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Aux assises de Chambéry, Nordahl Lelandais promet la vérité

La première journée du procès de Nordahl Lelandais à Chambéry s'est achevée lundi soir sur les mots de l'accusé assurant à sa mère qu'il dirait la vérité sur la mort d'Arthur Noyer, pour laquelle il réfute toute volonté de tuer, comme dans l'affaire de la petite Maëlys.

"Je te demande, Nordahl, de dire la vérité, toute la vérité, pour les parents d'Arthur, pour tout le monde", a exhorté en fin de journée la mère de l'accusé, poussée par l'avocat des parties civiles Bernard Boulloud.

"Bien sûr maman, je vais le faire", a-t-il répondu avec tendresse, précisant que sa mère n’était "pour rien" dans ce qui lui était reproché. "On en a déjà beaucoup parlé; je sais que c’est très dur pour toi".

Puis il s’est tourné pour la première fois vers les proches d’Arthur Noyer. "Je demande pardon. L’épreuve qu’ils doivent vivre doit être terrible."

La famille de la victime l’a écouté calmement, en le regardant dans les yeux, avec à ses pieds un grand portrait de la victime, âgée de 23 ans au moment de sa mort en 2017.

"Tu avais un droit Arthur, un droit essentiel: celui de vivre", avait théâtralement glissé au début des débats Me Boulloud en direction de ce portrait. Se tournant vers l'accusé, il avait alors ajouté: "Il avait le droit de vivre, Monsieur Lelandais". Dans le box, l'accusé acquiesçait d'un signe de tête.

A la mi-journée, Nordahl Lelandais avait dit: "Oui j'ai donné la mort à Arthur Noyer, mais je n'ai jamais voulu lui donner la mort". L'ancien maître-chien de 38 ans a soutenu la ligne de défense adoptée en mars 2018, lorsqu'il avait finalement reconnu devant les juges avoir "été très violent" avec le caporal Noyer. Depuis, il s'en tient au récit d'une bagarre qui a mal tourné.

- Curiosité homosexuelle -

Devant la cour, l'enquêtrice de personnalité a décrit le parcours "sans difficultés particulières" de l'accusé, une vie professionnelle "peu stable" avec des missions intérimaires par choix de l'intéressé ou à la suite d'arrêts maladie.

Après l'armée, qu'il quitte en 2005, il est vendeur, vendangeur, un court temps chauffeur puis lance en 2010 une entreprise de dressage canin qui ne décollera jamais, avant d'autres missions en intérim, comme cariste notamment.

Le fil de sa vie - entamée en 1983 à Boulogne-Billancourt avant un déménagement sept ans plus tard en Savoie - est devenu flou à l'évocation, entre des questions sur sa "dizaine" de relations stables avec des femmes, des infidélités qu'il a reconnues sans mal, de sa volonté d'être père ou des avortements de ses compagnes.

Devant l'avocate générale, il reconnaît la "honte" qui l'empêche de reconnaître auprès de ses amis sa consommation de cocaïne en début d'année 2017 alors qu'il était en proie à la dépression.

De quelques relations homosexuelles, il a admis pendant l'enquête qu'il s'agissait de "curiosité", sans que ce soit une "attirance". "Pour moi c'est impossible d'embrasser un homme", a-t-il affirmé à l'audience.

- Des coups "très violents" -

Appelé à la barre, l'ancien aumônier du centre pénitentiaire de Saint-Quentin-Fallavier, où le mis en cause est incarcéré, a aussi demandé à Nordahl Lelandais de tout avouer.

"Nordahl, je compte sur vous," a-t-il lancé à l'accusé, qui, assure-t-il, lui a demandé d’aller se recueillir sur la tombe de Maëlys De Araujo pour lui. Renvoyé pour meurtre précédé d'enlèvement et séquestration de la fillette de huit ans, Lelandais devra de nouveau comparaître, probablement en 2022, cette fois à Grenoble.

Lors de la dernière audition de la journée, celle d'un ancien supérieur dans l'armée, l'avocat de l'accusé, Me Alain Jakubowicz, s'est vivement emporté contre des déclarations qu'il estime changeantes, y voyant la preuve d'auditions préalables menées à charge en 2017.

Cette longue première journée d'audience s'est achevée vers 20h45 avec l'étude de son casier judiciaire, et notamment "une querelle d’automobilistes" en février 2017, pour laquelle l'accusé a été condamné en juin 2017.

Interrogé par l'avocate générale sur le moment où les gendarmes sont venus l'interroger sur ces faits mineurs, quelques semaines après la disparition d'Arthur Noyer, Nordahl Lelandais a reconnu avoir "eu peur".

Mardi, l'accusé sera interrogé sur les faits qui l'ont vu, dans la nuit du 11 au 12 avril 2017, prendre en stop ce chasseur alpin de 23 ans, avant sa disparition.

Lundi matin, la défense a obtenu une première victoire auprès des magistrats, avec l'annulation d'une expertise psychiatrique dont l'un des auteurs avait participé à une émission de télévision avant le procès.

Le verdict est attendu autour du 12 mai.

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