiment".

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