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Anciens militaires américains et partisans d'un plus grand contrôle des armes

Dave Baril, Marine américain pendant 18 ans, déployé deux fois en Irak, est propriétaire d'armes à feu. Mais après qu'un tireur a abattu 17 personnes en Floride en février, il a décidé d'apporter à la police son fusil semi-automatique AR-15 pour qu'il soit détruit.

Ce quadragénaire fait partie d'un groupe d'anciens combattants qui appellent à un changement de législation sur les armes à feu, apportant leur expérience de la guerre au débat qui divise le pays.

Dave Baril se dit "complètement en faveur du second amendement" qui garantit le droit de porter des armes aux Etats-Unis. "Ca ne signifie pas que nous devrions tous circuler en tank juste parce que l'armée a des tanks", souligne-t-il.

La fusillades de Las Vegas et ses 58 morts l'an dernier, puis celle du lycée à Parkland, en Floride, le 14 février, "m'ont vraiment particulièrement secoué", confie-t-il.

Ces massacres ont été perpétrés par deux tireurs qui ont utilisé des AR-15, des armes similaires à celles utilisées au combat.

A moins que la loi ne change, "nous allons continuer à voir ce genre de choses ou pire", s'inquiète-t-il.

"Or si je dis qu'on ne peut pas avoir ce type (d'armes) en circulation, je ne peux pas garder le mien et dire, +c'est parce que je suis spécial+", avance l'homme de 42 ans.

Dave Baril s'est donc débarrassé de son AR-15.

- Soutenir les survivants -

Après la tuerie de Parkland, où 14 élèves et trois adultes sont morts, Dave Baril a lancé, sur Twitter, le mot-clé #VetsForGunReform, des anciens combattants pour une réforme des armes, en demandant à quelques autres anciens militaires s'ils soutiendraient cette cause.

Ils ont répondu oui et le mouvement a décollé.

"Ca a vraiment uni le groupe et la portée (du mouvement) est extraordinaire", confie à propos de ce mot d'ordre Kyleanne Hunter, l'une des principales organisatrices.

Les anciens combattants en faveur d'une réforme des armes soutiennent les survivants de Parkland, qui réclament des lois plus restrictives sur les armes, afin "de renforcer leur message", poursuit Mme Hunter, ancienne pilote d'hélicoptère d'attaque et membre des Marines pendant près de 12 ans.

"Nous nous sommes portés volontaires pour nous mettre en danger, pas eux et ils n'auraient pas dû avoir à en faire l'expérience", se désole l'ancienne militaire, déployée en Irak et en Afghanistan.

Le groupe, qui rassemble plus de 13.000 abonnés sur Twitter, veut apporter "une voix de la raison" dans le débat sur la réglementation des armes et offrir une "passerelle entre la gauche et la droite", assure Kyleanne Hunter.

- 'Nous comprenons les armes' -

Pete Lucier, ancien Marine de 2008 à 2013 et déployé en Afghanistan, a défendu un temps l'idée "du gars gentil avec une arme" sur qui on peut compter pour arrêter les "méchants".

Mais les fusillades aux Etats-Unis et son expérience de la guerre l'ont changé.

"Le chaos de l'environnement réel du combat et les difficultés à manier les armes à feu m'ont ouvert les yeux sur ce qu'il était possible (de faire) avec une arme", relève-t-il.

Pete Lucier voit d'un bon oeil l'implication des anciens combattants et l'apport de leurs connaissances sur les armes dans le débat.

"Nous venons pour beaucoup d'entre nous de milieux et de foyers où on apprécie les armes. Nous ne dévalorisons pas nécessairement, ni diabolisons, les détenteurs d'armes, nous comprenons les armes".

C'est la tuerie de Las Vegas en octobre et l'utilisation par le tueur de "bump stocks", un dispositif qui permet de tirer en rafale, qui a poussé Dennis Magnasco à se mobiliser aussi.

"J'ai vu la vidéo de la fusillade, quand j'ai entendu les rafales de cette arme équipée d'un bump stock, ça ressemblait à un fusil mitrailleur, ça ressemblait au combat", assure celui qui a été déployé en Afghanistan.

Sur les terrains de combat, Dennis Magnasco a "traité d'innombrables blessures de différents types", en tant qu'infirmier dans une unité d'infanterie.

"Quand je pense aux élèves des écoles et des lycées aux Etats-Unis qui voient ce même type de blessures dans leurs établissements, (infligées) à leurs amis, eux ne se sont pas portés volontaires" pour aller au combat, regrette-t-il.

"Ca ne devrait pas arriver".

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