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France: un député interrompu par des propos racistes à l’Assemblée nationale, l'élu en cause écope d'une exclusion

Emoi et indignation des députés à l'Assemblée: la séance des questions au gouvernement a dû être arrêtée jeudi après une interpellation jugée raciste lancée dans l'hémicycle par un élu du RN, le Rassemblement national (ancien Front national, extrême droite). La sanction est tombée dans l'après-midi: le député du RN est exclu pour 15 jours.

Lors d'une intervention du LFI Carlos Martens Bilongo, noir et d'origine congolaise, sur le "drame de l'immigration clandestine", le député RN Grégoire de Fournas a lancé "qu'ils retournent en Afrique" ou "qu'il retourne en Afrique".

A 16H55, après quelques minutes de confusion, la présidente de l'Assemblée Yaël Braun-Pivet a mis fin à la séance alors que restaient plusieurs interventions programmées, "compte tenu de la gravité des faits" et de "l'émotion légitime" de l'Assemblée. De telles interruptions de séance sont rarissimes.

Le groupe RN affirme que le député de Gironde parlait d'un "bateau" de migrants mentionné dans la question, et "en aucun cas" de M. Martens Bilongo, un élu du Val-d'Oise. "Nous sommes en face d'une manipulation de La France insoumise qui cherche à dénaturer mes propos pour me faire tenir des propos dégueulasses vis-à-vis d'un collègue député français de la Nation qui a la même légitimité que moi sur ces bancs", s'est défendu Grégoire de Fournas devant la presse.

Carlos Martens Bilongo s'est dit lui "tellement triste": "C'est honteux d'être renvoyé à sa couleur de peau aujourd'hui".

"Le racisme n'a pas sa place dans notre démocratie", a réagi la Première ministre Elisabeth Borne, en indiquant que "naturellement", le bureau de l'Assemblée nationale "devra prendre des sanctions".

"Aujourd'hui l'extrême droite a montré son vrai visage", a estimé de son côté la présidente du groupe insoumis à l'Assemblée Mathilde Panot. "Nous allons demander la sanction la plus forte, l'expulsion pour plusieurs mois" de ce député.

"Déchéance" 

Le patron de LFI Jean-Luc Mélenchon a réclamé sur Twitter la "déchéance et l'exclusion de l'injurieur".

Dans le camp présidentiel, le groupe Renaissance "ne siègera pas" avant une sanction lourde contre le député RN, a indiqué son vice-président Sylvain Maillard. "Ils ont beau mettre des cravates (...) C'est un mouvement profondément raciste. Leur dignité, ç'aurait été de le faire sortir".

La sanction: 15 jours d'exclusion

L'Assemblée nationale a exclu vendredi pour 15 jours le député RN Grégoire de Fournas. Les députés se sont prononcés par un vote assis-debout, après une réunion du bureau de l'Assemblée, sa plus haute instance collégiale, qui avait proposé à l'unanimité cette sanction, la plus sévère possible pour un député. Les élus RN avaient quitté la réunion prématurément.

Un coup pour la politique de dédiabolisation du parti

Depuis l'élection inédite de 89 députés RN à l'Assemblée, le groupe de Marine Le Pen s'était astreint à jouer la carte de la dédiabolisation. C'est-à-dire éviter les positions racistes habituellement utilisées à l'extrême droite.

Il n'a toutefois pas évité les polémiques, comme lorsque le doyen d'âge José Gonzales avait d'entrée fait l'éloge de l'Algérie française de son enfance le 28 juin, ou lors d'une récente séance houleuse où deux députés RN avaient traité le ministre de l'Economie Bruno Le Maire de "lâche" et le ministre de l'Education Pap Ndiaye de "communautariste".

Ces invectives avaient donné lieu à des sanctions de la présidente de l'Assemblée nationale, sanctions qui doivent elles aussi faire l'objet d'un débat en bureau de l'institution.

Viticulteur dans le Nord Médoc, Grégoire de Fournas exerce son premier mandat, à 37 ans. Il n'avait pas fait de vague jusqu'ici au Palais Bourbon, où il siège à la commission des Affaires économiques.

Le ministre de l'Intérieur favorable à la démission

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a jugé vendredi que Marine Le Pen et Jordan Bardella étaient "complices" des propos considérés comme racistes de l'élu RN Grégoire de Fournas jeudi à l'Assemblée nationale, se disant favorable à sa démission.

"J'espère que le bureau de l'Assemblée nationale prendra la décision la plus forte pour sanctionner ce député. Je pense que la question de sa démission se pose pour lui", a estimé M. Darmanin sur BFMTV et RMC, ajoutant qu'il signerait une pétition du groupe Renaissance réclamant son départ.

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