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Aux assises de l'Allier, le "calvaire" des victimes à la barre

"Une violence extrêmement rare": les enquêteurs ont raconté le calvaire des victimes, lundi devant la cour d'assises des mineurs de l'Allier, où comparaissent deux hommes de 20 et 21 ans accusés d'un viol et des meurtres de trois personnes âgées.

Les accusés - l'un vêtu d'une veste noire, l'autre d'une chemise sombre - sont restés impassibles, baissant parfois la tête, tout au long de l'énoncé des faits qui leur sont reprochés.

Se disant "prêts à répondre aux questions" à l'ouverture de l'audience, ils ne se sont pas adressés aux familles des victimes. "Chacun a fait ce qu'il a fait", a déclaré Zaki A.T., le plus âgé.

Au premier jour du procès prévu jusqu'à vendredi, la Cour a entendu les enquêteurs témoigner de "l'extrême violence" avec laquelle ont été torturés et tués Ginette et Massimo Degl'Innocenti, 85 et 71 ans, ainsi que Jeannine Ponce, 74 ans, en mars 2017 à Montluçon (Allier).

Coups de pied dans le ventre, coups de couteau et de marteau, bouteille en verre brisée sur la tête, bombes insecticides vidées dans la bouche: leur "calvaire" et les "sévices" subis témoignent d'un "déferlement de violence gratuite", a estimé un policier à la barre.

"Eux racontent être entrés pour voler mais je ne suis pas certain que ce soit pour des raisons d'argent. Les faits peuvent difficilement être expliqués à mon niveau", a souligné un autre enquêteur.

Profitant de portes laissées ouvertes pour pénétrer chez leurs victimes, toutes vivant dans des conditions modestes, les auteurs leur ont seulement dérobé quelques euros.

- "Exécution" -

Ginette Degl'Innocenti, dépendante et alitée depuis un accident vasculaire cérébral, avait été retrouvée inanimée dans son lit médical, victime de nombreuses blessures: "elle était dans l'incapacité de se défendre, de se déplacer, de s'exprimer", a expliqué un enquêteur.

Jeannine Ponce, dont le corps a été retrouvé "baignant dans le sang", était sous assistance respiratoire.

"J'appelle cela une exécution. Ces personnes étaient sans défense. C'est comme si elles avaient été pieds et poings liés", s'est emporté un policier.

Entendu en fin de journée, l'accusé le plus jeune a tenté de minimiser sa participation, reconnaissant "six coups de pied" à M. Degl'Innocenti, "deux gifles" et "deux petits coups de bouteille" à son épouse. "J'étais alcoolisé...", a-t-il simplement avancé.

"Je sais que je vais passer ma vie en prison. Je n'ai aucune raison de mentir. Ce que j'ai fait est impardonnable", a-t-il dit.

Zaki A.T., assurant avoir bu "deux litres de whisky", a quant à lui admis avoir donné "des coups de couteau, deux fois, trois fois" à Massimo Degl'Innocenti, tout en disant "ne pas être entré dans la chambre" de sa femme.

Mais pressé par les avocats de la défense de dire la vérité aux familles des victimes, il a fini par lâcher: "On est sorti ensemble, on a bu ensemble, on a agi ensemble".

En raison de la "gravité et du retentissement des faits" et parce que l'accusé mineur au moment des faits avait atteint la majorité seulement quelques mois plus tard, la cour a décidé de lever partiellement le huis clos d'usage en cour d'assises des mineurs.

L'audition de la victime du viol et des experts témoignant à ce sujet se fera toutefois à huis clos.

La jeune femme avait été violée par ses agresseurs à plusieurs reprises dans son appartement devant son compagnon violenté et séquestré, la même nuit que le meurtre de Mme Ponce.

Cette succession de crimes avait fait naître un début de psychose dans la région de Montluçon.

Les accusés, originaires de Mayotte, ont reconnu être des consommateurs réguliers d'alcool et de cannabis. Ils avaient été envoyés en métropole par leurs familles à l'adolescence, l'un pour lui "éviter les mauvaises fréquentations", l'autre en raison de son comportement.

Le plus jeune a déjà été condamné à huit mois d'emprisonnement, notamment pour violence avec arme; le second a plusieurs fois été condamné pour vol. Ils comparaissent notamment pour "meurtres accompagnés ou suivis d'actes de torture ou de barbarie" et "viol en réunion".

Ils encourent la réclusion criminelle à perpétuité pour le plus âgé, jusqu'à 30 ans de réclusion pour celui qui était mineur au moment des faits.

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