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Violences envers les forces de l'ordre: Collomb face à la colère des syndicats

Le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb fait face à une colère grandissante des syndicats policiers ulcérés par l'agression de deux leurs collègues à Champigny-sur-Marne et, plus généralement, par les violences commises contre les forces de l'ordre.

Face à l'émotion et la colère suscitées par l'agression filmée, et largement diffusée sur les réseaux sociaux, des deux fonctionnaires, la nuit de la Saint-Sylvestre, le ministre reçoit mercredi les représentants policiers qui attendent davantage que de la "compassion", selon Christophe Rouget, porte-parole du syndicat des cadres de la sécurité intérieure (SCSI-CFDT).

"On attend qu'il porte jusqu'au président de la République, la volonté de mettre fin à l'impunité", renchérit Patrice Ribeiro, secrétaire général de Synergies-Officiers.

Cette question des violences envers les forces de l'ordre est très sensible dans une police encore marquée par l'attaque aux cocktails Molotov de deux policiers en octobre 2016 à Viry-Châtillon (Essonne), qui avait entraîné des manifestations inédites de "policiers en colère" et de leurs compagnes.

Après l'agression de Champigny (Val-de-Marne), de nouveaux rassemblements ont été à nouveau organisés partout en France en ce début d'année 2018, avec une affluence à géométrie variable. Comme encore mardi notamment à Reims, Orléans, Montpellier, Béziers, Toulouse ou Nîmes, avec quelques dizaines de participants à chaque fois.

"Les réponses pénales ne sont pas à la hauteur", appuie M. Ribeiro. "Il faut une certitude de la sanction. Le nœud gordien c'est le sentiment d'impunité. S'ils s'en prennent aux policiers, c'est qu'ils savent qu'ils ne risquent rien."

A l'instar du syndicat de gardiens de la paix Alliance, Synergies réclame le retour des peines planchers ou la suppression des aménagements de peine pour les personnes reconnues coupables d'agressions envers les forces de l'ordre.

Ces revendications relayées par l'opposition de droite au gouvernement, avec par exemple le lancement d'une pétition du parti Les Républicains pour "le rétablissement des peines planchers", n'ont, pour l'heure, pas trouvé d'écho auprès du gouvernement. Le Premier ministre Édouard Philippe a ainsi affirmé se "méfier" des "réactions qui passeraient par un élément législatif".

- "Réponse forte" -

Elles ne font pas non plus l'unanimité dans l'univers syndical policier.

"Il faut appliquer ce qui est prévu par la loi", assure le secrétaire général de l'Unsa-police, Philippe Capon. "Les actions violentes à l'encontre des forces de l'ordre doivent faire l'objet d'une réponse pénale forte et leurs auteurs (doivent être) condamnés à de lourdes peines sans pouvoir se prévaloir de circonstances atténuantes", affirme le syndicaliste.

Mardi, lors des vœux du syndicat Unsa-Police, Gérard Collomb a promis "une réponse forte" dans l'affaire de Champigny. Il a également affirmé que "l'effectivité de la réponse pénale en cas de violences commises envers un fonctionnaire de police" était pour lui, comme pour la garde des Sceaux Nicole Belloubet, "une priorité".

Selon le ministère de la Justice, le taux de réponse pénale est déjà de 95% en cas de violences commises par un majeur contre une personne dépositaire de l'autorité publique, soit 12% de plus que dans les autres cas de violence.

Au-delà des assurances du ministre et des chiffres de la Chancellerie, les syndicats mettent en garde le gouvernement contre les risques que le climat actuel fait peser sur la grande réforme de la police de sécurité du quotidien (PSQ), dont l'expérimentation doit débuter début février.

"La réussite de la PSQ sera remise en cause s'il n'y a rien de concret sur la procédure pénale et si la police ne peut pas se faire respecter dans certains endroits. La base des rapports police-population, c'est le respect de la police", analyse M. Capon.

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