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Air France: la nouvelle direction rouvre le chapitre des discussions sur les salaires

Benjamin Smith, le nouveau patron d'Air France, a rencontré lundi pour la première fois l'intersyndicale de la compagnie, une réunion qualifiée de "franche et directe" par les représentants du personnel, qui appellent à une revalorisation rapide des salaires après une série de grèves sur ce thème et le départ du précédent patron du groupe.

L'ex-numéro deux d'Air Canada a décidé de faire sa priorité de la résolution du conflit social qui agite la compagnie aérienne française depuis le début de l'année.

Deux semaines seulement après son arrivée à la direction exécutive d'Air France-KLM, Ben Smith avait ainsi convié en milieu de journée l'intersyndicale aux Invalides, dans les bureaux parisiens d'Air France, pour une "réunion de travail et d'échanges".

A la sortie de la réunion, l'intersyndicale a pris acte devant la presse de l'ouverture de discussions "franches et directes" avec Ben Smith, tout en soulignant qu'elles n'étaient "pas terminées".

"L'intersyndicale lui a réaffirmé sa revendication salariale d'un rattrapage de 5,1% pour l'ensemble des salariés d'Air France et la nécessité de solder le conflit en cours très rapidement", a indiqué en son nom Françoise Redolfi, représentante de l'Unsa-PNC, lisant une brève déclaration.

L'intersyndicale comme la direction se montrent avares de commentaires dans ce dossier très sensible.

Quinze journées de grève de février à mai ont coûté 335 millions d'euros à la compagnie et le conflit a débouché sur la démission de Jean-Marc Janaillac, prédécesseur de Ben Smith, désavoué par le personnel lors d'une consultation sur un accord salarial lancée par la direction.

- "Juger sur les actes" -

Composée d'organisations de pilotes (SNPL et Alter), d'hôtesses et stewards (SNPNC, Unsa-PNC, CFTC, SNGAF) et du personnel au sol (CGT, FO et SUD), l'intersyndicale réclame toujours une hausse générale correspondant à l'inflation sur la période 2012-2017.

"C'était une réunion de contact", a déclaré à quelques journalistes Joël Le Jeannic, de Sud-Aérien, en appelant à la patience avec le nouveau dirigeant. "Il n'est là que depuis quinze jours, il faut quand même être raisonnable".

"Pour nous, ça bouge dans le bon sens" parce qu'"on est reçus", a-t-il relevé, tout en estimant qu'il faudra "juger sur les actes".

L'annonce de la rémunération de Ben Smith et la nationalité étrangère du dirigeant de 47 ans avaient fait des vagues en interne.

Depuis sa prise de fonction, M. Smith a tenté de montrer patte blanche, tant auprès des représentants du personnel que des salariés, en allant très vite à la rencontre des syndicats représentatifs et en promettant en français, dans une vidéo interne, d'investir 50% de sa rémunération fixe en titres du groupe.

- Double départ -

Les départs de Franck Terner, directeur général d'Air France, et de Gilles Gateau, DRH, sont autant de signaux annonciateurs d'une nouvelle phase dans les négociations jusqu'ici infructueuses sur la question de la revalorisation des salaires. Le duo Terner-Gateau était jugé responsable par plusieurs syndicats de l'impasse sur les salaires.

Jeudi dernier, le conseil d'administration de la compagnie tricolore a annoncé la démission de Franck Terner, remplacé à la tête d'Air France par Ben Smith "pour une période de transition", jusqu'au 31 décembre "au plus tard".

Et dans une communication interne, Air France a fait part lundi du prochain départ de Gilles Gateau, qui quittera ses fonctions le 12 octobre puis l'entreprise dans la foulée. Patrice Tizon, l'actuel directeur des relations sociales d'Air France, doit lui succéder de façon temporaire.

L'intersyndicale aura un nouvel interlocuteur en la personne d'Oltion Carkaxhija, autre transfuge d'Air Canada chargé d'assurer désormais "le pilotage des négociations salariales", d'après ce communiqué interne.

Exaspérés par un dialogue salarial au point mort depuis le printemps et six ans de gel des salaires, les syndicats veulent désormais des avancées rapides.

M. Smith a prévenu qu'il prendrait le temps nécessaire pour sortir du conflit. "Nous découvrirons ensemble le chemin pour parvenir à un accord, même si cela doit prendre un an", a-t-il déclaré dans un entretien à Paris Match paru jeudi. Tout en rappelant l'urgence pour le groupe de mettre derrière lui ce conflit, dans un secteur en proie à une rude concurrence.

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