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Attaque à la prison de Condé: quatre détenus mis en examen

Quatre détenus de la prison d'Alençon Condé-sur-Sarthe (Orne) ont été mis en examen vendredi dans l'enquête sur la violente attaque par un prisonnier radicalisé de deux surveillants dans cet établissement pénitentiaire début mars.

L'un d'entre eux a été mis en examen par un juge antiterroriste pour "complicité de tentative d'assassinats sur personnes dépositaires de l'autorité publique en relation avec une entreprise terroriste" et pour "association de malfaiteurs terroristes criminelle", tandis que les trois autres l'ont été pour "association de malfaiteurs terroristes criminelle", a annoncé le parquet de Paris après avoir ouvert une information judiciaire.

Parmi ces trois derniers figure Jérémy Bailly, membre de la filière jihadiste de Cannes-Torcy. Il avait été condamné en juin 2017 à 28 ans de réclusion criminelle pour un attentat à la grenade à Sarcelles en 2012, des projets d'attaque et des séjours en Syrie.

Ces quatre suspects ont ensuite été de nouveau incarcérés, dans des prisons différentes, a précisé le parquet.

La garde à vue d'un cinquième prisonnier avait été levée jeudi soir, sans poursuite à ce stade.

Michaël Chiolo, 27 ans, avait agressé le 5 mars deux surveillants avec un couteau en céramique. L'assaillant, qui purgeait une peine de trente ans et s'est radicalisé en prison, s'était ensuite retranché avec sa compagne pendant près de dix heures dans l'unité de vie familiale (UVF) de l'établissement.

Après des tentatives de négociations, les forces d'élite de la police avaient lancé l'assaut, blessant l'assaillant et tuant sa compagne Hanane Aboulhana.

Selon une source proche du dossier, Michaël Chiolo était toujours hospitalisé vendredi et n'avait pas encore été interrogé par les enquêteurs.

- Sur écoutes -

Les cinq gardes à vue avaient débuté lundi matin après une opération dans la prison menée par des enquêteurs de la police judiciaire, assistés de policiers du Raid, et lancée à la suite d'écoutes menées par le renseignement pénitentiaire, selon une source proche du dossier.

Des éléments provenant de ces écoutes ont permis "la judiciarisation et le démantèlement d'une cellule d'individus radicalisés" et "leur placement en garde à vue", a détaillé cette source.

Selon une autre source proche du dossier, M. Chiolo avait lui aussi été placé sur écoute. Toutefois, "aucun signe de passage à l'acte imminent n'avait été détecté", a-t-elle relevé.

Cette source n'a, par ailleurs, pas précisé les moyens employés pour mener ces écoutes: sonorisation de cellule, ou plus probablement, d'un téléphone portable illégalement introduit en détention.

Lorsque des écoutes sont mises en place, un délai d'environ 48H s'écoule entre l'enregistrement et le décryptage, l'écoute en temps réel n'ayant lieu qu'en cas de risque de passage à l'acte imminent.

Le procureur de la République de Paris, Rémy Heitz, avait expliqué que Michaël Chiolo, au moment de blesser grièvement les deux surveillants, avait affirmé vouloir "venger" Chérif Chekatt, l'auteur de l'attaque jihadiste du marché de Noël de Strasbourg, abattu le 13 décembre par les forces de l'ordre après avoir tué cinq personnes.

Dans cette enquête, trois personnes - un autre détenu, sa compagne et une femme ayant hébergé Hanane Aboulhana - avaient déjà été placées en garde à vue mais elles avaient été rapidement remises en liberté.

Cette attaque a entraîné le blocage de plusieurs prisons en France. La mobilisation au centre de Condé-sur-Sarthe/Alençon, qui accueille des détenus particulièrement dangereux, radicalisés ou posant des problèmes de discipline, a duré 15 jours avant d'être levée mercredi.

Jeudi, la direction de l'administration pénitentiaire (DAP) a annoncé plusieurs mesures pour cette prison: autorisation des "palpations systématiques" au parloir, installation d'un portique à ondes millimétriques, et renforts d'effectif.

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