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Binali Yildirim, dernier Premier ministre de Turquie

Le zèle avec lequel le Premier ministre turc Binali Yildirim a défendu une révision constitutionnelle adoptée en avril 2017 pouvait surprendre, puisque le texte prévoit, dès lundi, la suppression de son poste.

Mais depuis son arrivée à la tête du gouvernement en mai 2016, M. Yildirim, officiellement maître de l'exécutif, a fait preuve d'une loyauté sans faille envers le véritable homme fort de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan.

La réélection de celui-ci à la tête du pays le 24 juin et sa prestation de serment lundi marquent l'entrée en vigueur de la réforme constitutionnelle adoptée l'année dernière et en vertu de laquelle le poste de Premier ministre est supprimée et l'ensemble des pouvoirs exécutifs transférés au président.

L'abolition de ce poste qui a existé non seulement depuis la création de la Turquie moderne en 1923, mais aussi sous l'Empire ottoman avec le Grand Vizir, est l'un des changements les plus radicaux apportés par cette réforme.

"La vie continue. (...) Les systèmes évoluent, ce qui est fondamental, ce sont les valeurs", a déclaré M. Yildirim, lors d'un discours d'adieu avec des responsables du bureau du Premier ministre.

- Homme lige -

Né dans une famille pauvre d'Erzincan (est), Binali Yildirim, 62 ans, s'est toujours montré fidèle à Recep Tayyip Erdogan, qui l'a placé à la tête de la régie municipale des voies maritimes d'Istanbul lorsqu'il était maire de la ville dans les années 1990.

Arrivé à la tête du gouvernement, M. Erdogan a nommé son vieil ami au ministère des Transports, où M. Yildirim a ainsi chapeauté les mégaprojets qui font la fierté du chef de l’État.

Bien que des rumeurs de désaccords affleurent parfois, M. Yildirim apparaît en public comme un loyal serviteur et n'a jamais affiché l'ambition ou la volonté de faire de l'ombre à M. Erdogan.

Bien moins charismatique que son président, M. Yildirim dit préférer laisser parler les actes. "Je ne parle pas beaucoup, mais je travaille comme mon nom", a-t-il déclaré, son nom signifiant "éclair".

Justifiant son soutien à la révision constitutionnelle qui lui coûte son poste, cet ancien ingénieur en construction navale de formation, estimait qu'"avec deux capitaines, le bateau coule. Il ne doit y avoir qu'un capitaine".

Selon les spéculations à Ankara, M. Yildirim pourrait être le prochain président du Parlement.

"Je remplirai toutes les fonctions que mon leader, mon chef de parti et mon parti jugent appropriées, quelle que soit leur décision", a-t-il commenté au sujet de ces spéculations lors d'une interview télévisée.

Pendant des décennies, le poste de Premier ministre a été le plus important du système politique turc.

Lorsque le fondateur de la Turquie moderne, Mustafa Kemal, est devenu son premier président, il fit du héros de guerre Ismet Inönü son Premier ministre.

M. Erdogan lui-même est devenu le leader incontesté de la Turquie en étant chef du gouvernement de 2003 à 2014.

Bien que jouissant de quelques pouvoirs sous la Constitution actuelle, le rôle du président était en effet largement protocolaire avant que M. Erdogan n'y accède en 2014.

Son élection à ce poste, la première au suffrage universel, avait en effet bouleversé les usages et il est devenu de facto le vrai chef de l'exécutif, une nouvelle donne que la réforme constitutionnelle adoptée en 2017 a entérinée.

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