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Cour suprême: Christine Blasey Ford, l'accusatrice "terrifiée" du juge Kavanaugh

Christine Blasey Ford était jusqu'à jeudi une professeur de psychologie prise dans le tumulte politique, avant de livrer devant le Sénat un témoignage poignant relatant une agression sexuelle, il y a 36 ans, commise selon elle par Brett Kavanaugh, candidat à la Cour suprême salué pour sa carrière sans tache.

"Je suis terrifiée. Je suis ici parce que j'estime qu'il est de mon devoir civique de vous dire ce qui m'est arrivé lorsque Brett Kavanaugh et moi étions au lycée", a affirmé cette quinquagénaire aux cheveux blonds et aux lunettes à monture sombre devant des sénateurs réunis pour cette audition historique.

Enseignante à l'université de Palo Alto, au sud de San Francisco, et collaboratrice à la prestigieuse université de Stanford, elle a raconté comment, alors qu'elle avait 15 ans, le jeune Brett Kavanaugh a tenté de la violer lors d'une soirée de lycéens à l'été 1982, sous les yeux d'un complice, Mark Judge.

"On m'a poussée, par derrière, dans la chambre, depuis la salle de bain. Je n'ai pas pu voir qui m'a poussé. Brett et Mark sont entrés dans la chambre et ont fermé la porte à clé derrière eux. Il y avait de la musique dans la chambre (...) On m'a poussée sur le lit puis Brett s'est mis sur moi. Il a commencé à passer ses mains sur mon corps et à me caresser (...) Brett m'a pelotée et essayait d'enlever mes vêtements", a-t-elle expliqué, au bord des larmes.

Autre moment fort de cette audition, qui a duré autour de trois heures et demi, elle garde le souvenir des "rires bruyants des deux, alors qu'ils s'amusaient à mes dépens".

Si elle s'est excusée pour avoir oublié certains détails --quand et où exactement a eu lieu la soirée--, elle dit être sûre "à 100%" de l'identité de son agresseur. Et aborde ses séquelles psychologiques de façon clinique.

- "Un désastre" -

Cette agression a "radicalement changé" sa vie, et les années suivantes ont été "un désastre" pour sa scolarité et ses relations avec les hommes. Elle dit avoir longtemps souffert de crises d'angoisse et de claustrophobie.

En 2012, lors d'une thérapie de couple, puis en 2013, elle a raconté à des psychologues avoir été victime d'une agression sexuelle et, jusqu'à cet été, seul son mari était au courant.

Mais lorsque Brett Kavanaugh a été choisi par le président Trump pour siéger dans la plus haute instance judiciaire du pays, elle ne l'a "pas supporté".

"Elle voulait s'enfuir et disait +Je ne peux pas supporter ça, s'il est nommé (par le président) je déménage à l'étranger+", a expliqué au Washington Post son mari, Russel Ford.

Mme Blasey Ford a d'abord envoyé une lettre confidentielle à une élue locale démocrate en juillet, finalement arrivée sur le bureau de la sénatrice démocrate Dianne Feinstein, qui a révélé l'affaire.

Elle s'est ensuite exprimée publiquement, racontant au Washington Post comment Brett Kavanaugh, "complètement ivre", comme M. Judge, l'aurait maintenue de force sur un lit et tenté de la déshabiller, l'empêchant de crier. Elle aurait finalement pu se dégager de son étreinte et quitter la pièce.

Malgré les psychothérapies, cette mère de deux enfants a longtemps pris soin de garder enfoui son traumatisme. En choisissant de s'exprimer au grand jour, elle s'est retrouvée au centre d'un tourbillon politique historique.

Menacée de mort, attaquée par les républicains, sur les réseaux sociaux, et même par le président américain, qui a mis en doute sa sincérité, son témoignage lors de cette audition extraordinaire pourrait sonner le glas des ambitions de M. Kavanaugh, dont la candidature est affaiblie par d'autres accusations.

Elle avait demandé à ce que Brett Kavanaugh, qui devait témoigner après elle, ne soit pas dans la salle au moment où elle s'exprimait.

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