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Attaque à la prison de Condé: complicité? 5 détenus en garde à vue

Le détenu radicalisé ayant agressé deux surveillants dans la prison de Condé-sur-Sarthe a-t-il bénéficié de complicités ? Moins de deux semaines après cette attaque, cinq détenus ont été placés lundi en garde à vue à la suite d'éléments recueillis lors d'écoutes.

Les cinq suspects, nés entre 1983 et 1991, sont en garde à vue pour "complicité de tentative d'assassinat sur personnes dépositaires de l'autorité publique en relation avec une entreprise terroriste" et "association de malfaiteurs terroriste criminelle", a-t-on appris de sources concordantes.

Trois d'entre eux étaient entendus par la Sous-direction antiterroriste (Sdat) et les deux autres par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI).

Ces gardes à vue ont débuté après une opération des enquêteurs de la police judiciaire, assistés de policiers du Raid dans cet établissement pénintentiaire de l'Orne. Selon une source proche du dossier, c'est à la suite d'écoutes menées par le renseignement pénitentiaire que l'opération a eu lieu lundi matin.

Il y avait des éléments provenant de ces écoutes qui ont permis "la judiciarisation et le démantèlement d'une cellule d'individus radicalisés" et "leur placement en garde à vue", a détaillé cette source.

- "Aucun signe de passage à l'acte" -

M. Chiolo avait lui aussi été placé sur écoute. Toutefois, "aucun signe de passage à l'acte imminent n'avait été détecté", a-t-elle relevé.

Cette source n'a, par ailleurs, pas précisé les moyens employés pour mener ces écoutes (sonorisation de cellule, ou plus probablement de téléphone portable illégalement introduit en détention).

Lorsque des écoutes sont mises en place, un délai d'environ 48H s'écoule entre l'enregistrement et le décryptage, l'écoute en temps réel n'ayant lieu qu'en cas de passage à l'acte imminent.

Sollicitée par l'AFP, la Direction de l'administration pénitentiaire (DAP) s'est refusée à tout commentaire "sur une affaire judiciaire en cours".

Michaël Chiolo, 27 ans, avait agressé le 5 mars deux surveillants avec un couteau en céramique. L'assaillant, qui purgeait une peine de trente ans et s'est radicalisé en prison, s'était retranché avec sa compagne pendant près de dix heures dans l'unité de vie familiale (UVF) de la prison.

Après de vaines tentatives de négociations, les forces d'élite de la police avaient lancé l'assaut, et tué la compagne de Michaël Chiolo, Hanane Aboulhana.

L'assaillant avait pour sa part été blessé. Selon une source proche de l'enquête, il était toujours hospitalisé lundi.

Le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz, avait expliqué que Michaël Chiolo, au moment de blesser grièvement les deux surveillants, avait affirmé vouloir "venger" Chérif Chekatt, l'auteur de l'attaque jihadiste du marché de Noël de Strasbourg, abattu le 13 décembre par les forces de l'ordre après avoir tué cinq personnes.

Dans cette enquête, trois personnes - un autre détenu, sa compagne et une femme ayant hébergé Hanane Aboulhana - avaient déjà été placées en garde à vue après l'agression, mais elles avaient été rapidement remises en liberté.

Cette attaque a entraîné le blocage de plusieurs prisons en France. Lundi, le centre pénitentiaire de Condé-sur-Sarthe était bloqué pour la 13e journée consécutive, selon la DAP.

Cette prison accueille des détenus particulièrement dangereux, radicalisés ou posant des problèmes de discipline. Prévue pour 195 détenus, elle en accueillait 110 au 1er février.

mch-grd-sb-bl/blb/cam

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