Accueil Actu

Assurance chômage: des négociations sur les rails mais sous conditions

Les organisations syndicales et patronales vont finalement s'engager dans une nouvelle négociation sur l'assurance chômage, mais en posant des conditions, au risque de s'écarter de la feuille de route du gouvernement.

A l'issue de deux jours de réunion de son "Parlement" au siège du syndicat à Paris, Force Ouvrière a accepté jeudi le principe de la négociation mais "sur la base des revendications portées par FO et selon un cadre fixé entre les interlocuteurs sociaux, en toute indépendance vis-à-vis de ce que veut imposer le gouvernement".

Les lignes rouges ne sont pas encore précisées mais FO dit "exiger le maintien du régime d'assurance chômage sans étatisation et sans dégradation des droits des chômeurs".

La semaine dernière, l'exécutif avait tracé les grandes lignes de la future réforme, dont l'aspect budgétaire -- entre 3 et 3,9 milliards d'euros d'économies réclamées sur trois ans -- avait hérissé les syndicats.

Le gouvernement met en avant "lutte contre la précarité", "incitation au retour à l'emploi" et nécessité de désendetter l'Unédic, plombé par une dette de 35 milliards d'euros. Il a détaillé ses objectifs dans sa lettre de cadrage envoyée mardi aux partenaires sociaux.

"Le gouvernement prétend réduire les confédérations au rôle de +hauts commissaires+ à la destruction de l'assurance chômage", ont protesté les cadres de FO dans leur résolution votée jeudi à l'unanimité.

- "hyper-flexibilité" -

Le secrétaire général de FO, Pascal Pavageau, a plaidé en vain depuis la rentrée pour une déclaration commune des organisations syndicales et patronales, qui s'étaient réunies de manière inédite au début de l'été.

Il n'y a pas que FO qui souhaite s'éloigner de la feuille de route de l'exécutif.Comme la CFTC et la CFE-CGC, la CFDT a elle aussi accepté de négocier. Mais elle a d'ores et déjà prévenu que la lettre de cadrage ne serait "qu'une base de discussion".

"Les travailleurs précaires et pauvres en CDD très courts n'ont pas à payer les choix budgétaires du gouvernement", explique la centrale dirigée par Laurent Berger, alors que le gouvernement souhaite que soient revues notamment les règles du cumul emploi chômage permettant de toucher une partie d'allocation et un petit salaire.

"Ces travailleurs subissent les choix d'hyper-flexibilité des entreprises. Charge à elles d'assumer leur part de responsabilité pour développer un emploi durable et de qualité", affirme la CFDT.

En ligne de mire: le dispositif du "bonus malus", destiné à pénaliser les entreprises qui abusent des contrats courts. Promesse d'Emmanuel Macron, cette mesure faite pour enrayer la prolifération de contrats courts mécontente le patronat, aussi bien le Medef que la CPME.

L'expression de "bonus malus" n'est d'ailleurs pas utilisée dans la lettre de cadrage. Il est juste indiqué que les entreprises vont devoir "mettre en place de nouvelles règles", et ce "sans alourdir le niveau global des cotisations" afin de lutter contre le phénomène.

"Le Medef est rassuré car il n'y a pas écrit bonus malus", grinçait cette semaine Denis Gravouil, négociateur pour la CGT, qui considère que la réforme est uniquement "budgétaire". La CGT décidera pour sa part mardi 2 octobre si elle va ou non négocier.

Côté Medef, la décision n'est pas encore officiellement prise mais son président Geoffroy Roux de Bézieux a indiqué qu'il recommanderait au conseil exécutif de l'organisation du 1er octobre d'aller négocier.

La CPME s'est elle dite "naturellement portée vers la négociation" et se réunira d'ici 8 à 15 jours. L'U2P, qui représente surtout des artisans et des professions libérales, a quant à elle déclaré à l'AFP qu'elle allait réunir ses instances le 4 octobre.

À lire aussi

Sélectionné pour vous