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Biathlon: en plein été, le staff des Bleus affûte ses armes pour les JO d'hiver

Pour l'équipe de France de biathlon, les JO d'hiver de Pékin 2022 se préparent en plein cœur de l'été, dans une usine de munitions allemande chargée d'histoire, où une chambre froide reconstitue les températures glaciales des compétitions.

Le staff des Bleus a pris début juillet ses quartiers dans l'usine de cartouches de l'entreprise Lapua, en bordure de la petite ville allemande de Schönebeck, près de Magdebourg, à l'est de l'Allemagne.

Le but du voyage : se fournir en munitions en vue des JO prévus en février 2022.

Dans leurs bagages, les entraîneurs ont apporté les carabines de leurs athlètes, pour tester les produits du fabricant quasi bicentenaire, le plus réputé sur ce marché de niche.

"Il faut trouver la cartouche la plus adaptée au canon de chaque sportif. Chacun aura un lot de munitions différent", explique Franck Badiou, "luthier" du groupe France.

En biathlon, les fusils sont façonnés sur mesure pour les athlètes par des artisans, parfois eux-mêmes anciens sportifs.

C'est le cas pour Franck Badiou, vice-champion olympique de tir (1992, Barcelone), mais aussi ancien entraîneur de l'équipe masculine (2016-2018), féminine (2019-2020).

"Le matériel est un élément important, comme dans tout sport mécanique, même si, à la fin, c'est l'athlète qui fait la différence", explique-t-il.

-96% du marché-

Un employé de l'usine réalise des essais de tirs sur une cible, fournissant des données que notent scrupuleusement les entraîneurs, grâce à un logiciel relié à l'installation.

Les tests sont réalisés dans une chambre froide, où les températures peuvent être artificiellement maintenues jusqu'à -20 degrés, même en plein été.

Objectif : reconstituer les conditions climatiques qui prévalent lors des compétitions internationales.

"Le froid entraîne des contraintes mécaniques : quand une balle passe dans un canon gelé, elle est perturbée par la glace, et peut être moins rapide", explique Franck Badiou à l'AFP.

Avant chaque grande compétition, cette petite usine d'à peine 85 salariés voit défiler des dizaines de délégations internationales venues tester ses produits.

L'entreprise, basée dans une ancienne région industrielle d'ex-Allemagne de l'Est, fournit en effet 96% des munitions utilisées dans les compétitions de biathlon.

"Nous sommes régulièrement sur les trois marches du podium", se félicite le directeur de l'usine Uwe Müller, lui-même ancien pratiquant de ce sport.

Dans les bâtiments, où le vacarme des machines couvre les voix des ouvriers, tout est tourné vers l'esprit de la discipline nordique.

Ici, chacun connaît sur le bout des doigts ce sport, qui s'invite dans les conversations et sur les murs, à travers des dizaines de photos dédicacées de biathlètes.

-Pacte de Varsovie-

Les lieux sont imprégnés d'histoire : l'usine a été fondée en 1829 pour fournir la Prusse en matériel militaire, dans un contexte d'expansion de ce royaume, à l'origine de l'unité allemande.

Après la Seconde Guerre mondiale, elle produit des munitions pour l'Allemagne de l'Est et les troupes du Pacte de Varsovie, les pays alliés à l'URSS, dans un contexte de guerre froide.

Pour survivre au vaste mouvement de désindustrialisation qui a frappé l'ancienne RDA, après la réunification du pays en 1990, elle s'est spécialisée dans la production de cartouches pour le tir sportif.

En 1998, elle est finalement acquise par le groupe de défense norvégien Nammo, notamment fournisseur des armées de... l'Otan, l'alliance militaire du bloc occidental pendant la guerre froide.

Considérée comme la plus vieille fabrique de munitions d'Allemagne, elle produit depuis près de 200 millions d'unités chaque année.

"Ce sont vraiment de très bons produits, leur savoir faire n'est pas contesté", commente Franck Badiou qui, les yeux rivés sur les données tirées des essais de tirs, ne veut rien laisser au hasard pour les JO.

Objectif : réitérer à Pékin les bonnes performances de 2018, où Martin Fourcade avait gagné deux médailles d'or, devenant le Français le plus titré de l'histoire des Jeux d'Hiver.

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