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Casse de la Brink's: 5 ans de prison avec sursis pour l'ex-punk Gilles Bertin, 30 ans après

"Je devais passer par la case justice": l'ex-punk et braqueur de la Brink's en avril 1988 à Toulouse Gilles Bertin, qui s'était rendu après 28 ans de cavale, a été condamné mercredi à 5 ans de prison avec sursis par la cour d'assises de Haute-Garonne.

Le verdict, après moins de deux heures de délibérations, a été accueilli par des applaudissements. Gilles Bertin, venu avec un petit sac et ses affaires pour la prison au cas où, a esquissé un sourire.

L'avocat général avait demandé "cinq ans d'emprisonnement" lors de son réquisitoire. "Je m'étonne de voir que la gravité des faits reprochés doive s'effacer devant le temps ou la rédemption de l'accusé", avait fait valoir Bernard Lavigne, qui avait toutefois reconnu "le bon comportement" de l'accusé qui aurait aussi pu attendre 2024 et la prescription de sa peine à 10 ans ferme prononcée en 2004 pour revenir.

Grand et maigre, chemise grise sur jean, cheveux châtain clair et frisés, l'ex-punk, aveugle d'un œil, s'était rendu le 17 novembre 2016. Il a expliqué qu'il ne voulait plus mentir sur son histoire et son passé à son fils né en 2011 et souhaitait aussi retrouver sa vie, sa sœur, un premier enfant, un garçon de 31 ans, perdu de vue depuis sa fuite.

- "Je paye ma dette"-

"Il fallait que je paye ma dette, je n'avais plus le choix", a-t-il souligné.

Arrivé libre à l'audience, l’ancien chanteur du groupe Camera Silens, concurrent à l'époque sur la scène bordelaise de Noir Désir de Bertrand Cantat, a tout au long des débats montré qu'il ne fuyait pas ses responsabilités.

Il a ainsi reconnu être un des maîtres d’œuvre du braquage - deux ans de préparation - avec Didier Bachère (décédé) qui, au départ, "(l)'avait contacté".

Le braquage, avec une dizaine d'amis musiciens, avait été réalisé le 27 avril 1988, sous fond de crainte du sida et d'une envie de brûler la vie. Même si, a aussi avoué Bertin, de cette maladie, finalement, "on n'en parlait que peu: on gardait la tête en bas". Lui n'a appris sa contamination que sept ans plus tard.

Le vol avait été effectué "de façon quasi militaire". Ils avaient envisagé moult détails: comme les déguisements de gendarmes avec une Renault 4, leur voiture de l'époque. C'était une telle réussite que ce travail avait été d'abord attribué au grand banditisme, a constaté le président.

Ce vol sans le moindre coup de feu avait rapporté 11.751.316 francs (1,79 ME). La majeure partie du butin n'a jamais été retrouvée.

L'enquêtrice de personnalité Valérie Merotto a mis en exergue, presque de façon lyrique, l'évolution favorable de la personnalité de Bertin. "La naissance de son fils lui a permis de se projeter dans le futur. Elle lui a donné envie de retrouver une vie sociale et de retrouver son identité", a-t-elle assuré.

- Soutien de Cecilia -

Cecilia Miguel, la compagne espagnole de Bertin, est venue aussi défendre l'amour de sa vie. Ils s'étaient rencontrés en 1989, en pleine cavale. Ils ont vécu 10 ans au Portugal où elle a tenu le commerce de disques vinyles du couple. Ils sont revenus à Barcelone, dans le bar de son père où ils ont travaillé ensemble.

C'est cette petite femme forte qui a soutenu Gilles Bertin dans les affres de la maladie (sida, hépatite C, cirrhose). Sans arrêter de militer pour qu'il vienne solder un jour les comptes.

"Ce n'était pas possible de vivre comme ça même si je savais que ce n'était pas possible à certains moments à cause de sa santé", a lancé cette quinquagénaire, s'exprimant en Français.

"J'attends maintenant la justice. Il faut assumer", a-t-elle ajouté, avant de rappeler au président: "Je ne suis pas à votre place mais il n'a plus commis de délit depuis 30 ans"

L'avocat de Bertin, Me Christian Etelin, a lui insisté sur le fait que son client aurait pu attendre la prescription, fin 2024, pour revenir. "Il est venu pour oublier son passé afin de retrouver un avenir", a souligné l'avocat.

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