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Dessin de presse: Le Monde mise sur la diversité pour l'après-Plantu

Adieu les petites souris... Le Monde fera appel à partir de jeudi pour sa une à des dessinateurs et dessinatrices du monde entier, issus de l'association "Cartooning for peace" fondée par Plantu, qui mettra fin mercredi à une carrière de près d'un demi-siècle au sein du journal.

Comme il l'a annoncé en janvier, Plantu, qui vient de fêter ses 70 ans, a fait valoir ses droits à la retraite au sein du quotidien. Il signera son dernier dessin en une du Monde dans l'édition publiée mercredi et datée de jeudi.

Pour marquer le coup, le quotidien publiera, outre son ultime dessin en une, un supplément de huit pages retraçant ses 49 ans au Monde. Une riche carrière qui a démarré en octobre 1972, en pleine guerre du Vietnam, avec un dessin de colombe.

C'est en 1985 que ses dessins deviennent un élément distinctif du journal, quand le Monde décide de lui dédier tous les jours un morceau de sa une.

Pour tourner la page, le quotidien va désormais ouvrir sa une à des dizaines de dessinateurs français et internationaux, via un partenariat avec l'association Cartooning for peace lancée en 2006 par Plantu avec Kofi Annan, l'ancien secrétaire général de l'Onu.

Ce réseau réunit plus de 200 professionnels de tous les continents, dont des Français et francophones, ce qui permettra au quotidien de varier les perspectives sur l'actualité.

"Tous les jours, l'association nous proposera 4 à 5 dessins, réalisés soit à l'initiative de leurs dessinateurs et dessinatrices, soit parce que nous les aurons commandés, et comme toujours la direction du Monde choisira le dessin qui nous paraîtra le plus adapté, dans le contexte de la une" du jour, a expliqué à l'AFP le directeur du quotidien Jérôme Fenoglio.

- "Croiser les regards" -

Si ces dessins devront respecter les codes graphiques et le format du Monde, ce partenariat va apporter une variété de points de vue sans précédent, souligne le responsable.

"Le dessin de presse a un enjeu de renouvellement, d'ouverture et de féminisation et on s'est dit que le départ de Plantu, c'était, tout en garantissant le maintien d'un dessin en une du journal, l'occasion d'ouvrir cette fenêtre" en la confiant aux membres de Cartooning for peace, dit-il.

"C'est un message très fort", fait-il valoir, car cette initiative permettra de "croiser les regards" et de "faire dialoguer avec les lecteurs" des dessinateurs français et étrangers, que ce soit sur l'actualité française ou internationale.

Une démarche distincte de celle d'un autre quotidien, Libération, qui mise quant à lui sur la dessinatrice Coco. Hasard du calendrier, cette figure de Charlie Hebdo succédera, également cette semaine, au caricaturiste attitré de Libé, Willem, devenant la 1ère femme en France à tenir ce rôle dans un grand quotidien.

- Edition spéciale -

A ce sujet, Libé a annoncé mardi qu'il publierait une édition spéciale mercredi, dans laquelle Willem fera ses "adieux" aux lecteurs.

"Il y a un changement de génération, c'est l'évidence, puisqu'on a deux dessinateurs qui étaient emblématiques de leur publication et qui font valoir au même moment leurs droits à la retraite, et chaque journal a choisi pour se renouveler, de se tourner vers des dessinateurs et dessinatrices conformes à ce qu'ils cherchent à montrer depuis des années", Libé en optant pour une dessinatrice issue de la même veine satirique que Willem, et Le Monde avec une nouvelle génération dans la lignée de Plantu, fait valoir M. Fenoglio.

En tout cas, à travers ce nouveau dispositif, Le Monde, qui publie en moyenne plus d'un millier de dessins par an (hors illustrations) entend réaffirmer son soutien aux dessinateurs et à la caricature. Contrairement au New York Times qui a décidé en 2019 d'arrêter les dessins politiques dans son édition internationale, et malgré la polémique provoquée par le départ de Xavier Gorce, le père des "indégivrables" qui a claqué la porte du journal en début d'année.

"Plantu avait un souhait qui rencontrait tout à fait le mien: poursuivre une orientation fortement favorable au dessin de presse", et "ça n'a jamais été une hypothèse" de s'en éloigner, assure le directeur du Monde.

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