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En Picardie, François Ruffin en campagne au bistro pour les classes populaires

Bistros, kermesses, fanfare: dans la première circonscription de la Somme, le député sortant François Ruffin (LFI) veut mobiliser les classes populaires, misant sur "le fond rouge" d'un territoire où Marine Le Pen est pourtant arrivée en tête au premier tour la présidentielle.

Le bar-tabac du village de Condé-Folie (Somme), le "Café de l'avenir", a fait le plein pour la visite du trublion de l'Assemblée nationale, figure médiatique, candidat à sa réélection.

Assis sur un tabouret de bar, au milieu des habitants, François Ruffin se lâche sur le pouvoir d'achat: "Est-ce que vous pouvez compter jusqu'à trois ? Un, deux, trois... Ça fait 10.000 euros pour Jeff Bezos !" le fondateur d'Amazon.

"Les petits paient pour les gros alors qu’ils faudrait que les gros paient gros et les petits paient petit", poursuit le député journaliste, fondateur du journal satirique Fakir, qui s'est aussi fait connaître avec son documentaire césarisé "Merci patron!".

Puis le représentant de la Nupes, qui se veut proche du peuple, rappelle ses trois promesses de 2017: "Je me mettrai au Smic, mon mandat sera révocable et je me tiendrai droit pour vous."

La discussion se termine par un "cri de guerre": "C’est nous qu’on va gagner !" Il paie sa tournée. C'est l'heure du tournoi de fléchettes.

- Jongleurs et cracheurs de feu -

Des "bistrot débats" comme celui-ci, François Ruffin dit en avoir organisé une quinzaine. "J’ai une gamme" d'événements pour "combattre la résignation, l'abattement, le découragement", explique-t-il à l'AFP. "Mon adversaire c'est la finance, mais c’est surtout l'indifférence."

Comme pour un spectacle de cirque, une camionnette surmontée d’un imposant ballon rouge a déambulé dans Condé-Folie pour annoncer la rencontre du soir.

"Oyez! Oyez! Ici votre député François Ruffin. Avec le bulletin Ruffin, vous pourrez dire non à Macron", a-t-il lancé dans les rues de ce village de 900 habitants, où Marine Le Pen a fait 60% au deuxième tour.

Outre ces rencontres, le député de 46 ans a aussi mené des "marches contre Macron" avec déambulations carnavalesques, jongleurs et cracheurs de feu.

En 2017, "nous avons gagné en tapant sur des tambours, car la joie de ne pas faire du traditionnel, avec le bon costume et la bonne cravate, suscite de l'intérêt pour la chose publique", veut croire celui qui cultive sa normalité en jean bleu et blouson beige.

En 2019, selon l'Insee, plus de 20% de la population de sa circonscription, touchée par la désindustrialisation avec la fermeture de Goodyear et d'entreprises textiles, avait un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté, contre 14,5% en France métropolitaine.

Huit candidats --dont trois d'extrême-droite ou souverainistes-- se présentent face au sortant dans ce territoire à la fois urbain, périurbain et rural, qui comprend une partie d'Amiens et Abbeville.

- "Français de souche" -

Parmi eux, Nathalie Ribeiro-Billet, du RN, qui s'étonne des méthodes de campagne de M. Ruffin: "Moi, je n’ai pas les capacités d'offrir aux électeurs à boire partout, de leur payer des tours de manège, des crêpes, des concerts..."

Le candidat LREM Pascal Rifflart ironise lui sur une "campagne à l'américaine". "Moi, je ne suis pas un showman, je suis Picard", lance ce médecin généraliste d'Amiens, pendant un porte-à-porte dans les rues pavillonnaires de Camon, village pro-Macron.

"Ruffin n’est pas un mec de terrain. C'est un doux rêveur. Il n’a pas les mains dans le cambouis". Son bilan ? "Je le cherche... Si, il a bousculé la bourgeoisie", poursuit le candidat de 65 ans, qui a créé la polémique en se présentant comme "Français de souche" sur son tract de campagne.

"Des conneries, du parisianisme", balaie-t-il, jurant ignorer la dimension sulfureuse du concept.

Mais "se réclamer Français de souche dans une terre qui a voté massivement Rassemblement national c'est draguer l'électorat des extrêmes", vitupère Pascal Fradcourt, chef d'entreprise de 62 ans, qui se réclame de "la majorité présidentielle".

Lui juge le sortant "inefficace". Un député "aux grilles de votre entreprise à chaque mouvement social ce n’est pas ce qui les attirent sur notre territoire."

François Ruffin se voit "en challenger" de l'élection. "Je ne peux pas être confiant", jure-t-il, malgré "le fond rouge" d'une circonscription qui a quasiment toujours été à gauche.

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