Accueil Actu

Bordeaux: un candidat LREM contre "l'héritier", entorse à la "Pax Juppana" ?

Bordeaux, terre d'alliance teintée centre-droit sous l'ère Juppé, pourrait vivre une campagne municipale loin de la concorde habituelle et inconfortable pour la majorité présidentielle, avec un candidat LREM venu jouer les trublions face au maire sortant LR pourtant allié au Modem.

A moins que ne prévale avant le scrutin le legs rassembleur de l'ex-"patron", l'ancien Premier ministre Alain Juppé? Ou que l'héritier Nicolas Florian ne mette KO ses adversaires.

A huit mois des municipales, le maire depuis mars Nicolas Florian, 50 ans, fidèle adjoint puis successeur désigné de Juppé, a vu se dresser face à lui un proche d'Emmanuel Macron, énarque bordelais d'origine de 40 ans, et délégué interministériel à la transformation de l'Etat, Thomas Cazenave, investi début juillet par LREM.

Si l'on en croit le seul sondage publié à ce jour, une enquête Ifop commandée par le camp Florian en mai, Nicolas Florian est grandissime favori, sous l'étiquette LR/MoDem/UDI, avec 45% d'intentions de vote, loin devant l'écologiste Pierre Hurmic (14%).

D'après cette enquête, auprès d'un échantillon de 1.000 Bordelais, Thomas Cazenave arriverait lointain 4e, avec 8%, ex-aequo avec l'adversaire malheureux de Juppé en 2014, l'ex-PS Vincent Feltesse. Tous deux seraient même devancés par le député LFI (de la banlieue sud de Bordeaux), Loïc Prudhomme (13%).

Mais ce sondage date "d'avant". Avant l'investiture officielle de Cazenave, qui a depuis labouré le terrain, avant le meeting de lancement de son "Renouveau Bordeaux" devant 200 personnes dans une salle de Bordeaux-Bastide, quartier jadis populaire qui l'a vu grandir.

Si les deux camps s'entendent sur quelque chose, c'est que ce sondage n'a pas fixé les scores : la notoriété de Thomas Cazenave était alors quasi-nulle, et aucun autre candidat ne s'était alors déclaré.

Il y aura un "effet investiture" en faveur du candidat LREM, concède-t-on autour du maire sortant, mais une "stabilisation" à des niveaux toujours largement favorables au sortant, veut-on croire.

- Vendanges: Juppé parti, pas ses amis -

"Sereins, pas arrogants", les amis de Florian se disent convaincus que pour LREM, lancer un candidat dans les pattes du nouveau maire était "une erreur".

Le MoDem de François Bayrou, parti prenante de la majorité présidentielle, incarné à Bordeaux par le 1er adjoint de Florian, Fabien Robert, ne dit pas autre chose. "Juppé, on en a fait pendant des années le parangon du maire idéal. Et voilà qu'il a son équipe, sa succession et boum ! On lui rentre dans le lard. C'est une stratégie dont on ne voit pas politiquement où elle mène", résume un cadre national MoDem.

Bordeaux ferait-elle donc partie de ces quelques villes ou LREM "assumera", selon le mot du délégué général LREM Stanislas Guérini, l'absence de stratégie commune avec le MoDem ? On aura "les bras ouverts jusqu'à la veille du premier tour", assure-t-on dans le camp du maire sortant. "On discute, et il y aura nombre de stratégies communes en Gironde, renvoie l'écho LREM. Mais à Bordeaux, on n'est pas d'accord."

Aux européennes, l'arrivée en tête à Bordeaux de la liste LREM de Nathalie Loiseau (29,47% des voix) peut donner des idées. Mais EELV avait remporté une spectaculaire deuxième place avec 21,54 %, un magot que le candidat Cazenave, aux fibres sociale et écologique affichées, devra s'efforcer de grignoter.

Prochaine étape: le temps des "Vendanges" de Bordeaux, ce rendez-vous lancé en 2017 d'amis politiques d'Alain Juppé, où des Jean-Pierre Raffarin, Dominique Bussereau, Valérie Pécresse, notamment ont pris l'habitude de réfléchir au moyen d'entretenir la flamme du juppéisme.

Ces Vendanges se réuniront début octobre, dans l'ombre d'un Juppé forcément discret, devoir de réserve de "sage" oblige. Mais son héritier Florian ne devrait pas être loin du devant de la scène. Une façon, peut-être, de répondre à l'université de rentrée, plus exactement au "Campus des territoires" qu'aura tenu LREM un mois plus tôt (7-8 septembre) en terres bordelaises. Avec pour les proches de Juppé dans la majorité présidentielle, un exercice qui confinera à l'équilibrisme.

À lire aussi

Sélectionné pour vous