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Deux "gilets jaunes", désormais célèbres, face à la justice cette semaine

Deux "gilets jaunes" seront jugés cette semaine à Paris : le premier, Christophe Dettinger, comparaîtra mercredi pour avoir boxé des gendarmes sur une passerelle et le second, Eric Drouet, sera jugé vendredi pour l'organisation d'une manifestation "sans autorisation".

Ils ont en commun d'être devenus des célébrités au sein du mouvement de contestation sociale qui secoue le pays depuis trois mois, mettant en cause la politique fiscale du gouvernement. Des figures des manifestations parisiennes relayant une sourde colère montée des rond-points.

Les coups de poings violents de l'un contre des gendarmes, sur une vidéo d'amateur devenue virale, ont suscité autant de critiques que d'élans de solidarité.

La détermination radicale de l'autre, initiateur de la première manifestation le 17 novembre, en a fait un des principaux porte-parole d'un mouvement qui se veut apolitique et sans leader.

Ancien champion de France 2007 et 2008 des lourds-légers, Christophe Dettinger, 37 ans, doit être jugé pour "violences volontaires en réunion sur personnes dépositaires de l'autorité publique", un délit passible de sept ans d'emprisonnement.

Il s'était présenté le 7 janvier à la police, qui le recherchait activement depuis la diffusion d'images le montrant en train de frapper deux gendarmes sur une passerelle au-dessus de la Seine, lors d'une mobilisation le 5 janvier, l'acte 8 des "gilets jaunes".

Les deux gendarmes blessés, qui se sont constitués parties civiles, se sont vu prescrire 15 et 2 jours d'incapacité totale de travail (ITT). "C'était taper pour vraiment faire mal voire tuer s'ils le pouvaient", avait déclaré l'un d'eux à la presse.

Lors de sa brève comparution devant le tribunal, le 9 janvier, Christophe Dettinger avait dit "regretter (ses) actes" et demandé un délai pour préparer sa défense. Ce père de trois enfants au casier judiciaire vierge avait expliqué avoir eu un accès de colère après avoir "vu des gendarmes matraquer un jeune homme et une femme au sol".

Incarcéré depuis ce jour-là, il comparaîtra détenu. La cour d'appel de Paris a rejeté fin janvier une demande de remise en liberté, à laquelle s'opposait le ministère public en raison de la "personnalité extrêmement inquiétante et dangereuse" de cet homme "parfaitement impulsif et totalement déterminé à commettre des actes violents".

- "Interpellation politique" -

Deux jours plus tard, ce sera au tour d'Eric Drouet, 33 ans : le chauffeur routier de Seine-et-Marne, devenu un des visages du mouvement social, sera jugé vendredi matin pour "organisation d'une manifestation sans autorisation préalable", un délit passible de six mois d'emprisonnement.

Il avait été interpellé le 2 janvier, alors qu'il était non loin des Champs-Elysées, trois jours avant l'acte 8. Lui a affirmé qu'il devait juste rencontrer d'autres "gilets jaunes" pour un "rendez-vous au restaurant". Au sortir de sa garde à vue, il avait dénoncé une "interpellation politique" et une volonté de "bâillonner" la contestation, avant de saisir le Défenseur des droits.

Eric Drouet avait déjà été interpellé le 22 décembre 2018, durant l'acte 6 des "gilets jaunes" dans la capitale et sera jugé le 5 juin pour "port d'arme prohibé", en l'occurrence un bâton.

Régulièrement sollicité par les médias, il se défend d'être un leader du mouvement, mais ses prises de parole, qu'il diffuse lors de Facebook Live souvent réalisés depuis la cabine de son camion, sont très écoutées. Pour beaucoup, il est le garant de l'indépendance du mouvement contre les récupérations politiques.

C'est lui qui avait créé l'événement Facebook "Blocage national contre la hausse des carburants" le 17 novembre, sans savoir qu'il déclencherait un mouvement de contestation inédit, devenu la plus grave crise du mandat d'Emmanuel Macron.

Personnage controversé, relayant parfois des propos complotistes, niant avoir voté pour l'extrême droite, il avait été accusé d'appeler au putsch lorsque, lors d'un débat où on lui avait demandé ce qu'il comptait faire si la manifestation arrivait devant l'Elysée : il avait alors répondu : "On rentre dedans". Des propos qu'il avait relativisés dès le lendemain.

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