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Espagne : la voie semble s'ouvrir pour une reconduction de Sanchez

Après des jours de poker menteur, la voie paraissait finalement s'ouvrir en vue de la reconduction au pouvoir du socialiste espagnol Pedro Sanchez, le chef du parti de gauche radicale Podemos ayant accepté de faire un pas de côté.

M. Sanchez avait martelé jeudi que l'entrée de Pablo Iglesias au sein de son gouvernement était le principal obstacle à un accord entre les socialistes et Podemos.

Le chef du gouvernement sortant s'était expliqué en évoquant leurs profondes divergences notamment sur la Catalogne, une région dont la tentative de sécession en 2017 a provoqué l'une des pires crises politiques du pays.

Dans une vidéo diffusée vendredi sur son compte Twitter, Pablo Iglesias, un ancien professeur de sciences politiques, a déclaré qu'il ne serait pas "l'excuse pour que le Parti socialiste ne fasse pas ce gouvernement de coalition".

Avant d'exiger que "le Parti socialiste ne mette pas d'autre vetos et que la présence de Podemos dans le prochain gouvernement soit proportionnelle à ses voix et que Podemos propose logiquement" ses ministres. Le nom de sa compagne et numéro deux du parti, Irene Montero, est évoqué.

Cette décision de Pablo Iglesias pourrait ouvrir la voie à une reconduction au pouvoir de Pedro Sanchez par le Parlement la semaine prochaine alors que près de trois mois après les législatives du 28 avril, le spectre d'une poursuite de l'instabilité politique planait toujours sur l'Espagne.

"Nous pouvons arriver à un accord, sans vetos, ni choses imposées", a réagi un porte-parole du Parti socialiste, contacté par l'AFP. Sanchez "écoutera les propositions (de Podemos) et choisira l'équipe", a-t-il ajouté, en assurant que la priorité des socialistes était d'avancer sur un programme commun avant de parler des membres du gouvernement.

- Pas de majorité absolue -

Vainqueur des élections, le socialiste ne dispose que de 123 sièges sur 350 à la chambre des députés.

Il a donc absolument besoin de l'appui des 42 députés de Podemos, et de celui de plusieurs partis régionalistes, pour être reconduit à la tête du gouvernement.

Un premier vote des députés aura lieu mardi mais il requiert une majorité absolue, que Pedro Sanchez ne semble a priori pas en mesure d'avoir.

Si Podemos le soutient, il devrait pouvoir en revanche disposer de la majorité relative, suffisante au cours d'un deuxième vote prévu pour jeudi.

M. Sanchez pourrait toutefois avoir aussi besoin de l'abstention d'une partie des indépendantistes catalans, ce qu'il aurait aimé éviter. Il a pour cela appelé les conservateurs du Parti populaire et les libéraux de Ciudadanos à faciliter son investiture en s'abstenant mais ces derniers ont refusé.

La date-butoir pour l'investiture est fixée au 23 septembre. S'il n'est pas investi à cette date, de nouvelles élections seront convoquées pour novembre.

- Négociations -

Depuis le début des négociations, Podemos exige d'entrer au gouvernement.

Après avoir opposé une fin de non-recevoir, M. Sanchez a lâché du lest ces derniers jours en acceptant la nomination de ministres issus du parti de gauche radicale, mais au profil plus technique que politique.

Il avait en revanche opposé un veto total à Pablo Iglesias. "Un gouvernement incluant Iglesias serait paralysé" par ses "contradictions internes", a-t-il expliqué.

L'historique des relations entre les deux formations et les deux hommes est chaotique.

L'an dernier, Podemos a permis l'accession au pouvoir de Pedro Sanchez en soutenant sa motion de censure contre le conservateur Mariano Rajoy.

Mais en 2016, le socialiste avait tenté sans succès de négocier un accord avec ce parti pour devenir chef du gouvernement. Podemos avait ensuite voté contre l'investiture du socialiste, soutenu par les libéraux de Ciudadanos. Le blocage avait entraîné de nouvelles élections.

Politologue à l'université de Saragosse, Cristina Monge pense qu'un accord entre Pedro Sanchez et Podemos finira par se concrétiser et ne veut pas croire cette fois à un nouveau scrutin.

"On ne peut rien exclure mais je pense que personne n'y a intérêt. D'une manière ou d'une autre, ils parviendront à un accord", souligne-t-elle.

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