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Européennes: le RN de Marine Le Pen bat la liste de Macron, les écologistes créent la surprise

Le Rassemblement national (RN) de Marine Le Pen est arrivé en tête dimanche des élections européennes en France, devançant légèrement la liste soutenue par le président Emmanuel Macron, qui échoue dans son objectif de remporter le scrutin, selon les premières estimations, avec une troisième place surprise pour les écologistes.

La liste Rassemblement national, arrivée légèrement en tête des élections européennes dimanche devant celle soutenue par Emmanuel Macron, donne une victoire au goût de revanche à Marine Le Pen qui renaît de ses cendres présidentielles et s'installe comme première opposante au chef de l'Etat.

La liste conduite par Jordan Bardella devance celle de Nathalie Loiseau de 1 à 2 points, selon les estimations des instituts de sondage.

"Le peuple français a infligé une sanction claire ainsi qu'une leçon d'humilité au président de la République", a déclaré la tête de liste Jordan Bardella pour qui "c'est (Emmanuel Macron) et sa politique qui sont rejetés". Il s'exprimait devant les militants réunis à Paris qui sautaient de joie et lançaient "on a gagné".

Marine Le Pen a pour sa part appelé Emmanuel Macron à "dissoudre" l'Assemblée nationale.

Dans un contexte de participation plus élevée, "les électeurs de Marine Le Pen se sont mobilisés parce qu'ils savaient que c'était une possibilité de prendre une revanche, symbolique, sur la présidentielle", où Marine Le Pen a été battue par Emmanuel Macron, à 66% contre 34%, après un débat jugé calamiteux, explique le politologue Jean-Yves Camus.

Le parti d'extrême droite a réussi à mobiliser au-delà du premier tour de la présidentielle, où elle avait obtenu 21,3% des voix, mais pas autant qu'aux dernières européennes en 2014 (24,86%).

Il devient une nouvelle fois le premier parti français au Parlement européen, où il entend y piloter, avec la Ligue italienne, un "super groupe" de partis nationalistes et eurosceptiques.


Effet "gilets jaunes"

Cette victoire conforte Marine Le Pen dans son rôle de première opposante, même si au Parlement, le premier parti d'opposition reste LR qui, lui, ne franchit pas la barre des 10%.

De village en village, misant sur la "proximité" d'avec la France des "oubliés", la cheffe du RN et son fidèle lieutenant Jordan Bardella n'ont cessé de pilonner leur adversaire Emmanuel Macron, confronté avec les "gilets jaunes" à la pire crise de son quinquennat, jusqu'à l'inviter à "partir" en cas d'échec, se faisant ainsi l'écho des "Macron démission" entendus sur les ronds-points.

Cette élection est une "forme de traduction politique de ce qu'on a vu à l'occasion des gilets jaunes, à savoir que si vous vous sentez proche des gilets jaunes, vous votez massivement pour le RN", explique Brice Teinturier directeur général délégué de l'institut Ipsos.

"La crise des gilets jaunes et l'installation d'un match par Emmanuel Macron et par Marine Le Pen a contribué à installer la liste de Jordan Bardella comme principal réceptacle de la colère et du vote anti-Macron", ajoute Jérôme Fourquet directeur du département opinion de l'institut Ifop.

En théorisant le clivage "progressistes" contre "nationalistes", miroir de celui entre "mondialistes" et "nationaux" de Mme Le Pen, en s'impliquant dans le grand débat puis dans la dernière ligne droite de la campagne, Emmanuel Macron a "concentré sur lui beaucoup d'attentes" et en même temps "mobilisé l'électorat RN qui veut lui faire mordre la poussière", analyse Jérôme Sainte-Marie, président de l'institut Pollingvox.

Marine Le Pen a elle aussi assumé ce duel, exacerbant l'enjeu en plaidant pour un "vote utile" contre "la politique de Macron" et "l'Europe de Macron".


Bonne surprise pour les écologistes, claque pour les Républicains et la France Insoumise

Les écologistes d'Europe Ecologie-Les Verts sont la principale surprise du scrutin, en arrivant troisièmes selon les instituts, entre 12 et 12,7%.

Autre surprise de taille: les Républicains emmenés par François-Xavier Bellamy obtiennent leur pire score de l'histoire de la droite, tombant sous la barre des 10% (8% à 9%), très loin du score de l'UMP en 2014 (20,81%). L'échec est cinglant également pour la liste de la France Insoumise (LFI) emmenée par Manon Aubry, qui navigue selon les estimations entre 6 et 7%, très loin du score réalisé par Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle (19,58%).

Quant à l'alliance Parti-Socialiste-Place Publique menée par Raphaël Glucksmann, elle recueille également entre 6 et 7%, là aussi son plus mauvais score à des européennes, mais qui lui permet néanmoins de garder des eurodéputés.

Les autres listes ont obtenu moins des 5% nécessaires pour envoyer des représentants au Parlement européen. Un nombre record de 34 listes, dont deux listes issues des "gilets jaunes", concouraient à cette élection qui renouait avec une circonscription nationale unique.


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