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Comment faire disparaître un corps ? Film d'horreur au procès pour torture collective

Faire disparaître un corps, après avoir torturé et séquestré la victime des mois durant, demande du temps: les gendarmes ont raconté les trois jours d'horreur pendant lesquels les accusés ont effacé toute trace de leur ami Christophe Rambour, mardi devant les assises de la Somme.

En janvier 2012, Na Rin Bun, principal accusé parmi cinq personnes, dont deux de sa famille, arrive en catastrophe à son ancien domicile de Villers-Faucon (Somme). Il voit le cadavre de Christophe Rambour, 25 ans, en travers du couloir.

Son beau-frère, Gilles Lefèvre, arrive à son tour. Le conciliabule commence, raconté mardi à la barre par Hervé Gobourd, enquêteur de gendarmerie, qui retranscrit l'audition de Na Rin Bun.

Comment faire disparaître le corps, meurtri par des mois de sévices collectifs entre novembre et janvier - coups de poing, entailles, brûlures au torse, humiliations à base d'excréments et de cigarettes allumées à avaler ?

Cela paraît en tout cas indispensable aux protagonistes, explique de son côté Fabrice Ancelin, directeur d'enquête: "Christophe Rambour a dû subir tellement de sévices, de brimades, de tortures, qu'on fait disparaître le corps pour effacer ce qu'on pourrait retrouver".

D'abord, gérer les enfants. Ils doivent prendre leur petit-déjeuner avant de partir à l'école, souffle leur mère Coralie Sauval, compagne de Na Rin Bun, qui a découvert le cadavre. Celui-ci est placé dans la salle de bain, avant d'être ramené dans le couloir, où sont étendues des bâches en plastique.

"Gilles Lefèvre a apporté une feuille de boucher, préalablement aiguisée", relate le major Hervé Gobourd.

"Il la tend à Na Rin Bun et lui glisse: +A toi l'honneur+", rapporte l'enquêteur. Une dispute s'ensuit, Gilles Lefèvre est obligé de s'y atteler.

- 'Bouddha, pardonne-moi' -

Il a du mal. Na Rin Bun lui prend le couteau. "Bouddha, pardonne-moi pour ce que je vais faire", prie-t-il. Le corps est découpé en six morceaux: les quatre membres, la tête et le tronc. Ils mettent le tout dans un sac plastique, avant que le jour ne se lève.

Ils veulent brûler le corps. "Gilles Lefèvre décide d'utiliser le tonneau à déchets du jardin comme incinérateur. Ils commencent dans l'après-midi; d'abord les jambes, les bras puis la tête et enfin le tronc", poursuit Hervé Gobourd.

Alors que Gilles Lefèvre est parti, que la nuit est tombée, Na Rin Bun se réveille et le tronc n'est toujours pas consumé. Du jardin verdoyant, il emmène le tonneau à la cave pour éviter de rameuter le voisinage.

"La combustion complète s'achève dans la nuit", conclut le gendarme. Restent quelques os, des dents. Na Rin Bun les casse au marteau.

Il parcourt ensuite trois kilomètres, emprunte un chemin de terre et tout au bout, disperse les cendres et les restes dans un champ. C'est la fin d'une opération d'effacement qui aura duré trois jours. Sans les aveux des accusés, les faits n'auraient probablement jamais été retracés, avoue Fabrice Ancelin.

Hervé Gobourg tressaille à la barre: "Je suis pourtant habitué aux enquêtes, mais j'ai été choqué. On avait l'impression que Na Rin Bun, dans son audition, revivait le découpage du corps de Christophe Rambour. Ca a été un moment particulier pour nous enquêteurs".

S'il nie les tortures, Na Rin Bun a spontanément avoué la liquidation du corps. "On ne peut pas inventer un pareil scénario, de telles scènes, avec autant de détails: ce qu'il nous a dit est vrai", assure Hervé Gobourg.

Le principal accusé encourt la perpétuité dans ce procès qui doit s'achever le 28 mars.

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