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Attentat de Nice: cinq suspects inculpés, le procureur ouvre une information judiciaire pour association de malfaiteurs terroristes

Le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire et demandé la détention des cinq suspects, quatre hommes et une femme, arrêtés dans l'enquête sur l'attentat de Nice le soir du 14 juillet, a annoncé le procureur de la République de Paris François Molins ce jeudi. Les individus ont été mis en examen.

"Le parquet a ouvert à la mi-journée une information judiciaire des chefs de participation à une association de malfaiteurs terroristes, en vue de la préparation d'un ou plus crimes d'atteinte aux personnes", a indiqué le procureur François Molins. Il a précisé avoir requis le placement en détention provisoire de ces cinq personnes, qui ne sont "pas connues des services spécialisés de renseignement".


Les cinq suspects inculpés

Les cinq suspects, qui ont été en contact avec le tueur avant l'attentat de Nice, ont été mis en examen jeudi soir par des juges antiterroristes et placés en détention provisoire, a-t-on appris auprès du parquet de Paris. La mise en examen est l'équivalent français de l'inculpation en Belgique. Il s'agit de quatre hommes, âgés de 21 à 40 ans, et d'une femme de 42 ans. Chokri C., Mohamed Oualid G. (BIEN G.) et Ramzi A. ont notamment été mis en examen pour "complicité d'assassinats en bande organisée en relation avec une entreprise terroriste", a indiqué le parquet de Paris.

Ramzi A. a également été mis en examen pour "infractions à la législation sur les armes en relation avec une entreprise terroriste", de même qu'un couple d'Albanais, Artan H. et Enkeledja Z. Ces trois derniers suspects sont soupçonnés d'avoir participé à la fourniture du pistolet avec lequel le tueur a tiré sur des policiers avant d'être abattu.


Des avancées dans l'enquête

Des "avancées notables" dans les investigations ont permis de "confirmer le caractère prémédité du passage à l'acte" du chauffeur-livreur tunisien de 31 ans, "mais également d'établir qu'il avait pu bénéficier de soutiens et de complicités dans la préparation et la commission de son acte criminel", avait relevé un peu plus tôt le procureur de Paris, François Molins, lors d'une conférence de presse.

L'attentat, perpétré le 14 juillet sur la Promenade des Anglais par Mohamed Lahouaiej Bouhlel, a fait 84 morts et 331 blessés.


Ce que l'on sait des suspects et du tueur

>- Ramzi A., 21 ans

Franco-tunisien, condamné à six reprises entre avril 2013 et mai 2015 pour vols, violences et usage de stupéfiants, il a reçu deux SMS envoyés par le tueur quelques minutes avant le carnage. Dans un des messages, Mohamed Lahouaiej Bouhlel le félicite pour le "pistolet" qu'il lui a fourni la veille et évoque la fourniture de "cinq" autres armes, précisant que cette nouvelle livraison est destinée à une autre personne "et ses amis".

Au cours d'une perquisition mercredi dans une cave d'un proche de Ramzi A., une kalachnikov et un sac de munitions ont été retrouvés. A ce stade, "on ne sait pas à quoi (le fusil d'assaut) était destiné", a indiqué François Molins.

Plus de 2.500 euros en liquide et 200 grammes de cocaïne ont également été saisis à son domicile. Lors de ses auditions, le jeune homme a désigné le fournisseur du pistolet comme étant un Albanais de 38 ans, Artan H., interpellé dimanche avec sa compagne.

>- Chokri C., 37 ans

Ce Tunisien, au casier judiciaire vierge, est soupçonné d'être un des destinataires des cinq armes évoquées par le tueur dans le SMS.

A-t-il participé à des repérages ? D'après des images de vidéosurveillance, l'homme était le 12 juillet sur la Promenade des Anglais aux côtés de Lahouaiej Bouhlel dans le camion lancé sur la foule deux jours plus tard. Ses empreintes digitales ont été découvertes sur l'une des portières du véhicule.

Un message Facebook, envoyé le 4 avril 2016 par Chokri C. au tueur, intrigue aussi les enquêteurs: "Charge le camion, mets dedans 2.000 tonnes de fer (...) coupe lui les freins mon ami et moi je regarde".

>- Mohamed Oualid G., 40 ans

Les investigations ont mis en lumière les très nombreux contacts entre ce Franco-Tunisien et le tueur: 1.278 appels ont été échangés entre les deux hommes depuis juillet 2015.

Dans son portable, les enquêteurs ont retrouvé des images du 15 juillet montrant qu'il a filmé la promenade des Anglais, alors que les secours y sont encore, avant de se filmer lui-même.

Des photographies de cet homme, jusqu'à présent inconnu de la justice, prises dans l'habitacle du camion les 11 et 13 juillet, ont été retrouvées dans le téléphone du tueur.

Mohamed Oualid W., qui était aussi régulièrement en contact avec Chokri C., avait adressé le 10 janvier 2015 un SMS à Lahouaiej Bouhlel: "Je ne suis pas Charlie... Je suis content, ils ont ramené les soldats d'Allah pour finir le travail".

>- Artan H., 38 ans et Enkeledja Z., 42 ans

Ce couple d'Albanais est suspecté avec Ramzi A. d'avoir participé à la fourniture du pistolet automatique dont le tueur s'est servi pour tirer à plusieurs reprises sur des policiers avant d'être abattu.

>- Le tueur: un homme violent et instable

Le Tunisien de 31 ans, arrivé en France en 2005, a été décrit par les témoins comme violent, instable, vivant loin des préceptes de l'islam radical, "mangeant du porc, buvant de l'alcool, consommant de la drogue et ayant une vie sexuelle débridée", avait détaillé lundi le procureur de Paris.

L'homme, qui présentait un "intérêt certain" mais "récent" pour la mouvance islamiste radicale, avait prémédité son acte, louant le camion puis semblant effectuer des repérages sur la promenade des Anglais dans les jours ayant précédé le carnage.

Des clichés retrouvés dans son téléphone, notamment des feux d'artifice du 14 juillet 2015 et du 15 août de la même année, pourraient accréditer la thèse d'un acte "mûri" depuis plusieurs mois. Le 1er janvier, Lahouaiej Bouhlel avait également pris en photo un article de Nice-Matin intitulé "il fonce volontairement sur la terrasse d'un restaurant".


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