Accueil Actu

Dessins ou cagnottes, le "merci" des familles à leur instit en fin d'année

Cagnotte en ligne ou fraisiers à planter, les cadeaux de fin d'année reçus par les professeurs des écoles diffèrent selon qu'ils exercent à Paris ou en région. Un point commun: les dessins et déclarations d'affection que beaucoup d'instits disent précieusement conserver.

"L'an dernier, j'ai eu des fraisiers à planter", raconte Sonia, qui enseigne depuis 20 ans dans un gros bourg du Morbihan. Comme beaucoup de ses collègues en région interrogés par l'AFP, elle n'a jamais reçu de cadeau à la suite d'une collecte auprès des parents de la classe.

A Paris en revanche, les cagnottes en ligne se développent, du moins dans les quartiers favorisés.

Pierre, 43 ans, a contacté les parents des élèves de la classe de son fils de 10 ans, via la liste de contacts établie en début d'année par l'association des parents d'élèves.

Il leur a proposé de contribuer à une cagnotte Leetchi pour la maîtresse. Avec pour consigne de "ne pas trop donner" et un montant conseillé de 10 euros, dit-il. "J'avais tablé sur 230 euros. On est à 350". Vu la somme, pas question de se tromper. Par chance, il a appris que l'enseignante était fan de tennis et était même classée. Ce sera donc une raquette et des accessoires.

Les cagnottes ont l'avantage d'éviter aux parents de se creuser la tête, mais elles demandent un peu d'organisation: les contacts des parents et un appel à la collecte bien tourné afin que personne ne se sente forcé de participer.

"Tous les ans, c'est la tannée. Je compte sur la bonne volonté d'une maman qui se chargera de l'affaire", soupire Pauline, mère de deux enfants dans une école du IXe arrondissement à Paris.

Isabelle Mariani, elle aussi dans le IXe, s'occupe de la cagnotte, avec un partage en deux parts égales pour la maîtresse et la dame qui aide en maternelle (l'Atsem). Elle a aussi demandé à chaque enfant un dessin de la maîtresse, qu'elle prend en photo pour réaliser un album remis à l'enseignante. "Ca demande un peu de boulot mais les enfants ont eu une super année".

- "I love you the teacher" -

La pratique du cadeau de fin d'année en primaire (plus rarement au collège) "n'est pas nouvelle", relève André Robert, historien et professeur émérite à Lyon-2. "C'était un geste répandu dans les années 50 et 60, avant de baisser d'intensité à la fin du XXe siècle, sans jamais complètement disparaître".

"La résurgence observée ces dernières années", avec des cagnottes ou des objets achetés par les parents, "surtout en milieu urbain", peut être interprétée "comme la volonté de distinguer des enseignants qui le mériteraient par leurs compétences et leurs résultats, dans une société d'évaluation généralisée", avance-t-il.

Commerces et boutiques en ligne se sont d'ailleurs lancés sur ce créneau et proposent en juin des petits objets (tasses, porte-clés etc.) portant des messages adressés aux maîtresses.

A travers ces cadeaux, achetés ou fabriqués, les parents disent vouloir "remercier". "Si mes enfants avaient une peau de vache, je ne donnerais rien", reconnaît Sofia.

Les enseignants déclarent être émus par ces attentions.

"Un petit avait réalisé un dessin de moi et demandé à son aîné d'ajouter un mot d'amour: +I love you the teacher+, a écrit le grand frère qui se piquait d'anglais", raconte Sophie, d'une maternelle au sud de Toulouse. "Une mère a fabriqué un marque-page où elle a écrit que sa fille avait eu de la chance de m'avoir eue comme maîtresse", se souvient Delphine, dans une école rurale en Sologne.

"Les +A mon maître de CM2 que je n'oublierai jamais+ sont toujours chargés d'émotion", ajoute Lucien Marboeuf, auteur du blog L'instit'humeurs et qui exerce dans une grosse école à Paris. Le cadeau qui l'a le plus touché? Une boîte de quatre chocolats qu'une fillette d'une famille modeste avait payé de ses sous et qu'elle lui a offert, rouge de fierté. "Ca m'a transpercé le coeur".

À lire aussi

Sélectionné pour vous