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Des incitations au vote mais pas d'opposition pour l'élection du maire de Moscou

Des rues décorées, des incitations au vote... mais aucun candidat d'opposition: les autorités pro-Kremlin de Moscou ont préparé avec soin la municipale de dimanche, qui se résume à un plébiscite dans un contexte de grogne sociale.

Comme son mentor Vladimir Poutine avant l'élection présidentielle de mars, le maire de Moscou Sergueï Sobianine n'a daigné prendre part à aucun débat avant cette élection gagnée d'avance.

Arrivé en 2010 à la tête de la mégalopole de plus de 12 millions d'habitants, cet apparatchik de 60 ans peut se vanter, selon ses partisans, d'un bilan éloquent. Les immenses et très chers programmes de rénovation urbaine qu'il a lancés ont changé le visage de Moscou.

Mais pour ses opposants, la multiplication des zones piétonnières, l'ouverture de stations de métro ou d'un nouveau parc dans le centre de Moscou ne sont qu'une façade destinée à cette classe moyenne qui, durant l'hiver 2011-2012, avait manifesté contre le retour au Kremlin de Vladimir Poutine.

"Il a élargi les trottoirs mais sur ces trottoirs, ils arrêtent toujours les gens, ils leur interdisent de manifester", explique à l'AFP l'ancien député d'opposition Dmitri Goudkov, dont la candidature à l'élection municipale a été invalidée.

Comme lui, le conseiller municipal d'opposition Ilia Iachine, ancien proche de l'opposant assassiné Boris Nemtsov, ou le militant gay Anton Krassovski n'ont pas pu se présenter faute de respecter des exigences durcies depuis la précédente élection.

Il faut dire qu'il y a cinq ans, l'opposant Alexeï Navalny avait failli contraindre Sergueï Sobianine à un second tour. Pour éviter la répétition d'un tel scénario, seuls les les membres de l'opposition "tolérée", communistes ou nationalistes, ont cette fois pu déposer leur candidature.

"Nous voulons une ville sans clôtures, sans barrières, au sens propre comme au figuré: une ville d'hommes libres", poursuit Dmitri Goudkov.

Le bureau de Sergueï Sobianine n'a pas donné suite aux demande d'interview de l'AFP.

- Une campagne virtuelle -

Les résultats de l'élection faisant peu de doute, autant à Moscou qu'aux différents scrutins locaux à travers la Russie, la participation sera au centre de l'attention, d'autant que ces élections sont les premières depuis l'annonce d'une réforme des retraites qui a fait chuter la côte de popularité de Vladimir Poutine.

Alexeï Navalny a appelé à sortir dans la rue dans toute la Russie dimanche, mais lui-même purge une peine de 30 jours de prison pour une manifestation de janvier.

Dans les rues de la capitale, les militants de Sergueï Sobianine sont actifs depuis plusieurs semaines, certains proposant même des casques de réalité virtuelle montrant comment la ville a changé en dix ans.

Comme pour l'élection présidentielle, des jeux et des stands de nourriture seront installés à la sortie des bureaux de vote et de nombreux restaurants ou magasins ont installé des affiches incitant aux vote.

- "Qualité de vie" -

Pour la première fois, les Moscovites seront même autorisés à voter depuis leurs datchas, maisons de campagne prisées en cette saison. Le taux de participation n'est pourtant attendu qu'à un peu plus de 30% par un sondage du centre public VTsIOM.

"Je vais bien sûr voter pour Sobianine. Il a tellement fait pour Moscou et je pense vraiment qu'il est à la hauteur du poste", explique Irina Bykovskaïa, 58 ans, en descendant la rue Tverskaïa, une artère majeure de Moscou qui a connu une rénovation en profondeur ces dernières années. "Pourquoi avons-nous besoin d'opposition si tout va bien?"

Employée de bureau, Elena Riajina n'est elle pas sûre de participer: "D'un côté, c'est important. D'un autre, c'est clair que cette élection ne va pas changer grand chose.".

Pour le politologue du Centre Carnegie Andreï Kolesnikov, les transformations majeures connues par la capitale russe, devenue plus "européenne" depuis l'arrivée de Sergueï Sobianine, ont rendu la classe moyenne et progressiste de Moscou mieux disposée à son égard: "Elle aime cette qualité de vie qu'offre Moscou. Dans ce sens, un café ouvert vaut mieux qu'une société ouverte. On peut se passer d'une société ouverte. Les cafés existent, pourquoi ne pas soutenir l'homme qui a créé cette atmosphère?"

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