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Escrime: les patrons français de l'épée sont de retour en mode destructeur

De retour en mode destructeur: les épéistes français ont broyé un à un leurs adversaires lundi pour reconquérir le titre de champion du monde à Budapest, un sacre qui fait un bien fou à la tête après des mois de doute.

En finale contre des Ukrainiens accrocheurs, Daniel Jerent, en difficulté sur ses deux premiers relais, a ramené le score à 35 partout, avant que le "Bulldozer" Yannick Borel ne se mette en marche et ne plie la partie, 45 à 37.

"On s'est posé la question, parce que +Dani+ était fatigué. Il nous a dit +Non je veux tirer mon match, chercher mes touches+. C'est ce qu'il a fait. J'avais confiance, je savais qu'il allait le faire. Dans ma tête, j'arrive en confiance", a expliqué Borel en zone mixte après le nouveau sacre.

"Je me dis qu'à 35 partout, il y a de la place, dix touches. J'étais mort de faim, il fallait me passer sur le corps pour me chercher cette médaille. Je crois que c'est moi qui suis passé sur lui," a ajouté le Guadeloupéen de 30 ans.

En remontant jusqu'en 1990, l'épée masculine française par équipes compte désormais douze titres et vingt podiums mondiaux, trois titres et cinq podiums olympiques.

Des chiffres qui en font l'arme la plus forte de l'escrime française, celle de la reconquête aux Jeux olympiques en 2016 à Rio, la seule en or après le zéro pointé de Londres en 2012.

Mais le titre de Budapest conquis par Borel, Jerent, Ronan Gustin et Alexandre Bardenet, est plus qu'une ligne à un immense palmarès: il a une saveur très particulière, celle de la renaissance après de très longs mois de résultats en berne.

- Touchés aux Championnats d'Europe -

"C'est ce que l'on a cherché pendant toute la saison, la victoire. Et puis finalement, cette victoire, on l'a en fin d'année, pour le titre de champion du monde", a souligné Stéphane Le Roy, l'entraîneur des épéistes, ému aux larmes.

En l'espace de deux rencontres maîtrisées et dominées de la tête et des épaules contre la Corée du Sud en quarts de finale (45-28) puis la Suisse en demi-finales (45-27), ils ont rangé dans le placard des mauvaises archives les 12 mois écoulés, notamment une 11e place aux Championnats d'Europe.

"Ça nous a touchés. Pendant toute la saison, on a été en difficulté, mais je pense que toute cette difficulté, ça nous amène à être en finale. C'est tout le travail et le questionnement que l'on se pose, entraîneurs et athlètes, et l'échange", a ajouté l'entraîneur.

L'équipe a été privée pendant douze mois de Daniel Jerent, en raison d'une procédure de l'antidopage le visant et de trois manquements aux obligations de géolocalisation pour des contrôles inopinés sanctionnés de douze mois de suspension.

Présent de toutes les aventures européennes, mondiales et olympiques de 2013 à 2017 inclus, le Guadeloupéen de 28 ans est un pilier du groupe et a cruellement manqué en cours de saison.

De retour après avoir rongé son frein, il a plus fait qu'encourager ses partenaires d'aventure, en donnant de la voix pour les consignes depuis les tribunes pour les épreuves individuelles.

"Il aime ça, il aime l'escrime et ce qu'il fait. Et puis ça se voit. Redécouvrir ce monde-là, c'est magique! Ça ne peut être que positif", souligne Stéphane Le Roy.

"Il y a une très bonne communication entre nous, on fait des debriefings après les rencontres, des briefings avant. Pendant, on s'est dit que peu importe celui qui dit le message, l'important c'est que le message doit passer", conclut-il.

Les épéistes apportent la deuxième médaille d'or à la France lors de ces Mondiaux après le titre du fleurettiste Enzo Lefort, et la troisième médaille en tout, avec l'argent de Pauline Ranvier.

Mardi en clôture, les sabreuses tenantes du titre, et les fleurettistes, champions d'Europe il y a un mois, tenteront d'apporter un final en apothéose.

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