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Agressions sexuelles: La Parole Libérée veut recenser toutes les victimes pour mieux agir

Recenser toutes les victimes d'agressions sexuelles, au-delà de la seule pédophilie dans l'Eglise, pour mieux les accompagner: c'est le nouveau projet de La Parole libérée, association à l'origine des révélations sur le scandale qui a secoué le diocèse de Lyon.

Pour mener à bien cette "mission d'utilité nationale et publique" à partir de 2020, l'association, tout en conservant son statut, compte lever 1,3 million d'euros auprès des pouvoirs publics, de fondations, d'ONG et via une collecte participative sur internet lancée ce jeudi sur la plateforme KissKissBankBank.

Ce premier budget lui permettrait de salarier 10 personnes et de lancer son activité, prévue pour l'instant sur cinq années avec une augmentation progressive des financements.

Après le procès du cardinal Philippe Barbarin, condamné pour ne pas avoir dénoncé les abus d'un prêtre du diocèse, et la sortie d'un film de François Ozon sur l'affaire, La Parole Libérée, qui a vu le jour à Lyon à la fin 2015, souhaite tourner une page en élargissant son champ d'action.

"Les agressions sexuelles ne se limitent pas à la pédophilie dans l'Église, dont nous n'attendons plus rien par ailleurs car elle n'a pas été un interlocuteur fiable. Le temps est venu de s'adresser à d'autres pour amener la société et nos institutions à répondre bien plus efficacement à cette pandémie", explique l'un des fondateurs, François Devaux.

Forte de sa notoriété et d'un millier de témoignages déjà collectés en trois ans, après plusieurs décennies de silence parfois, l'association ambitionne de "mettre en œuvre une prise en charge nationale unique, complète et personnalisée des victimes d'abus sexuels".

Pour recueillir leur parole et proposer un accompagnement thérapeutique, juridique et social, l'association prévoit de s'associer à deux partenaires - un pour les adultes, un pour les mineurs - et d'ouvrir 13 antennes, une par région, dont elle serait la "tête de réseau". Une enveloppe de 250.000 euros est prévue pour financer l'ouverture des trois premières.

La collecte de chaque témoignage donnera lieu à un contact direct avec la personne, en présence d'un juriste et d'un psychiatre, pour en garantir la crédibilité. Elle permettra parallèlement de réaliser un travail de recensement statistique pour mesurer l'ampleur du phénomène, identifier ses mécanismes et évaluer ses conséquences en termes de santé publique.

"L'idée, c'est de faire comme on a fait pour la Prévention routière dans les années cinquante. On s'est mis à remplir des fiches à chaque accident, pour savoir comment agir afin d'en réduire la fréquence", compare M. Devaux.

Hasard de la comparaison, le premier comité départemental de Prévention routière, à l'époque, se tint aussi à Lyon. L'association fut reconnue d'utilité publique cinq ans plus tard.

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